Un constat imparable !
La Gauche est virtuellement éliminée du 1er Tour de la présidentielle. Et ceci à un moment où le pays a besoin que la question sociale soit posée avec force, dans une situation où la France a besoin d’une incarnation républicaine, où enfin l’extrême-droite, de plus en plus xénophobe, pèse 35 % dans les sondages et que Ciotti, qui partage leurs thèmes est soutenu par 40 % des votants des républicains.
Dans ce tournant obscur, la Gauche entre dans un trou noir.
Cela est inévitable ! Nous l’avions anticipé. La Gauche est datée, divisée, radicalisée. Elle n’est ni un débouché social, ni une réponse électorale majoritaire. Elle a perdu sa centralité et son aura idéologique sur la société. Les thèmes de l’identité, de l’insécurité, de l’immigration se sont imposés comme celui du « grand remplacement » sans que la question sociale ne soit vraiment portée. Une Gauche qui n’est pas de transformation sociale n’a aucune chance de lutter contre la vague identitaire. Et comme, dans le même temps, elle est impuissante à traiter le régalien ou pense qu’il n’y a aucun problème avec l’immigration, voire que les questions sociétales, environnementales sont seules dignes d’être traitées par la Gauche, alors elle perd pied dans son électorat.
Et pourtant, l’urgence républicaine et sociale, vu la montée de l’extrême-droite, vu l’acharnement à la déconstruction de l’État social par les libéraux et les écologistes, vu le désastre climatique, offre à la Gauche responsable le moyen de répondre aux Français et de se refonder.
L’affaissement de la Gauche responsable et pour tout dire du Parti Socialiste a accéléré le renvoi de la Gauche au rayon de la protestation.
Nous avions souligné que la combinaison de ce retard dans la refondation et de l’extrême division conduirait à une déperdition, voire une perdition.
Nous avions soutenu, il y a 18 mois l’initiative d’Emeric Bréhier et de Sébastien Roy pour une présidentielle de toute la Gauche dans leur ouvrage « Cap sur la Présidentielle, Cap sur la Primaire » à la fondation Jean-Jaurès.
Nous avions préconisé, devant le refus de Mélenchon et des écologistes, une Primaire de la Gauche réaliste en décembre 2021.
On nous a répondu « NON ! », privant la candidate Anne Hidalgo d’une tribune, d’une attente, d’une dynamique.
Résultat : tous les candidats sont sous les 10%. La Gauche pèse dans les sondages moins de 25% et personne ne peut dire que « La Gauche, c’est MOI ! ».
Et si tous les candidats se maintiennent, c’est la marginalistion. On ne sait où cela peut conduire la Gauche. Car devant la certitude que celle-ci ne pèsera pas dans la présidentielle, écœuré, le gros de l’électorat de Gauche s’abstiendra pendant que d’autres électeurs stratèges chercheront un vote utile pour « dégager » Macron ou faire barrage à l’extrême-droite.
Et la descente aux enfers n’est pas finie, les gauches seront réduites à l’état de trace, car en l’absence d’accord aux législatives, l’étude des experts de Nouvelle société prévoit à l’issue du vote un nombre de députés de l’ordre de 4 pour LFI, 5 pour le PC, 1 pour la GS, 8 pour EELV, 21 pour le PS, 1 pour le MRC, 3 pour le PRG, 10 pour les DVG.
Autant dire que la Gauche deviendra une Gauche de témoignage retirée dans ses bastions locaux.
L’union est une nécessité... .Mais l’union sans contenu est une vieille soupe réchauffée.
Elle ne saurait tout régler. La Gauche est en panne de projet, de sens dans le monde contemporain, de récit, de chemin praticable.
Anne Hidalgo a fait ce constat et cherche une issue. Elle dit avoir entendu ce qui monte d’en bas « unissez-vous ».
Elle ne cherche pas à justifier l’injustifiable. Elle n’était pas sur ce constat. « Elle a changé d’avis ». Elle annonce travailler au rassemblement via une primaire de toute la Gauche.
Immédiatement, Jean-Luc Mélenchon répond « superbe » ! On n’est d’accord sur rien ! Et ajoute sans peur du paradoxe « l’union c’est derrière moi point barre ! ».
Mais à 8 ou 10 % la Gauche ne veut pas se rassembler derrière le populisme de Gauche, les clins d’œil au wokisme, une laïcité tellement ouverte qu’elle n’a plus de contour normatif, un programme économique tellement radical qu’il semble impraticable, sans évoquer la constituante ou les solutions européennes irréalistes qui lui ont valu d’être derrière le PS au dernière élections européennes. Mais il est peu probable que pour ces raisons Mélenchon participe aux primaires. Il restera donc au bord du chemin.
Quant aux écologistes, ils ont traité avec un souverain mépris la proposition d’union par la primaire. Et même celle proposée par la primaire populaire. Pourtant une pétition circule au sein du parti écologiste en vue de participer à la primaire. Jadot répond « moi, je me suis retiré devant Hamon ». Sans être cruel, le jour où les négociations ont commencé pour obtenir son retrait, Hamon était à 17% et Jadot à 1% et le résultat de cette union a conduit le candidat Hamon à 6% . Et pour obtenir cet accord, Hamon n’avait pas lésiné. Rachetant les dettes, il avait ensuite mis dans la corbeille de mariage un accord pour les législatives luxueux. Le PS se retirait dans 100 circonscriptions et sans réciprocité de la part des écologistes. Alors que les écologistes peinaient à avoir 500 signatures.
Alors Jadot à 7% n’a pas plié le match, entravé qu’il est par des maires choquant les Français et sa gauche radicale qui joue les serres-files.
Ni Mélenchon, ni Jadot ne veulent voir la montée de l’extrême-droite identitaire et la Gauche électoralement à terre.
Ils se veulent irresponsables quant à l’avenir du pays en crise. Ils entérinent la division aux présidentielles et aux législatives.
Anne Hidalgo ouvre une perspective, celle d’une primaire de toute la Gauche. Si c’est vraiment le cas, si elle s’impose aux écologistes, communistes, insoumis, voire à Montebourg qui a pris le téléphone pour convaincre, lui qui avait dit quitter la Gauche et refuser les primaires.
Enfin (si cette primaire n’est pas l’adhésion à la radicalité sous couvert d’union), quand on entend le porte-parole de la primaire se prononcer pour le dialogue interreligieux de « la manif pour tous » aux frères musulmans » ou le refus de considérer la science supérieure aux croyances, il y a de quoi s’interroger. Donc si c’est une vraie primaire de toute la Gauche et non la primaire des radicalités, si toutes ces questions sont réunies et elles peuvent l’être, alors moi, comme je l’ai toujours dit, cela m’intéresse.