Dans ma jeunesse il était interdit d’interdire. Aujourd’hui, il semble que ce soit chaudement recommandé. On devait jouir sans entrave et sans temps mort.

Dans ma jeunesse il était interdit d’interdire. Aujourd’hui, il semble que ce soit chaudement recommandé. On devait jouir sans entrave et sans temps mort. Cette liberté cacherait aujourd’hui des rapports de domination et des pratiques mettant en cause l’humain ou la planète.

Les violences faites aux femmes sont abjectes. La surconsommation menace la planète.  Les tortures d’animaux sont immondes. Les pratiques climaticides menacent l’humanité. La pédophilie est ignoble. Le racisme est intolérable. 

De ces maux, ô combien condamnables, surgissent des actions exemplaires qui choquent, interpellent et provoquent le débat. 

Deux attitudes se font face : aux boycotts, aux blocages, aux interdictions rendus légitimes par l’urgence de défendre l’humanité devant son autodestruction, on répond le temps long de la culture, du droit voire l’oubli. 

A ceux qui veulent interdire une œuvre au nom d’une éthique de l’humain et des victimes, on répond que les turpitudes de nos génies ne sauraient invalider leurs apports à l’humanité. A ceux qui veulent interdire le marketing d’un capitalisme aliénant et menaçant la planète, on répond la consommation est une liberté. Et l’on évoque le spectre de magasins d’État contrôlant le zéro carbone. 

Évidemment les actions d’interdictions, de privation et de libertés révulsent ceux qui voient se dessiner ainsi une société hygiéniste.

On s’agace des Greta. On s’énerve des mots d’ordre de boycott.  On s’offusque des demandes de réparations. 

Et pourtant, s’esquissent, au travers de ces conflits, la fin d’une époque et l’émergence de l’intégrité humaine comme socle d’une société décente. 

La société de consommation et le marché planétaire se heurtent à une génération qui veut reprendre les commandes de son destin. 

Ce combat multiforme prend des forment choquantes. Mais parce que l’humanité fait à l’humanité est choquant, il ne faut pas s’intéresser au signifié du moment mais au signifiant. 

La génération de 68 annonçait la toute-puissance de la liberté dans un fatras de revendications et d’aspirations diverses. La génération de 2019 annonce la toute-puissance de l’intégrité au travers des combats éthiques parfois obscurs. 

L’intégrité humaine, l’intégrité physique, psychique, sociale et démocratique face au défi climatique, des algorithmes, de l’immatériel, des dominations sexuelles, des racismes en tout genre, de la misère, des apartheids sociaux produits par le système économique et marchant contemporain

Reconnaître le bienfondé de ce combat n’est pas en partager les excès.

On ne changera pas les paradigmes de la société par la violence symbolique, la privation de liberté ou les interdits.

On ne combat pas pour l’intégrité en privant de liberté. 

S’il faut se garder du justaboutisme, des arguments de de la consommation, de la liberté d’entreprendre, le relativisme dans les atteintes à l’intégrité où les oppositions entre l’œuvre et l’homme on peut de poids face à la volonté d’une société descente

Nous sommes face à une interpellation anthropologique. Pas un débordement de censeurs, d’actions liberticides, ou de gardes rouges de l’éthique

Une nouvelle époque commence.


 

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