Elle est incapable de s’unir sur rien, si on excepte les rassemblements contre l’antisémitisme. Aphone, dans le mouvement des gilets jaunes ; les uns ont accompagné, les autres ont regardé, les troisièmes s’y sont identifiés mais personne n’a existé. 

Extatique, dans le grand débat ; les uns ont dit participer, les autres se sont offusqués, les troisièmes se sont défilés, mais personne n’a ouvert une perspective ! 

Seule, l’initiative des organisations des Places de la République, qui regroupe la CFDT, l'UNIOPSS et la MUTUALITÉ et qui a reçu le renfort médiatique bien venue de Nicolas Hulot, a sauvé l’honneur, ouvrant le chemin à un pacte social et écologique.

Aucune proposition, aucune préconisation, aucune action, si ce n’est le lancinant et débilitant esprit de délimitation ; faire le contraire du voisin parce que je le vaux bien !

Un sectarisme sans contenu, un existentialisme sans espoir, un m’as-tu-vu obsessionnel. Chacun dans sa boutique, sans autres espoirs que de la garder !

Et, il y en a même qui s’avancent pour les futures présidentielles ; d’autres qui éreintent Emmanuel Macron pour mieux l’encenser, 15 jours plus tard ; les deux offrants au peuple de gauche le visage de responsables moitrinaires qui n’ont rien compris au rejet des Français.

Bref, la gauche, les gauches, les écologistes font comme s’ils étaient culturellement hégémoniques et électoralement dominants. 

Mais réveillez-vous camarades ! c’est le vieux monde, celui du bi-campisme, de la paresse idéologique et programmatique ; le balancier ne reviendra pas.

Et ce qui se passe aux européennes, se repassera lors d’autres élections, devant une gauche sans voix ou voie ; il vaut encore mieux Emmanuel Macron, jusqu’au jour où les « malgré eux » du macronisme jetteront l’éponge ; et le national-populisme s’imposera. 

Les européennes ? Emmanuel Macron les sature par le grand débat ou les déclarations visant à assécher les offres alternatives et à n’offrir, en partage, que lui ou le populisme. Jean-Pierre Raffarin souligne le trait en indiquant que, ne pas voter pour Macron c’est l’affaiblir et l’affaiblir c’est affaiblir la France. Circulez, il n’y a rien à voir !

Cette orientation visant à faire d’« un Emmanuel Macron ébranlé et branlant » le rempart au lepénisme est une erreur, mieux, un danger !

Mais il faut bien le reconnaître, la gauche est tellement insignifiante que Jean-Pierre Raffarin aurait tort de s’en priver. 

La Gauche, c’est combien de divisions ? La France insoumise, le PCF, Générations.s, Place Publique au bord de la crise de nerf, le PS toujours sans tête de liste, les écologistes coupés entre leur liste recentrée et les ralliements à Emmanuel Macron, les radicaux coupés en trois, l’UDE en quatre, tout le monde y va, non seulement de sa liste, mais de son anathème pour les autres ... C’est à pleurer !

Comment prétendre unir un continent alors que l’on n’est pas capable de s’unir en France ? Pourtant, la gauche devrait en France mais bien sûr en Europe taper ensemble du poing sur la table et éclairer les enjeux ... 

L’ordo-libéralisme, auquel souscrit l’axe Macron-Merkel tous les jours, conduit l’Europe à sa perte ; tout autant, que le nationalisme plus ou moins xénophobe.  

Évidemment, le nationalisme a miné l’Europe mais la politique en cours en Europe « encourage la compétition entre les européens, et pousse au moins-disant fiscal et social » comme le dit, à juste raison, Jacques Attali. 

Une gauche digne de ce nom, devrait dénoncer les consignes données à nos fonctionnaires dans les instances européennes ; hier, on leur recommandait de ne pas isoler l’Allemagne ; aujourd'hui, on leur enjoint de voter comme l’Allemagne. 

Alors, bien sûr, il y a les déclarations du dimanche d’Emmanuel Macron, mais elles ne résistent pas aux faits, quand elles ne sont pas contredites par les faits en France. Là, c’est Laurent Berger qui a raison.

Quelle tristesse de voir deux ministres du SPD applaudir Emmanuel Macron pour la simple raison que cela embête madame Angela Merkel, alors qu’ils gouvernent avec elle.  

Il y a urgence, non seulement pour sauver l’Europe, mais pour nous sauver nous-mêmes ; c’est le monde de demain qui s’installe aujourd’hui ;

Il y a urgence à l’investissement dans les nouvelles technologies et bien-sûr dans la transition énergétique ;

Il y a urgence à se projeter sur la Méditerranée, pour être dans le relais de croissance mondiale que sera l’Afrique ; et bien, d’autres choses à dire, à faire ensemble. 

J’avais bien aimé le mot de Pierre Moscovici au sommet du PSE à Lisbonne en 2017 « l’Europe est une chose trop importante pour la laisser aux mains des centristes » ; je ne sais ce qu’il en pense aujourd’hui. Mais l’appel de Pedro Sanchez a un nouveau contrat social lors du Congrès du PSE avait de la gueule ... En tout cas, un peu plus que cette gauche en miettes et en panne de projet. 

Je suis un de ceux qui pensent que la gauche ne peut rester en cet état d’hébétude ; il faut conjurer ce naufrage.


 

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