La France inquiète, sent la poudre. Le lent délitement républicain atteint tous les aspects de la vie sociale, pendant que l’espace politique se délite.
Les signaux faibles se multiplient. L’incroyable refus de la vaccination au pays de Pasteur et des lumières est signifié. Les anti-vax sont rejoints par les anti-pass qui s’émeuvent d’une remise en cause des libertés.
Évidemment le nombre de vaccinés écrase les anti-vax, les anti-pass. Ce ne sont pas les manifestants qui sont signifiants, encore que 160 000 manifestants après le 14 juillet démontrent une certaine détermination.
Non, ce qui est illustratif des temps que nous traversons, ce sont les 30 % solidaires avec les anti-vax.
Il ne s’agit pas seulement de la réprobation du vaccin. Il s’agit d’une rupture rarement vue entre une partie du peuple et l’exécutif.
Quel que soit le sujet, la mobilisation est là !
Une sorte de sécession démocratique déjà visible dans l’abstentionnisme de masse lors des régionales et des cantonales.
C’est donc le « pass prétexte » de la colère sociale contre tout ce que dit et fait l’exécutif. On peut estimer que l’émetteur - Macron - est dévalué. On peut mépriser la protestation au nom de la raison. On peut l’ignorer, voire la moquer au nom de la majorité. On peut concevoir qu’une majorité vaccinée n’acceptera pas d’être prise en otage. Mais elle est là. Elle charrie un cortège de rumeurs, de complots, de ragots, certes ! Mais elle est là. Elle devient force matérielle.
Et le jour où elle fera sa jonction avec la crise sociale consécutive à 20 mois de Covid-19, l’explosion sociale ne sera qu’une question de prétexte.
Il est peu probable que les syndicats atones, sous le talon sanitaire, continuent à regarder la radicalisation sociale sans tenter d’en prendre la tête pour la maîtriser. Ce qui provoquera inéluctablement une accélération.
Le retour de la croissance sera asymétrique, c’est-à-dire que des secteurs rattraperont leurs pertes pendant que d’autres ne se relèveront pas. Les taux de croissance claironnés par le gouvernement ne sauraient pas cacher une réalité économique et sociale contrastée et de la dépression sociale qui en découle.
Et voilà la 4ème vague qui arrive. La vaccination s’accélère mais le nombre de patients hospitalisés est en augmentation. Ce retour de la menace va peser sur la reprise. Dans une situation où le « quoi qu'il en coûte » va être de plus en plus difficile à tenir. La crise des ciseaux est là !
Et ce n’est pas l’augmentation de violence aux personnes qui viendra nous rassurer (plus de 10 % d’augmentation et 350 000 agressions).
C’est un indice du délabrement du lien social qui vient nourrir le climat général.
Si la violence symbolique du courant identitaire sur les réseaux sociaux surchauffe le débat français de plus en plus séditieux et xénophobe.
Si les manifestations du communautarisme et le séparatisme de l’islam politique leur répondent.
Si le ministre de l’intérieur a fait publier une mise en garde aux préfets à propos des risques d’attentats lors des procès des djihadistes en septembre où menaçant la France, donnant à ces menaces une visibilité étonnante à des délirants capables de passer à l’acte.
C’est pourtant un autre vecteur de violence urbaine qui attire notre attention.
Dans une lettre circulaire qui circule sur les réseaux sociaux, les zadistes
appellent à une offensive générale pour le 17 septembre 2021. 160 groupes et plateformes se sont structurés pour préparer un affrontement général contre « le régime capitaliste » (occupation de site, manifestations violentes etc. ), on peut trouver cela anecdotique. Mais c’est une indication sentant l’affaissement républicain, cette ultra gauche tente d’enflammer la plaine.
Ce n’est pas en transformant la Police, les forces de sécurité en garde prétorienne à coups de milliards que la République s’en sortira.
Nos policiers ont besoin de soutien mais ils ont surtout besoin du consensus de la Nation par la paix sociale.
Et ce n’est pas ce qui se prépare. La rentrée sera chaude d’autant que la décomposition politique est palpable.
Si les régionales avec 14 millions d’abstentions ont desserré l’étau Le Pen/ Macron - Attention quand même au lâche soulagement - Marine Le Pen n’est pas éliminée. Elle peut toujours être dans le désordre généralisé, le coup de pied de l’âne.
Mais la réouverture de la présidentielle a provoqué le trop plein de candidats. Nous avons là l’effet miroir de la décomposition.
L’issue n’est pas écrite et l’excès de désordre peut provoquer l’excès de demande d’ordre. C’est ce qu’ on appelle les conjonctures bonapartistes. Il y en a de différentes sortes. Mais il s’agit toujours d’abdiquer la liberté pour un sabre qui remet de l’ordre.
Lorsque que l’on pense le désordre, ce n’est pas pour s’en réjouir, mais c’est pour comprendre où va la France.
Nous dansons sur un volcan et le bruit de l’orchestre de la présidentielle cache le bruit et le grondement qui monte des entrailles de la société.
Plus que jamais le sang-froid républicain est nécessaire dans ce que nous allons traverser dès la rentrée.