Les nationalistes vont beaucoup progresser, mais ne tombons pas dans le piège. Ils ne seront pas majoritaires. Entre 100 et 140 parlementaires. Les sociaux-démocrates en ont 187 et les conservateurs 219. Et on ne voudra voir que la progression sans précédent des écologistes autre vrai sujet.
Voilà près de 10 ans que je pronostique cette vague nationaliste...Mais en faire un levier pour contraindre à un vote Macron est dangereux. Si le débat dans chaque pays est entre les gouvernants, ultra-libéraux qui plus est et les “natios” incarnant la seule contestation, alors le résultat est connu d'avance : les nationaux-populistes vont progresser au-delà de la vague prévisible et l'abstention sera forte.
On sait qu’il y a un clivage majeur entre pro-européens et anti-européens. On perçoit la volonté de ces derniers de briser l'Europe, au passage pour le plus grand plaisir de l'Amérique de Donald Trump. Mais Obama était déjà pour le moins méprisant vis à vis de l'Europe. Et Poutine aussi voit dans l'affaiblissement de l'Europe un objectif géopolitique. C'est le sens de la guerre commerciale de Trump et de la diplomatie russe...
Il suffit pour s'en convaincre de voir comment le boycott unilatéral iranien par les États-Unis conduit nos entreprises à quitter l'Iran. La France hors de l'Europe c'est la vassalisation.
Mais revenons à l'Europe ! En fin de compte le risque pour l'Europe ce n'est pas dans six mois la victoire des nationalistes, mais c'est la thrombose. En effet le couple franco-allemand est en crise : Merkel a jeté l'éponge et Macron éponge ses erreurs. La hausse des taux qui profile dans un conflit entre Bruxelles et Rome sur fond de ralentissement de la croissance sans pilotage de la zone Euro tandis que le Brexit n'en finit pas de finir. La question des réfugiés et des flux migratoires stimule les rejets alors que l’on a toujours pas de politique écolo énergétique convergente. L’incapacité à penser sécurité commune et de mutualiser sa défense. Et toujours le dumping fiscal et social... les problèmes non réglés forment un caillot qui menace l'Europe d'embolie. Ce qu'il faudrait c'est une ligne claire et une Commission de combat.
Pourtant ce qui va se passer c'est l'immobilisme. C'est la tenaille mortifère : l'immobilisme qui conduit à la montée de national-populisme, qui conduit à l'immobilisme. J'entends par “immobilisme” refus de s'attaquer aux problèmes sus-cités à changer de cap économique et social.
Et voilà pourquoi on ne peut s'attaquer sérieusement au nationalisme qu'en l'asséchant par une autre politique. Et la tentative de brider ce débat au nom du seul soutien à une Europe libérale ne règlera pas la question du national-populisme : elle la précipitera.