L’ancien patron des socialistes annonce son intention d’être candidat si l’option Anne Hidalgo ne s’imposait pas et appelle Arnaud Montebourg à s’y présenter lui aussi

 

Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire du PS, présente mercredi son deuxième mémorandum consacré à un « nouveau contrat social et écologique », un texte programmatique dans la perspective d’une éventuelle primaire du pôle social-démocrate pour la présidentielle 2022.

Quelles sont les nouvelles propositions que vous adressez à la gauche ? 

La pandémie va changer le monde et nous a changés. La crise économique et sociale qui va s’ensuivre va bousculer bien des certitudes et mettre à l’épreuve les démocraties. La situation est même extrêmement difficile pour les Français dans tous les domaines. Au sortir de cette épreuve, La France aura besoin d’un nouveau départ et la gauche d’un nouveau récit. Elle ne reviendra pas si elle ne construit pas un nouvel imaginaire et un nouveau discours. C’est ce que je tente de faire, d’abord avec mon premier mémorandum sur la République impartiale et la décentralisation accrue, puis en proposant maintenant un nouveau contrat social et écologique. Le pays a besoin de restaurer les couches moyennes, de réintégrer les exclus et de permettre que l’on vive dignement dans une société décente. Je l’ai articulé autour de quatre questions : lutter contre le précariat et pour le climat, deuxièmement un nouveau contrat social en tant que tel et, troisièmement, réindustrialiser la France via un big bang écolo-numérique et, enfin, maîtriser la dette.

Comment jugez-vous la situation à moins d’un an et demi de l’élection présidentielle ?

Je suis catastrophé. Le sondage que vous avez publié est sans appel : en l’état, c’est l’hiver de la gauche. Nous allons être éliminés du premier tour de la présidentielle au moment où Marine Le Pen peut battre Emmanuel Macron. Les législatives qui suivront la verront disparaître dans des affrontements groupusculaires puisqu’il y aura quatre ou cinq candidats par circonscription pour moins de 30 % de l’électorat. Il est probable d’ailleurs que, dégoûté par cette fragmentation, il se réfugiera dans l’abstention voire votera pour celui qui peut battre le Rassemblement national. Il faut donc une gauche nouvelle pour les Français d’aujourd’hui et dans la France d’aujourd’hui. Une nouvelle architecture, avec un nouveau PS au sein d’une fédération des gauches de transformation sociale qui ne soit pas sans ou contre le PS, mais qui ne soit pas non plus autour de lui. Quelque chose qui renouvelle la donne politique.

La candidature d’Anne Hidalgo peut-elle être la solution pour sortir de cette impasse ?

Anne Hidalgo sera la première femme présidente de la République. C’est une femme d’Etat qui a l’expérience et la détermination nécessaires. Le problème, c’est de savoir quand. Si le premier secrétaire du PS, les grands élus, les responsables et les personnalités de cette gauche font dès maintenant bloc derrière elle, alors elle pourra engager une campagne citoyenne pour valider sa candidature. Mais si ces conditions ne sont pas réunies, elle comme d’autres ne prendront pas le risque de figurer dans un premier tour perdu d’avance. Il faut donc un plan B. Cette démarche, c’est de rassembler tous ceux qui veulent une candidature de transformation sociale réaliste puis d’attirer l’attention en créant une dynamique. Cela ne peut se faire qu’autour d’une personnalité ou d’une primaire permettant à cet électorat aujourd’hui orphelin d’imposer l’unité de ce pôle de la gauche. Soit nous nous mettons derrière une candidature et donc la primaire ne s’impose pas, soit nous n’y arrivons pas et il faudra bien trouver un moyen pour que les militants, les adhérents et les sympathisants en désignent une. Et dans ce cas-là, j’en serai !

Et celle d’Arnaud Montebourg ?

Je suis très déçu par le cours transsouverainiste d’Arnaud Montebourg. Non seulement il s’éloigne de la gauche après s’être éloigné du PS, mais le souverainisme est de plus déjà très porté dans l’espace politique, que ce soit par Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou Philippe de Villiers pour la droite et l’extrême droite ou par le PCF ou Jean-Luc Mélenchon à gauche. Espérer être le candidat commun de tous ces souverainismes me semble une vue de l’esprit. Parce qu’il représente une sensibilité, il doit soit dire clairement qu’il est favorable à une candidature commune de la gauche de transformation, soit participer à une primaire. Il a été échaudé, mais ce n’est pas parce qu’on a perdu deux fois qu’on a perdu pour toujours !

Que répondez-vous à ceux qui vous diront mal placé pour incarner le renouveau ?

Le problème n’est pas le renouveau des artères mais celui des idées. Car on peut être jeune et conservateur. On peut aussi être jeune et sans idées. Je ne pense pas qu’il faille disqualifier des hommes et des femmes parce qu’ils ont une certaine expérience. Je crois au contraire que c’est précisément ce qu’il manque dans la vie politique nationale et peut-être aussi à gauche.