627ème Jours de Guerre en Europe

1/ C'est l'heure des sociaux-démocrates ; 2/ Les contradictions des humanistes ; 3/ Tsahal change de stratégie ; 4/ Marche légitime, présence illégitime ; 5/ Le déclin démocratique ; 6/ Biden battu par Trump ? ; 7/ La victoire idéologique de l'extrême droite ; 8/ Les Évêques contre le droit à l'avortement dans la Constitution ; 9/ La bataille de l'eau

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1/ C'est l'heure des sociaux-démocrates

Amis sociaux-démocrates, réformistes de gauche, radicaux, républicains sociaux, c'est l'heure ! La gauche de gouvernement a rendez-vous avec l' Histoire. Les guerres, les nationalismes, et les dérèglements du monde appellent une réponse. Il ne s'agit plus de critiquer la capitulation devant l'hégémonie culturelle du Mélenchonisme à gauche. Ni de se désoler devant l'irrésistible marche du national-populisme vers le pouvoir. Ou encore de ratiociner que la gauche c'était mieux avant. Mais d'offrir une alternative crédible et solide à ce qui vient. Car derrière la montée des populismes, rançon de 40 ans de libéralisme et d'accumulation de richesse d'un pôle à l'autre de la pauvreté, c'est la France qui est en jeu. Il y a urgence. Il faut bâtir l'union des gauches réformistes-radicales. Jadot et Roussel annoncent que la Nupes est morte. C'est l'évidence. Mélenchon est isolé, et Raquel Garrido, mise au piquet, déclare tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : le problème de LFI, c'est Mélenchon. Elle est immédiatement défendue par Clémentine Autain ou François Ruffin, pendant que ce dernier et Corbière bravent l'interdit en annonçant participer à la marche contre l'antisémitisme. L'appel des écologistes du PCF, du PS et d'une dizaine de forces de gauche démontre qu'une nouvelle union est possible. Il faut maintenant ouvrir une alternative. L'objectif stratégique est une candidature de ce pôle à la présidentielle qui sera déterminante, et pour cela, il faut se poser les bonnes questions. Quel est le nouveau récit que nous voulons écrire ? Quelle stratégie pour l'obtenir ? Qui et comment incarner un nouveau leadership ? Il y a urgence pour que chacun sorte de son couloir et mutualise les forces sans lesquelles il n'y a ni dessin collectif ni destin individuel. Bref, il faut nous coordonner pour offrir un avenir à la France en proie à de nombreux tourments.

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2/ Les contradictions des humanistes

Comment lutter légitimement contre l'antisémitisme ici sans cautionner les morts palestiniens civils là-bas ? Comment ne pas oublier les morts torturés suppliciés du 7 octobre ? Comment garder la mémoire vive de cet instant de barbarie absolue sans pour autant se détourner des morts civiles, enfants et bébés à Gaza et des déplacés vivant dans des camps de fortune ? Et comment s'émouvoir de cela tout en les distinguant ? Comment défendre les populations civiles écrasées de bombes à Gaza sans cautionner les terroristes du Hamas ? Comment défendre le droit d'Israël à se défendre, car on lui promet le cercueil ou la valise, sans légitimer les milliers de morts palestiniens bombardés sans relâche ? Comment défendre des couloirs humanitaires, un cessez-le-feu, qui soit un répit pour les populations civiles sans l'être pour le Hamas ? Comment réclamer un cessez-le-feu sans que le Hamas relâche les otages ? Comment sauver nos otages et les autres sans céder au chantage du Hamas ? Comment soutenir la légitime destruction du Hamas sans cautionner le refus de toute solution politique pour les Palestiniens ? Comment défendre une solution à deux États alors que personne n'en veut sur place ? Voilà quelques contradictions qui se posent à tout humaniste à Paris, Londres, Berlin ou Madrid. La guerre simplifie tout à l'excès. Et la tendance à épouser un camp est grande. On recouvre d'un voile pudique les morts chez les uns et chez les autres puisqu'ils sont déshumanisés. Les excommunications et autres anathèmes vont bon train. On a vite fait de traquer l'ennemi au détriment d'une formule ou de ce qui contrarie. Mais ce campisme ne règle rien là-bas, et ce n'est pas intellectuellement ou moralement satisfaisant ici. C'est déjà ce que dénonçait Albert Camus : "La Casuistique du sang" ou "la rationalité de l'injustifiable". Est-ce une position en surplomb, une posture facile ? L'inverse, c'est vouloir volontairement être aveugle à l'autre et vivre en somnambule enfermé dans une logique. Ce que Camus, encore lui, appelait la violence confortable, c'est-à-dire légitimer par un but qui est insupportable, en l'occurrence la destruction d'Israël et ce que cela veut dire, ou le refus de toute terre pour les Palestiniens et ce que cela produit. Il faut pourtant agir sans s'agiter en tous sens. Il faut trouver notre voie dans un monde qui a changé, où l'occidentalisme est contesté par le Sud Global. Nous ne sommes plus en situation de dominer ou de faire la leçon. Alors la seule solution est d'avoir le courage de dire ce qui est dans chaque séquence de la guerre et de procéder de valeurs et de principes. C'est-à-dire un humanisme radical, pendant du réformisme radical. Et ceci au risque d'apparaître alternativement comme suppôt des uns ou des autres. Ne pas avoir peur de condamner la razzia terroriste du Hamas, la responsabilité de Nétanyahu et de l'extrême droite religieuse, la colonisation en Cisjordanie, les droits de l'homme et surtout des femmes en Iran, l'islamisation du mouvement palestinien, l'impuissance de l'autorité palestinienne, la nature du Hezbollah et du Hamas, s'opposer à la montée effrénée de l'antisémitisme, etc.  l faut, par la même, combattre le deux poids deux mesures et la loi du talion. Et dire oui, l'Europe doit exiger une solution à deux États. Exercer un esprit critique, une juste morale politique, non une posture équilibrée, comme on dit. Car il y a une différence de nature entre une démocratie dévoyée par un gouvernement d'extrême-droite et un mouvement islamiste totalitaire dévoyant la résistance palestinienne. Il faut trouver le chemin d'un mouvement international pour une paix durable, ce qui devrait être l'unique préoccupation du PS et de la gauche. Et dans cette recherche, renvoyer dos à dos en France ceux qui cherchent, dans le soutien aux Français de confession juive et à Israël, un moyen de combattre le prétendu grand remplacement arabo-musulman, et ceux qui estiment que tous les Juifs de France sont les agents d'un gouvernement colonisateur et d'un État - Israël - qui doit être détruit.

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3/ Tsahal change de stratégie

Netanyahou et l'état-major militaire israélien viennent de changer de stratégie. Il ne s'agit plus de laisser faire comme en 2001 avec le Gouvernement Ehud Olmert lors de la guerre civile palestinienne. Ce dernier souhaitait un affaiblissement réciproque et, pour tout dire, la défaite du Fatah face au Hamas. Ce dernier règne aujourd'hui en maître à Gaza, et le Djihad islamiste est dans son sillage. Il ne s'agit pas non plus de la stratégie de la "punition maximale" face à l'agresseur, comme l'opération Paix en Galilée en 1992 (sud Liban), ou l'opération "Rempart" en 2002, "Hiver chaud" en 2008, "Plomb durci" en 2009, "Bordure protectrice" en 2014, etc. La violence atroce de l'incursion terroriste du Hamas remettant en cause "le refuge protecteur d'Israël" a fait passer Tsahal de l'endiguement à la destruction du Hamas. Et pour bien se faire comprendre, Netanyahu a déclaré qu'Israël exercera la sécurité de Gaza, sous-entendu débarrassé du Hamas. Cela veut dire qu'Israël se veut imperméable à toutes pressions extérieures et décidera des moyens de lutte en fonction de son appréciation militaire.

Lorsque j'ai rencontré l'opposant actuel Yair Lapid à Tel Aviv en 2015, il était extrêmement rude sur l'initiative de Jean-Marc Ayrault d'une conférence internationale sur le sujet. "Ce ne sont pas vos affaires. Que diriez-vous si on appelait à une conférence sur la Corse?" On s'était quittés pour le moins fraîchement après ma réponse, "vous bombardez chez vous, nous avons les terroristes chez nous." Et toutes mes rencontres, y compris avec le Parti travailliste, ont eu cette tonalité, à part Ron Huldai, le maire de Tel Aviv, nous nous étions recueillis ensemble devant le monument à la mémoire de Rabin. On imagine évidemment que ce n'est pas aujourd'hui qu'Israël va changer d'attitude.

Le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'école de Guerre, en fait le constat : "Netanyahu montre une intransigeance déraisonnable en refusant les pauses humanitaires." Donc, les dégâts dans la population civile palestinienne vont être colossaux et produiront les nouveaux soldats pour une nouvelle faction acharnée à la destruction d'Israël. L'opération "destruction du Hamas" a sa logique suite à la barbarie subie en Israël. L'issue est évidente : l'appareil militaire du Hamas et l'état-major sur le terrain à Gaza City vont être détruits. Personne n'a imaginé une seule seconde - même pas le Hamas - qu'il pourrait en être autrement. Mais l'offensive va être longue, coûteuse en soldats israéliens, et surtout très difficile à administrer au lendemain de la guerre. Certes, la déclaration de Nasrallah indique pour l'instant que le Hezbollah et l'Iran ne sont pas dans l'optique d'ouvrir un second front. La présence américaine est dissuasive. C'est une indication majeure pour Israël. Certes, les réserves de munitions du Hamas ne sont pas infinies. Pour le reste, là où aucune puissance militaire, ni la France dans la guerre d'Algérie, ni les États-Unis au Vietnam, voire en Afghanistan, n'ont pu durablement l'emporter, il est peu probable qu'Israël impose sa paix armée. Ce qui explique que Netanyahu soit revenu, dans une interview à Fox News, sur sa formule. L'Iran et le Hezbollah ayant indiqué que c'était un casus belli, et les États-Unis ayant manifesté leurs désaccords.

En tout état de cause, pour nous en Europe, si nous n'y prenons pas garde dans nos déclarations et attitudes, c'est l'assurance d'une nouvelle vague terroriste. Et pour une fois, il faut saluer l'initiative française de convoquer à Paris "une conférence humanitaire pour Gaza," qui a levé des fonds bien nécessaires pour les Nations Unies. C'est à la fois juste et peut-être protecteur.                  

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4/ Marche légitime, présence illégitime

Olivier Faure a lancé, après avoir participé aux manifestations pour le cessez-le-feu et les otages, le boomerang de la manifestation contre la montée de l'antisémitisme qui s'est retourné contre lui. Il a d'abord dit oui à la présence du RN dans la manifestation au moment où il annonçait refuser de rencontrer Emmanuel Macron. Le rapprochement des deux était pour le moins invraisemblable. Puis il est revenu sur cette proposition pour se voir imposer une marche organisée par d'autres avec la présence du RN et de Reconquête. On a beau être inconditionnellement pour la lutte contre l'antisémitisme, marcher à côté de l'ancienne vice-présidente du FN au moment des dérapages antisémites de Jean-Marie Le Pen, toujours proche d'Axel Lousteau, de Frédéric Chatillon épinglés pour xénophobie et extrême droite identitaire antisémite, ou de Zemmour condamné pour négationnisme à l'occasion de ses propos sur Pétain protégeant les Juifs, en a refroidi plus d'un. Le 11 février 2015, nous avions réussi à rassembler 4 millions de manifestants sans la présence illégitime du FN-RN, dont Jean-Marie Le Pen a été exclu car lorsqu’on est xénophobe, on est toujours quelque part un peu antisémite.

Jean-Luc Mélenchon a répliqué que cette marche était un soutien inconditionnel aux massacres du peuple palestinien. L'israélo-phobie du leader de la France insoumise est devenue une boussole. Même s'il a en tête la suite électorale à gauche... Il faut être volontairement aveugle pour ne pas voir la montée des actes anti-juifs dans toute l'Europe. Cela ne nous étonne pas, nous l'avions pronostiqué dès le début du bombardement de Gaza touchant des populations civiles. Et lorsque le directeur des renseignements intérieurs allemand s'inquiète publiquement d'un retour du passé, il faut faire barrage. Mais si s'opposer à la montée de l'antisémitisme, c'est soutenir le bombardement de Gaza ; et manifester pour une solution à deux États, un cessez-le-feu, est un soutien au Hamas. Il y a beaucoup à redouter pour la France dans les mois à venir.

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5/ Le déclin démocratique 

Un rapport de l'organisation intergouvernementale IDEA indique qu'un pays sur deux dans le monde est en déclin démocratique. C'est la sixième année de recul. La montée de l'illibéralisme est mondiale, et le nationalisme d'exclusion l'est tout autant. L'affaiblissement des contre pouvoirs, de la liberté de la presse, des droits de l'opposition, de l'état de droit est maintenant une donnée planétaire. La défense de la démocratie est devenue révolutionnaire.

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6/ Biden battu par Trump ?

La situation politique continue de se détériorer aux États-Unis, tandis que la situation économique est incertaine. Un sondage du New York Times a saisi l'Amérique et le monde. Donald Trump est favori dans 5 États clés sur 6 pour l'élection : le Nevada, la Géorgie, l'Arizona, le Michigan, la Pennsylvanie, Biden gardant le Wisconsin. Les sondages CBS donnent Trump vainqueur à 51 % contre 48 %. Et 73 % des Américains estiment que le pays va mal, et ils sont 76 % dans celui d'ABC, tandis que 71 % des électeurs estiment que "Biden est trop vieux pour être un président efficace". Biden est en perte de vitesse dans la jeunesse et les minorités qui contestent le soutien de l'Amérique à Netanyahu. Alors certes, Obama avait ce type de sondages en 2012 avant d'être réélu. Mais la bipolarisation annoncée et le risque de victoire du milliardaire populiste démontrent que l'Amérique n'est pas sortie de sa crise. Ce qui n'est pas sans conséquences dans le monde tel qu'il est aujourd'hui.

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7/ La victoire idéologique de l'extrême-droite

"Loi durcit", c'est ce qui ressort du vote par la majorité de droite au Sénat sur la loi immigration avec trois sujets : une restriction du droit du sol, la fin de l'aide médicale d'État, et un dispositif plus contraignant pour les métiers en tension. Trois mesures devenues la frontière pour la droite et l'extrême droite entre le laxisme migratoire et la fermeté. Qui peut croire qu'il y a un barrage à l'immigration de masse. Le quotidien L'Opinion titre "la victoire idéologique de la Droite", on pourrait même dire de l'extrême droite. C'est tout simplement honteux pour l'image de la France dans le monde. Et surtout à côté de la plaque pour répondre à la pression migratoire.

Pour des raisons électorales, il n'y a pas que Mélenchon qui soit électoraliste, nous aurons le déshonneur et l'inefficacité. Nous verrons ce qui se passera à l'Assemblée puisque le président de la commission des lois, Sacha Houlié, annonce vouloir revenir sur cette concession à l'extrême droite. En espérant que la gauche soutiendra le refus de ces amendements. Car le ralliement de François Patriat et du groupe sénatorial Macroniste au texte modifié laisse sans voix.

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8/ Les Évêques contre le droit à l'avortement dans la Constitution

La Conférence des Évêques vient d'appeler à la mobilisation de tous contre la constitutionalisation du droit à l'avortement. C'est la première fois depuis la loi Savary sur le service unifié de l'école que l'Église appelle ainsi à la mobilisation. Même lors du mariage pour tous, les évêques étaient mollement mis en garde. C'est illustratif des positions des évêques mais signifiant sur ce qui bout dans le pays.

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9/ La bataille de l'eau

Selon le rapport de l'institut World Resources, près d'un quart de la population mondiale est en situation de pénurie hydrique grave. Et 27 pays sont en pénurie hydrique élevée. C'est dire que ce quart de la population mondiale est proche de ne plus voir l'eau sortir du robinet. Il s'agit principalement du Moyen-Orient et de l'Afrique. La bataille de l'eau va commencer, il faut peut-être l'anticiper.A quand une conférence mondiale sur l 'eau ? 

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