655 ème Jour de Guerre en Europe
1. Macron a raison. 2. Vigilance. 3. Trump-Poutine, même combat ? 4. Zelinski dans les cordes, Poutine à la corde. 5. Nupes « light » ou rassemblement de la Gauche non mélenchoniste. 6. Larcher fait du Mélenchon. 7. E Philippe à droite toute. 8. Le séparatisme à l'école. 9. Zone Euro : le pacte de l'instabilité.
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1. Macron a raison
Cap au sud ! C'est le tour de Khan Younès et Rafah. Il s'agit pour Israël d'aller chercher le reste du commandement militaire du Hamas dont les viols sur les otages Israéliennes soulèvent le cœur, et de pousser la population palestinienne vers la frontière égyptienne pour faire sauter le verrou du maréchal Sissi et que ces derniers s'installent dans le Sinaï : politique folle de déstabiliser l'Égypte et de remettre en scène les Frères musulmans qui inspirent le Hamas. Pour les Palestiniens de Gaza, ce serait la deuxième Nakba. En attendant, les conditions de vie des réfugiés sont épouvantables dans le Sud. Toute la presse européenne et américaine dénonce la situation. Et elle va se détériorer. L'Autorité palestinienne, même renouvelée, comme le propose Biden, ne pourra s'installer à Gaza. Car il n'y aura plus rien à administrer. Et Netanyahu, qui ne le veut pas, fait tout pour cela. Dans le même temps, il s'agit de pousser les populations de Cisjordanie en Jordanie. Netanyahou avait déclaré vouloir rebâtir la carte du Moyen-Orient après l'agression barbare du Hamas le 7 octobre. Il le fait quoi qu'il en coûte et il veut le faire vite. Car les conséquences civiles vont être terribles. Le quartier de Chadjaya écrasé sous les bombes en est l'exemple. Une horreur absolue, dit le représentant de l'ONU. L'armée israélienne dit : "Nous envoyons des tracts pour dire aux populations de partir." Mais le Sud est une souricière sans eau, sans tentes, sans protection sanitaire, avec peu de nourriture. La presse européenne multiplie les reportages accablants. Les ONG haussent le ton d'autant qu'elles ont 160 morts. Joe Biden va rapidement être pris en tenaille entre les protestations dans les rangs démocrates et la solidarité inconditionnelle pour Israël. Des sanctions sont déjà ordonnées contre les colons, c'est une première. Pari terrible pour Netanyahou, car rien ne garantit la victoire de Trump et, dans le cas contraire, l'amertume du président américain risque d'être grande. Et si Trump l'emportait sur fond d'une invraisemblable campagne antisémite sur les campus américains ? Personne ne peut dire de quoi sera fait demain dans le troc entre les USA, la Russie et la Chine. Pari terrible du Premier ministre israélien qui espère en tirer profit pour se rétablir dans l'opinion israélienne alors qu'il est aujourd'hui en chute libre. Mais enfin et surtout, pari terrible parce qu'Israël va perdre son statut de victime déjà très ébréché après Sabra et Chatila. Ce préjugé favorable dû à l'Histoire génocidaire à l'encontre des juifs va être relativisé au regard de la situation intolérable, inacceptable, inhumaine faite aux Gazaouis avec leurs milliers de morts. Il suffit de constater le revirement de l'Allemagne sur le sujet des populations civiles. Cette stratégie de nettoyage politique ne règlera rien, car il y a une population arabe en Israël et le désir de vengeance dans les camps de fortune sera à nouveau alimenté dans une situation d'isolement plus ou moins poli d'Israël. Comment, dans ces conditions, les pays qui ont participé aux accords d'Abraham pourraient à nouveau s'impliquer ? Le groupe "The Elders", fondé par Mandela regroupant des "sages", anciens dirigeants internationaux dont Ban Ki-moon, ancien Secrétaire des Nations Unies, vient de lancer un appel aux gouvernements du monde pour "la conditionnalité" de l'approvisionnement militaire. Le piège monstrueux du Hamas, sur 1200 cadavres israéliens, celui du défi du faible au fort, se referme. Et voilà pourquoi, après Pedro Sanchez, Premier ministre espagnol et président de l'International Socialiste, Emmanuel Macron a protesté au nom de la France, estimant à juste raison que ce projet "remodelé" est gros d'années de guerres et d'attentats pour Israël et les juifs dans les années à venir. Ce qui finira par mettre en cause l'Etat d'Israël lui-même.
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2. Vigilance
S'il faut être vigilant et combattre avec fermeté tous les actes et formules antisémites dans notre pays – et ils sont légions –, il faut l'être tout autant avec les actes racistes et antimusulmans, dont le ministre de l'Intérieur, G. Darmanin, dit à Ouest-France qu'ils sont en très forte augmentation.
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3. Trump-Poutine, même combat ?
Poutine, Trump, frères jumeaux de projets. Si Trump joue sur le "América is back", Poutine plaide pour la grandeur de la nation russo-slave : nationalisme médiatique pour l'un, guerrier pour l'autre, et virilisme pour les deux ; et à leur suite une ribambelle de clones, à commencer par Xi Jinping, entonnant la même chanson sur fond d'anti-occidentalisme pour les uns, de supériorité des valeurs occidentales pour les autres. Quand on voit l'extrême droite de l'AFD monter à 25% en Allemagne, on se dit que la vague nationaliste va continuer à monter en Europe. Quel que soit l'endroit où l'on pose son regard, on substitue la nation aux questions sociales. Le référendum plébiscité de Maduro en Argentine pour l'annexion du petit Etat de Guyana a été un succès. Ce pays regorge de pétrole (autant que le Koweït), exploité par des compagnies américaines. On imagine aisément ce qui va se passer si les 125 000 hommes du régime vénézuélien menacent les 5000 du Guyana et les concessions américaines. On voit où conduit le nationalisme d'exclusion qui s'empare de la planète : des guerres de proximité !
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4. Zelinski dans les cordes, Poutine à la corde
Le Maire de Kiev, Vitali Klitschko, a mis les pieds dans le plat. "Zelensky paie pour les crimes qu'il a commis et le peuple Ukrainien perd confiance dans la guerre qu'il mène en Russie (...). Les gens voient qui est efficace, qui ne l'est pas". Si le Maire de Kiev estime qu'il faut soutenir Zelensky jusqu'à la fin de la guerre (il ne dit pas jusqu'à la victoire), il estime que "si tout dépend des caprices d'un homme", l'Ukraine ressemble à la Russie. Cette sentence reflète l'état de l'opinion dans les sondages où le président Ukrainien serait en très forte baisse. Et Vitali Klitschko de conclure son propos : "chaque homme politique paiera pour ses succès et ses échecs". Ce trou d'air dans la popularité de l'exécutif Ukrainien ne facilite pas le travail des démocrates à la Chambre des représentants des États-Unis. Ils sont à la recherche de 60 milliards pour l'Ukraine, que les Républicains refusent de voter, s'il n'y a pas des mesures contre l'immigration. Le blocage est tel que le président Zelensky a dû renoncer à intervenir en visioconférence. Pendant ce temps, Poutine minaude devant les ambassadeurs d'Europe. Il regrette l'absence de dialogue et tant d'incompréhensions. Il propose à la Slovénie de reprendre le dialogue. Il reçoit le président Iranien, se déplace aux Émirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite. Bref, il passe à une offensive diplomatique d'hiver. Il profite de la stabilisation du front au Donbass et même d'un début de contre-offensive, des interrogations en Ukraine, de la guerre au Moyen-Orient, des difficultés de la démocratie américaine.
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5. Nupes « light » ou rassemblement de la Gauche non mélenchoniste
Le Conseil national du Parti Socialiste a voté pour une liste indépendante et un texte d'orientation pour les futures élections européennes. Ce n'était pas acquis. D'abord, les fauristes ont défendu bec et ongles l'idée d'une liste avec la France Insoumise. Certes, ils n'y croyaient pas trop. Il s'agissait de faire porter la responsabilité de la division sur les écologistes et le PCF. Mais formellement, cela a été avancé avec l'idée "On ne sait jamais". Puis, au retour de l'été, une liste PS assortie d'un texte qui faisait expressément référence à la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (Nupes) comme ligne stratégique. On a frôlé la rupture avec deux listes socialistes. Enfin, ce fut la prise de distance de Mélenchon, à défaut de la Nupes. Le tollé anti-Mélenchoniste était passé par là. Mardi soir, le Conseil national du PS a voté à,l’unanimité un texte compatible avec le Parti Socialiste Européen pour une liste de Rassemblement, sans que l'on puisse, à cette étape, mesurer les contours de celui-ci. Pourtant, l'accord avec Place Publique, le PRG et les clubs, dont celui de Cazeneuve, ouvrirait une dynamique nouvelle et fermerait la fracture. L'enjeu est de taille. D'abord en Europe, il suffit dans 26 pays de 33 sièges pour que les sociaux-démocrates européens devancent les conservateurs qui vont être grignotés par l'extrême droite. Le PSE serait ainsi le pivot d'une union progressiste. Cela marquerait la défaite du nationalisme au Parlement européen, qui compte bien pousser les conservateurs à s'unir.
Ensuite, cela permettrait de construire une politique économique plus moderne, plus sociale, plus inclusive et plus écologique dont l'Europe a besoin dans le contexte géopolitique. Enfin, cela mettrait les socialistes en France en position de force pour bâtir une autre union à gauche capable de rassembler la gauche non-mélenchoniste, ce qui permettrait au PS de se refonder et à nouveau peser dans la vie publique et lors des élections à venir. Mais, comme je l'ai évoqué il y a 15 jours dans "Instantanés", les fauristes préfèrent une Nupes light sans Mélenchon ni la Convention (Cazeneuve).
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6. Larcher fait du Mélenchon
Je déteste ce qu’est devenu J.L. Mélenchon et je ne supporte pas son expression politique, même si je ne confonds pas le triumvirat de LFI et ses électeurs. Mais un président du Sénat ne devrait pas faire du Mélenchon, comme le 6 décembre sur RTL, en lui demandant de fermer sa gueule, surtout dans le moment que nous traversons.
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7. E. Philippe à droite toute
Ciotti et l'état-major de LR ont été nets à propos de la loi sur l'immigration de Darmanin : pour eux, c'est non ! On s'en doutait, mais c'est plus clair en le disant. La pomme de discorde ce sont les métiers en tension et les conditions des régularisations. Dans leur stratégie de droitisation pour tenter de retrouver leur électorat parti au RN, Les Républicains sont obligés de jouer la mouche du coche. Nous avons amplement évoqué cela dans ces colonnes. Plus importante et peut-être décisive pour la suite, a été l'intervention de E. Philippe devant le groupe Horizon mardi. Prenant prétexte d'aider "l'ami Gégé" G. Darmanin, confronté à la surenchère des LR et du RN, les troupes de l'ancien Premier ministre se proposent de droitiser le texte sorti de la commission des lois qui n'a pas retenu les propositions de la droite sénatoriale. Cela se nomme soutenir, comme la corde soutient le pendu. Sur la question symbolique de la régularisation, E. Philippe abat ses cartes. Il veut mettre fin au "en même temps". Par ailleurs, les députés Horizon ont voté l'amendement sur la rupture des accords avec l'Algérie, avec LR et le RN, c'est pour le moins significatif. Et cette prise de position a souverainement déplu au président Macron avant de fêter Hanouka à l'Élysée, à la consternation générale, pour se faire pardonner de ne pas avoir manifesté contre l'antisémitisme. Pour E. Philippe, la prochaine présidentielle se joue à droite, dans la droite pour la droite. La réaction de François Bayrou et de la Gauche Macroniste est attendue. Le match de la Macronie commence.
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8. Le séparatisme à l'école
Par un étrange concours de circonstances, les propositions du Ministre de l'Éducation nationale, G. Attal, sur le "Savoir" correspondent aux sondages de l'opinion sur le sujet. De là à penser qu'il y avait un délit d'initié, il n'y a qu'un pas. G. Attal s'intéresse au savoir à l'école, sans oublier de faire savoir. Donc, G. Attal caresse l'opinion dans le sens de l'opinion. Il s'agit de continuer à progresser dans lesdits sondages où il est à une portée de boulettes de papier d'Édouard Philippe. La couverture de presse, L'Obs, L'Express, Marianne, etc., c'est simple, il est partout. On n'avait pas vu cela depuis un certain E. Macron en 2016. Le problème est qu'il initie l'école du séparatisme : il faut séparer le bon grain de l'ivraie avec le redoublement, contrairement aux études de l'OCDE qui indiquent que cela n'améliore pas le niveau général. Les groupes de niveaux dans une classe, qui non seulement stigmatisent mais enferment les plus défavorisés dans l'échec, tous les spécialistes le disent. Et enfin, la tarte à la crème de l'uniforme qui sépare, on suppose, les collèges. Et vous savez quoi ? Ces 3 mesures sont plébiscitées dans les sondages. Et l'extrême droite s'engouffre en stigmatisant l'immigration qui fait baisser le niveau. Attal n'a pas encore été jusque-là, la mesure n'a pas été sondée. Quand on vous dit que la Gauche s'est effondrée idéologiquement.
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9. Zone Euro : le pacte de l'instabilité
Dans la nuit de vendredi à samedi, à 3h30 du matin, la chèvre française a rendu les armes. L'Allemagne a réussi à détricoter la proposition de la Commission pour un pacte budgétaire européen plus en phase avec les défis du moment. Ce sera les 3 %, la fin du quoi qu'il en coûte le 1er janvier, et la hausse des taux d'intérêt décidée par la BCE. La combinaison des 3 mesures va accentuer la morne croissance, réduire les dépenses publiques et jeter des centaines de milliers d'Européens dans le chômage et la précarité. L'Allemagne, confrontée à sa plus grande crise économique depuis les années 2000, va étouffer son propre moteur de croissance déjà très mal en point, avec comme conséquence la montée vertigineuse de l'AFD dans l'ex-Allemagne de l'Est. Comme si l'exemple de l'autre pays budgétairement intransigeant, les Pays-Bas, avec l'extrême droite en tête, n'était pas suffisant. Quant à la France, elle a obtenu un délai jusqu'en 2027, c'est-à-dire après la présidentielle, croyant très malin de lier les mains du futur président. En attendant, il faudra bien s'en approcher avec une cure d'austérité qui ne dira pas son nom et pavera un peu plus le chemin des populismes, principalement du nationalisme d'exclusion. Le fétichisme allemand pour le pacte de 1997 et la veulerie de la France vont plonger toute l'Europe dans l'instabilité sociale. Un pacte budgétaire doit prendre en compte le chômage, la précarité, la croissance, la balance des paiements et l'inflation. Mais aussi les défis auxquels le continent est confronté : la guerre en Ukraine, les tensions avec la Chine. Et évidemment, comme conséquences, l'augmentation des dépenses de défense, les investissements gigantesques dans la transition écologique, et tout autant dans la souveraineté numérique. Là, les Européens ont décidé d'un pacte qui ne sera pas respecté dans la moitié des pays mais pénalisera ceux qui ne pourront le faire ; un pacte qui ne prend en compte aucun défi de l'heure ; un pacte de l'instabilité sociale. À défaut de ne pas avoir de politique budgétaire commune, nous avons un carcan qui mène à la catastrophe.
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