Il s’est installé en France un tiers protestataire

 

C’est une donnée incontournable de notre réalité politique. Il ne s’agit pas de l’abstentionnisme, même s’il y participe parfois.  

L’abstentionnisme ancré en France qui peut culminer à 60 % est une forme de sécession démocratique. Mais là, il s’agit d’un tiers des Français qui, quel que soit le sujet, proteste. 

Les lois, les « passe », les vaccins, les hausses de carburant, la moindre mesure venant des gouvernants, quels qu’ils soient, est l’objet d’une protestation.  

Ce tiers protestataire qui trouve toujours 30 à 35 % de soutien dans l’opinion n’est ni de droite, ni de gauche, ni d’extrême droite, ni d’extrême gauche. Il est avant tout protestataire.  

Il s’agit de la conséquence de la fin du bipartisme, du bicampisme de droite ou de gauche ; chaque camp ayant laissé échapper les radicaux de leur électorat et le rejet de Macron a fait le reste.

Il y’a toujours une raison de protester.

Et si ce « tiers » présente des formes antilibérales, c’est tout simplement parce qu’il proteste contre des mesures antilibérales. 

La vaccination n’est pas précisément libérale. Elle peut même s’apparenter à l’intérêt général. Mais c’est le catalyseur d’une rancœur sociale très profonde.

Ce tiers protestataire n’est encadré par personne, ni par les syndicats, ni par des partis politiques quels qu’ils soient. 

Ses leaders sont éphémères et n’ont aucune légitimité démocratique, si ce n’est que d’être les porte-paroles du moment T.

Il est de bon ton de moquer ou de souligner la marginalité de ce mouvement dans le cercle de la raison. Mais pourtant, réunir 200 000 personnes à la veille du 15 août, ce n’est pas donné à tout le monde. Et être soutenu par plus de 30 % de l’opinion, n’est donné à personne.  

Ce tiers protestataire charrie un peu de tout : de l’antisémitisme à l’antilibéralisme, de l’anti-autoritariste à la demande d’un régime autoritaire, de la liberté à des règles intangibles. 

Le but n’est pas de gagner ou de changer le régime mais de manifester la réprobation.  

C’est un mouvement négateur. Il n’a, à cette étape, aucun débouché et peut conduire à l’abstention estimant que les offres des politiques ne correspondent pas à cette demande multiforme. Les négateurs rejoindraient alors les sécessionnistes démocratiques laissant au débat politique un espace contraint d’un tiers des électeurs, instaurant une démocratie légitime mais pas représentative, source des nouvelles contestations dans les années à venir. 

Cela n’a pas échappé à la droite classique qui pense récupérer ce tiers protestataire par une vigoureuse politique anti-immigration. Les propositions de Bruno Retailleau et des républicains d’organiser un référendum sur l’immigration, aussi flou que dangereux, vont dans ce sens.

La réponse du président de la République, lors de son propos sur l’Afghanistan mettant surtout en garde contre les flux migratoires, va sur les mêmes chemins. Le ministre de l’Intérieur Darmanin, lui, multiplie les déclarations confortant cette thèse.

Quant à Marine le Pen, elle se recentre sur les 3 I : identité, immigration, insécurité. Elle n’a pas à forcer son talent.  

Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ne sont pas les derniers dans ce domaine. Et le dernier venu, Éric Zemmour, ne boude pas le plaisir d’avoir quelques lettres de noblesse sur le sujet.  

A Gauche, la réponse est dans la radicalisation : soit écologique, le programme de EELV publié ce week-end est, de ce point de vue, signifiant ; soit sociale avec le populisme de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.  

Bref, la ruée sur le tiers protestataire provoque une radicalisation tous azimuts, ce qui accroît l’aspect incontrôlable de la situation politique où la démagogie souffle à pleins poumons. 

C'est une erreur d’analyse. La France ne cherche pas la révolution sociale ou nationale mais une solution à la crise démocratique et républicaine.   

Il est probable après la décomposition politique. On peut le constater dans le « chaos présidentiel » où il y a autant de candidats que de segments politiques. C’est le régime des “mini-recours” dans la Vème République. Après ce moment donc, il y aura une recomposition autour, soit d’une offre bonapartiste plus ou moins libérale et autoritaire xénophobe, soit républicaine plus ou moins sociale et écologique et girondine.

La présidentielle peut voir émerger une des deux offres. C’est, en tout cas, mon combat autour de mon triptyque République impartial, nouveau 

Contrat social et écologique, France d’influence.

Un discours équilibré, responsable, combattant toutes les démagogies et les radicalisations non seulement trancherait mais serait la solution pour la France 

Contrairement à ce que pensent nos radicaux jacobins de tous bords, c’est dans un projet qui tranche sur le fond, œuvrant à la concorde républicaine, que se trouve le moyen de réconcilier les Français, en tout cas le plus grand nombre.