D'abord, joyeuses fêtes de Noël pour vous et vos proches dans cette triste actualité !

662 ème jour de guerre en Europe.

1/Sale coup pour la République ; 2/La mèche longue de la crise en Macronie ; 3/Marine Le Pen aux portes du pouvoir ; 4/La Gauche au pied du mur ; 5/Netanyahou-Iran entre trêve ou embrasement ; 6/Poutine contre-attaque ; 7/Vous avez dit Depardieu ?

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1/ Sale coup pour la République

La loi sur l'immigration inspirée par le RN, votée par le RN, est une défaite morale. Je n'aurais jamais cru possible que la thèse centrale du Front National - la préférence nationale - puisse être inscrite dans notre droit à propos de l'immigration grâce à la Droite, avec la complicité de Renaissance et du président Macron. Et dire que la Gauche a prêté la main à cela en défendant la motion de renvoi, elle savait qu'elle ouvrait la voie au texte du Sénat. Elle a joué à la roulette russe, le barillet chargé. Il fut un temps où la Gauche aurait quitté la commission mixte paritaire pour dénoncer le coup de force contre la République. Passons ! La fin de l'automatisme du droit du sol, les aides sociales délivrées non au nom du travail mais de la nationalité, et l'AME (plus tard dans le deal) sont les manifestations d'une défaite idéologique en rase campagne qui confirme au Parlement la poussée nationaliste dans l'opinion. C'est un sale coup pour la République !

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2/ La mèche longue de la crise en Macronie

La Macronie se brise. Soixante parlementaires n'ont pas voté pour, le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, démissionnant pendant que Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée, tord le nez. Le président de la Conférence des Évêques prend poliment ses distances, l'intersyndicale unanime, quarante-cinq associations condamnent, et la presse internationale estime Macron comme grand perdant. Le président de la République, qui avait fait de son opposition à l'extrême-droite la base de son vote utile, fait voter un texte qui l'installe. 'Du Barrage au naufrage', titre le journal 'La Marseillaise'. Un texte honteux au regard des principes républicains qui ne règle ni le problème des OQTF ni de l'asile. En ce domaine, le récent pacte européen sur l'immigration est beaucoup plus productif. Quant au mot 'intégration', c'est devenu une langue morte. Toutes les explications du monde ne peuvent gommer ces faits. Le président Macron a préféré le texte de la droite sénatoriale, aligné sur l'extrême-droite pourtant détricoté à l'Assemblée par les siens, plutôt que de retirer son texte battu. Bravache, il ne supportait pas une Assemblée qui lui manque en votant le rejet. Toujours ce caractère ombrageux, un tantinet prétentieux, et cette peur maladive d'apparaître faible, quitte à pactiser avec le diable. Ce sera lourd à porter dans son bilan. Cela ruine son 'en même temps' déjà très ébréché. Macron n'a pas de solution de rechange puisqu'il refuse l'union nationale, de cohabiter, ou tout simplement la coalition. Il ne veut pas dissoudre non plus. Il veut gouverner seul et souhaite garder les 'prérogatives' d'un pouvoir devenu minoritaire. Bien sûr, Macron, Élisabeth Borne, Édouard Philippe tentent de sauver les apparences. Si Édouard Philippe reconnaît le joli coup tactique du RN, Macron l'évacue dans une formule d'un autre temps, une 'Manœuvre de Garçon de bain'. Voilà qui est révélateur de l'impact du vote avec et pour l'idéologie du FN. Mais il faut bien se sortir de la nasse. Le président le tente par le mépris. Il lui sera maintenant difficile d'agiter la menace de l'extrême-droite dans les élections à venir. Son deuxième quinquennat tourne au désastre tant du point de vue de la politique étrangère que sur le plan national.

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3/ Marine Le Pen aux portes du pouvoir

Sous l'œil goguenard de Marine Le Pen, assise mutique à son banc à l'Assemblée, la Macronie a été prise au piège. En votant le texte de la droite sénatoriale et des Macronistes, la leader de l'extrême-droite joint le fond et la forme. Et le président de la République se retrouve dans un corner. M. Le Pen s'avère meilleure tacticienne parlementaire que candidate à l'élection présidentielle. Elle renvoie au passage Bardella dans les cordes, lui qui n'était pas sur cette ligne le matin même. Mais c'est la route vers l'échéance présidentielle qui est maintenant dégagée. L'extrême-droite devient le débouché politique de la poussée nationaliste, visible dans tous les sondages et les débats. Marine Le Pen s'est banalisée alors qu'une majorité parlementaire se droitise. 'Le pouvoir se conquiert sur le terrain des idées', disait A. Gramsci. Et ce texte législatif donne le pouvoir idéologique à l'extrême-droite, non seulement sur une gauche politiquement désaxée, mais sur une République idéologiquement désarmée. Quant à la droite, elle est maintenant sans identité propre. Elle est partie prenante de l'axe national populiste du nationalisme d'exclusion, dominée électoralement et politiquement par l'extrême-droite. Elle saborde la dernière digue qui lui permet de faire front républicain lors des seconds tours. Une recomposition est en marche à droite, dont l'extrême-droite est l'épine dorsale. Seul l'hubris de J. Bardella ou l'inéligibilité de Marine Le Pen semblent pouvoir faire obstacle à la marche inexorable de l'extrême-droite au pouvoir. Le but est vide devant Marine Le Pen. Il n'y a plus de défense ni de gardien de but, pendant que les supporters estiment que le match est plié et quittent les gradins.

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4/ La Gauche au pied du mur

La gauche est au pied du mur. Une mèche longue a été allumée dans la majorité. La fronde a éclaté sans se cristalliser. Chaque député ayant refusé de voter le texte soutenu par 'son' président se réveille tout à la fois étonné de son courage et pas peu fier de s'être émancipé sur ce sujet. C'est cette déliaison qui est en gestation et devient un fait politique. Les 'Refuznik' du macronisme sont nés et c'est assurément une mauvaise nouvelle pour E. Macron qui a sauvé le texte en disant aux candidats frondeurs "le Conseil constitutionnel va faire le travail à notre place et LR n'aura rien à dire". Franchement, on a rarement fait mieux en termes de duplicité. Et cela fera un argument très présentable pour Marine Le Pen et son référendum en cas d'invalidation des articles. Mais c'est surtout une très mauvaise nouvelle pour Édouard Philippe, qui se voit clairement rejeté à droite et perd potentiellement un quart des parlementaires. Cela donne des idées. Clément Beaune a fait savoir que sa démission a été différée pour des raisons politiques. Il se voit bien comme un acteur majeur de ce nouvel espace. François Rebsamen, avec sa fédération, appelle, lui, à la constitution d'un groupe progressiste au Parlement pour le structurer. Cette nouvelle donne contrarie aussi la stratégie de la Nupes. Celle-ci a non seulement vécu, mais la nature d'une union de la gauche hémiplégique est caduque. Il est maintenant impossible de refuser de voir dans l'électorat de Macron la part qui revient à la gauche. Il y a objectivement une nouvelle donne pour le fameux 'et-et' que je défends, rassemblant les républicains de toutes les rives, les 'malgré nous' du macronisme et du mélanchonisme.

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5/ Netanyahou-Iran entre trêve ou embrasement

Le nombre de morts au Proche-Orient et dans le Donbass est tel que les 14 morts assassinés à Prague par un étudiant passent inaperçus. Quelle époque !

Lorsque Mary Golan, la ministre de la promotion de la condition féminine israélienne, déclare sur CNews le 20 décembre : "Je m'en fiche de Gaza... peu importe. Ils peuvent sortir et nager dans la mer", on est horrifié et on mesure le degré de haine qui s'est emparé non seulement de l'extrême-droite mais de certains Israéliens. C'est cela le concept de Massada, mais cela fait beaucoup de morts. En résonance avec cet état d'esprit, Netanyahou n'en démord pas. Le massacre des Gazaouis ne sont pour lui que les victimes collatérales de la volonté de briser le Hamas.

La communauté internationale multiplie les réprobations. On doute ici et là du but de guerre israélien, tant les populations civiles sont touchées. L'ONU demande une commission d'enquête pour crime de guerre, évoque les risques de famines et vote une aide humanitaire urgente à grande échelle sans le veto des États-Unis. Les journaux libéraux ou de gauche israéliens multiplient les témoignages mettant en cause les conséquences de l'abaissement des mesures de précaution de l'armée israélienne.

"Il faut une victoire", dit B. Netanyahou devant les familles des soldats tués à Gaza. Mais les chefs militaires du Hamas demeurent introuvables tout autant que les otages détenus par lui. Alors, le Premier ministre israélien a la tentation de durcir à Gaza et d'élargir le conflit. Il menace le Hezbollah au Liban, couvre de plus en plus clairement les exactions des colons en Cisjordanie, et espère que les bombardements des Houthis dans le détroit d'Ormuz sur les bateaux commerciaux provoqueront une coalition internationale.

De son côté, l'Iran agite le Hezbollah, le Hamas et les Houthis pour tester la solidarité américaine avec l'État d'Israël. Nous sommes au bord de l'embrasement sur les 3 fronts. Mais la question des otages devient, en Israël même, une donnée majeure. Un mouvement pour la paix se développe en ce sens. Netanyahou et l'Iran vont devoir trancher : étendre le conflit ou une trêve humanitaire de 8 ou 15 jours pour récupérer 60 otages et libérer de très nombreux prisonniers. C'est en tout cas la demande insistante de Biden et des États-Unis, qui commencent à s'impatienter. Un bras de fer en enfer.

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6/ Poutine contre-attaque

Le dictateur du Kremlin, en campagne pour sa réélection qu'il veut plébiscitaire pour sa politique, ouvre un nouveau front. Poutine voit dans l'adhésion de la Finlande à l'OTAN une nouvelle agression, une nouvelle tentative d'encercler la Russie. Il oublie au passage que c'est "sa" guerre en Ukraine qui a provoqué un tel mouvement. Il masse des troupes à la frontière, hausse le ton envers l'OTAN. Il s'agit à cette étape de gesticulations, d'une instrumentalisation et d'une diversion, mais l'engrenage est toujours possible.   

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7/ Vous avez dit Depardieu ?

"G. Depardieu rend la France fière", selon les dires d'E. Macron lors de son émission fleuve sur France 5. Lui qui a placé son deuxième mandat sous l'égide des droits des femmes les ignore dans son analyse. Pourtant, les propos graveleux de l'acteur sont en soi indéfendables, mais à l'époque de la révolution féministe, c'est impossible. Ce qui n'a rien à voir avec les accusations en cours, ni le fait qu'il soit un très grand acteur. Depardieu, c'est les valseuses égarées à l'époque de #MeToo. Alors, la sentence un peu lunaire du président, au regard du combat des femmes contre le harcèlement et les agressions sexuelles, vient comme souligner symboliquement une certaine déconnexion.

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