700ème Jour de Guerre en Europe

1/À gauche, comme un commencement ; 2/Macron, leader de la deuxième droite ; 3/Le deal Macron-Dati ; 4/Et Trump s'impose chez les Républicains ; 5/La guerre qui vient ; 6/Le piège Netanyahou ; 7/L'AOC de droite en matière d'éducation ; 8/La bombe à retardement agricole ; 9/À droite toute, Bruno Le Maire sabote la transition écologique.

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1/À gauche, comme un commencement

À l'occasion de la sortie en librairie du Programme Fondamental "Le Pouvoir d'Agir", Le Laboratoire de la social-démocratie a organisé une conférence de presse à l'Assemblée nationale. J'y ai développé trois idées :

  1. Le renouveau doctrinal de la gauche est essentiel à la construction d'un nouveau cycle. Le texte que nous avons produit marque une double rupture, tant avec le social-libéralisme qu'avec le populisme de gauche. Il s'agit de bâtir une démocratie sociale-écologique.
  2. La stratégie nouvelle doit rompre avec la seule vision de l'union de la gauche. La fin du "en même temps" macroniste et l'avènement d'une nouvelle droite avec le Gouvernement Attal libère la gauche macroniste, comme le refus de vote sur l'immigration l'a démontré. J'ai lancé un appel à la gauche macroniste et aux déçus du mélenchonisme pour construire ensemble un grand parti de la gauche responsable, seul capable de répondre aux problèmes actuels et de stopper ou contrer l'extrême-droite.
  3. Enfin, nous avons indiqué notre soutien à Glucksman pour les élections européennes. Membre du groupe PSE au Parlement européen, il est le trait d'union entre l'actuelle majorité socialiste crypto-Nupes, les sociaux-démocrates de l'intérieur et de l'extérieur du PS, et la société civile macronienne (Cohn-Bendit, Goupil, A. Minc, Attali), prémices du nouveau rassemblement que Le Laboratoire de la social-démocratie veut aider à construire.

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2/Macron, leader de la deuxième droite 

Emmanuel Macron aime les discours, surtout les discours à la Nation. Ils sont innombrables, de factures inégales, et répondent à la nécessité du moment, sachant que chez lui, un discours chasse l'autre. Le dernier, sous forme de conférence de presse, a eu pour slogan "Pour que la France reste la France", slogan de Wauquiez repris par Zemmour. Non content de cet emprunt à la droite dure, le président a emboîté le pas de la droite libérale avec la décision de relever les seuils sociaux et d'abaisser les normes sociales. Ainsi, Macron n'a pas refait la Nation, mais la droite. Le président a coché toutes les cases symboliques de celle-ci. Pour le reste, un tantinet de travail - famille - patrie, relooké. Il ne regrette rien, ni pour hier, ni pour demain. Quant au réarmement civique et à la régénérescence, c'est lui. Macron a remis l'église au milieu du village et a tenté de fixer un cap à sa majorité asséchée par la droite et l'extrême droite. Voilà l'objet réel d'une conférence de presse, fleurant bon l'ORTF d'antan. Si le nombre de Français devant leur écran n'était pas totalement un succès, 6 Français sur 10 ne l'ont pas trouvé convaincant.

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3/Le deal Macron-Dati

On le pressentait. Cela est maintenant confirmé. L'entrée de Rachida Dati au Gouvernement Attal s'accompagne d'un deal entre le Président et l'ancienne ministre de Sarkozy pour la Mairie de Paris et sur le mode de scrutin lors des élections municipales de Lyon, Marseille et Paris. Il s'agit de promouvoir une élection au suffrage universel censée faciliter l'opposition à la Gauche régnante et réduire l'influence des mairies d'arrondissements. Il s'agit d'un pari audacieux car la modification du mode de scrutin ne profite pas à ceux qui la mettent en place. On se souvient de la réforme Deferre censée faire battre Chirac et qui en triompha. Est-ce un bon calcul pour Rachida Dati qui va cumuler le rejet sociologique de la droite à Paris au rejet politique du macronisme ? À moins qu'elle ne soit en tête, une fois votée la réforme, de se saisir d'un prétexte pour démissionner du Gouvernement. Cela n'étonnerait personne. Et si ce n'était pas le cas, Emmanuel Macron a liquidé les macronistes parisiens sur l'autel de la droitisation de son Gouvernement. Ajoutons enfin que ce nouveau mode de scrutin, comme dans toutes les villes, profite aux maires sortants. Là encore, il s'agit d'un pari audacieux. Mais Macron s'en moque, lui qui est adepte du "Take the money and run" cher à Woody Allen.

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4/ Et Trump s'impose chez les Républicains

Donald Trump a remporté le premier tour des primaires, reléguant loin derrière le Gouverneur du Texas, De Santis, dont la particularité est de mener une campagne plus à droite que Trump, mais avec le soutien implicite et baroque des médias de la côte Est des États-Unis. Ce résultat confirme la résonance du discours trumpien au sein de la droite américaine. Il écrase la concurrence et rend crédible, sinon certaine, la désignation de l'ancien président. La sortie tardive et frontale de Biden contre Trump entérine ce fait. Seule une décision de justice peut mettre fin à une confrontation Biden-Trump. Mais celle-ci réfléchira à deux fois avant de contrarier une telle évidence. Trump le sait. Le succès dans cet État était décisif pour marquer les esprits, y compris ceux de la justice. Alors, détendu, il s'est permis d'appeler au rassemblement pour faire face aux problèmes du pays. Le monde regarde effaré les États-Unis aller vers l'inconnu, eux-mêmes plongés dans l'inconnu.

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5/La guerre qui vient ?

Après l'armée suédoise qui veut préparer le pays à la guerre avec la Russie, c'est maintenant l'Allemagne qui se prépare. Selon un document de l'armée allemande publié le 16 janvier par le journal Bild, elle évoque la préparation de 120 000 soldats allemands à une intervention contre la Russie. Est-ce la raison qui a conduit le Bundestag à repousser à une écrasante majorité la décision du Premier ministre Scholz de fournir une partie de son stock de missiles Taurus à l'Ukraine ? En tout cas, l'annonce de la mobilisation de 200 000 soldats russes maintient le statu quo sur le front du Donbass. La crise polonaise, le soutien de la Hongrie et de la Slovaquie à Poutine, les difficultés pour obtenir l'accord financier du Congrès américain, et la perspective d'une arrivée au pouvoir de Trump provoquent en Europe le spectre d'une confrontation conventionnelle de la Russie avec l'OTAN. Avant de dire n'importe quoi, il serait nécessaire de réfléchir à deux fois. Car, je le répète, à tout moment, le front de l'Ukraine ou de la Russie peut céder dans le Donbass, ouvrant la voie à une confrontation continentale.

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6/ Le piège Netanyahou

Ne rien dire sur Gaza ou condamner Israël. Netanyahu nous a placés devant cet impardonnable dilemme après la barbarie du 7 octobre. Car personne ne peut applaudir à la situation faite aux Gazaouis sous les bombes, les ruines et l'exode affamé.

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7/ L'AOC de droite en matière d'éducation

Au Gouvernement de droite, réflexe de droite. La ministre assez droitière, "AOC" de l'éducation nationale, a provoqué la première polémique du Gouvernement Attal en s'attaquant à l'école publique, puis en mentant sur les raisons - qui la regardent - de l'inscription de ses enfants à l'école privée Stanislas. C'est ici que se noue le refoulé du Gouvernement sur l'école. Certes, Stanislas est une école catholique conservatrice que l'on aurait caractérisée d'intégriste pour un établissement musulman. Mais c'est surtout un établissement qui pratique l'élitisme bourgeoisavec ses préjugés et ses présupposés. Le premier étant que l'éducation est faite pour sélectionner une élite et non instruire le plus grand nombre. C'est précisément la philosophie de la réforme esquissée par Attal, avec ses classes de niveau, son tri entre bons et mauvais élèves dès le plus jeune âge. Et la ministre est tellement ancrée dans cette culture dominante à propos de l'éducation qu'elle l'affirme de manière décomplexée avant de se raviser.

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8/ La bombe à retardement agricole !

5 000 agriculteurs à Berlin, et il n'en fallait pas moins pour que toute l'Europe tremble. D'abord en Allemagne, où l'on craint la contagion après que le juge constitutionnel a sonné la fin de la recréation des dépenses budgétaires. Mais aussi en Espagne et en Italie, où les agriculteurs sont à cran vu l'effondrement de leurs marges. Mais aussi et surtout en France, où il n'a échappé à personne le couplet insistant du président en direction du monde agricole lors de la conférence de presse. Et voilà les premières manifestations et blocages qui voient le jour dans le Sud de la France. C'est la crise des ciseaux entre une surproduction subventionnée qui ne trouve pas de débouchés aux niveaux souhaités et les coûts de production qui explosent avec l'inflation et surtout le prix de l'énergie. Il y a là une bombe à retardement. Car la marge de manœuvre du Gouvernement est réduite, la fin du "quoi qu'il en coûte" a été actée, la France est sous le regard des agences de notation et des marchés.

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9/ Bruno Le Maire sabote la transition écologique

On se demandait pourquoi Agnès Pannier-Runacher, femme et ministre de la transition écologique, avait été sacrifiée dans le remaniement. Et c'est Bruno Le Maire qui nous en donne la clé en annonçant qu'il ampute le "cap pour sortir des énergies fossiles" de son article 1 et retire les objectifs climatiques et choix énergétiques. Quand on supprime l’article 1, autant dire que l’on supprime le texte en tant que tel. Certes, B. Le Maire veut "son" texte et il a fait céder Macron pour rester. Car il n'était pas possible de vouloir un Gouvernement droitisé et de voir l'un de ses principaux marqueurs le quitter. La droitisation gouvernementale n'est pas seulement une stratégie électorale. C'est une pratique.

A dimanche prochain !

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Le Programme Fondamental 

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