I- LUTTER CONTRE LE PRÉCARIAT ET POUR LE CLIMAT

1- LUTTER CONTRE LE PRÉCARIAT

Honte ! Le pays a eu honte, terriblement honte !

Il fut blessé, humilié, bafoué par nos ratés lors de la crise sanitaire du COVID-19 : le manque de lits, le manque de masques, le manque de tests, le manque de vaccins.
Le constat sur le planisphère de notre retard, de notre inexistence en nombre de Français vaccinés vis-à-vis des autres nations, acheva de convaincre que la France n’est plus la France. Elle vient de vivre son juin 1940 sanitaire.

Mais une autre honte lui monte au front : le pays de l’égalité, de l’État social, de la solidarité, a perdu son statut.
C’est une plaie sociale pour la République qui l’empêche d’être elle-même.

Honte ! Oui, c’est une honte que tant d’injustices se cumulent, que tant de richesses s’accumulent, que tant de nouveaux misérables s’entassent aux portes des villes et dans les campagnes.

Honte ! C’est une honte que les inégalités, les précarités, les exclusions, se cumulent dans une nouvelle plèbe.
10 % des Français les plus riches détiennent la moitié du patrimoine des ménages, créant ainsi une nouvelle aristocratie et cumulant, bien souvent, avec l’aristocratie d’État dont l’arrogance le dispute à l’inefficacité.

Les disparités entre les plus riches et les plus pauvres ne cessent de s’accroître en termes de revenus disponibles, de biens acquis, de loisirs, de culture. Entre 2002 et 2018, le taux de pauvreté des 18-29 ans est passé de 8% à 13 %.
Le mal emploi atteint le chiffre astronomique de 8,1 millions de Français : 2,8 millions de chômeurs, 3,7 millions de précaires, 1,6 millions de découragés.

Cette France des invisibles, des difficultés financières, de l’impossibilité d’accéder aux droits et aux besoins fondamentaux ; cette France qui vit durement la dégradation des rapports humains, incivilités, insécurité, tensions sociales, isolement, violences familiales, féminicides, agressions sexuelles, racisme, discrimination de toutes sortes ; cette France qui ne supporte plus l’absence d’écoute sociale ou les conditions de travail; celle des femmes seules élevant des enfants, des vieux avant l’âge vivant avec une maigre retraite ; des étudiants au-dessous du seuil de pauvreté, des agriculteurs pauvres.

Cette France-là est celle du mal-être, du pessimisme pour l’avenir, de craintes permanentes du déclassement : 1 Français sur 5 souffre d’anxiété ou de troubles dépressifs.

Cette France, c’est celle de la précarité, dont le taux a repris sa progression pour atteindre 13,6% de l’emploi global : les salariés peu diplômés et les jeunes sont les premières victimes ; un tiers des ouvriers
non qualifiés occupent des emplois précaires.

La France qui vit une vie humaine dégradée ; la France qui voit son intégrité humaine remise en cause  ; cette France des mal-logés, des mal-nourris et des transports surchargés, qui ne se soigne pas et se distrait peu. Voilà la réalité française !

 

La France qui laisse faire n’est plus la France !
La gauche ne reviendra jamais dans le cœur des Français
si elle se refuse à porter le destin des nouveaux damnés de la terre !

Il n’y a pas de discours sur la Nation qui vaillent sans s’attaquer à la pauvreté et au précariat.

Il n’y a pas de gauche qui vaille sans mettre au cœur de son combat la société décente pour tous, garantie par un État impartial.

Tel était notre conclusion du 1er mémorandum
sur la République impartiale.


La question n’est pas d’aller au peuple par des mots, mais de répondre par des faits et, disons-le, par une réorganisation de la société répondant à la promesse de l’égalité.
78 % des Français jugent la société actuelle injuste, dont 28%, très injuste ; 68% sont convaincus qu’en France la réussite sociale est jouée d’avance ; 48% vivent des fins de mois difficiles dont 35% n’y parviennent pas ; 50% ont retardé ou renoncé à des soins de santé.

Faut-il évoquer les inégalités territoriales ? En dehors des grandes métropoles, de nombreux territoires ont perdu ou sont mal desservis par les services publics.

Faut-il évoquer la faiblesse de notre système éducatif ? En France, seuls 8% des cadres ont un père employé ou ouvrier non qualifié. La probabilité d’être cadre est douze fois plus élevée pour un fils de cadre que pour un fils d’ouvrier ou d’employé qualifié. Il est 8 fois plus faible pour une fille de cadre.

Faut-il évoquer le poids des loyers ? Le poids des loyers dans le revenu des ménages a augmenté d’un tiers en 20 ans ; le prix de l’immobilier a augmenté de 50% de plus que le salaire ; le prélèvement sur le
revenu des ménages a augmenté de 38%.

Inégalités territoriales, faiblesse de la mobilité sociale, coût excessif du logement,
la part des dépenses contraintes - loyers, assurance, télécoms, scolarité, cantine –
passant de 12% dans les années 60, à 30% en 2017.

Comment voulez-vous que les Français ne se sentent pas, au milieu de tous ces maux, des assignés à résidence sociale ?
La France des affranchis et celle des assignés : telle est la nouvelle réalité française et pour tout dire du nouveau monde occidental.
Il y a d’un côté ceux dont le revenu disponible permet toutes les libertés et qui maîtrisent les codes de la modernité, et de l’autre, ceux qui subissent de plein fouet la précarité et sont bloqués socialement, géographiquement et culturellement.

La France c’est d’abord cela : La rupture du contrat social qui fait Nation !

Non seulement cet État conduit à tous les excès, mais il est impossible de construire un sentiment d’appartenance nationale sans refaire République.

Et il n’y a pas de République qui vaille sans contrat social respecté !

La Nation est une et indivisible par temps de précarité et de misère. Cela n’existe pas ou alors il faut un régime autoritaire illibéral pour contenir les horreurs et les rancœurs. Évidemment, ce régime illibéral, nous ne le voulons pas.

Nous devons donc urgemment, à la fois, nous battre contre les inégalités sociales et
nous adapter à la nouvelle donne climatique.

L’un ne pourra pas aller sans l’autre !


2- LUTTER POUR LE CLIMAT

Oui, l’un ne va pas sans l’autre car, comme le dit justement Nicolas Hulot, « nous voulons combiner les problèmes de fin de mois et de fin du monde. »

La question climatique ne doit pas cacher l’urgence sociale. Mais la question sociale ne doit pas exclure l’urgence climatique.

48 000 Français meurent chaque année prématurément du fait des particules fines. A titre de comparaison, la Covid-19 a officiellement tué près de 70 000 personnes. Comme l’évoque justement Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, « le Monde a pris des mesures exceptionnelles pour la Covid-19 mais pas pour l’écologie ».

Les variables des « limites planétaires », c’est-à-dire les conditions de notre survie en tant qu’être humain, sont aujourd’hui toutes dans le rouge :

  • Les changements climatiques sont incontestables : l’érosion de la biodiversité, la perturbation du cycle de l’azote et de celui du phosphore, le changement de l’utilisation des sols, l’acidification des océans, l’utilisation mondiale de l’eau, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère, les entités nouvelles dans la biosphère. Voilà les dangers qui menacent la durabilité de la planète et de l’humanité ;
  • Les polluants de l’air extérieur sont la cause d’une surmortalité : les émissions de gaz à effet de serre continuent à être bien au-delà de ce qui serait nécessaire pour limiter un réchauffement à +2°C ;
  • Les conséquences du réchauffement provoquent inondations et sécheresses : plus de 4/5 des communes ont été classées en état de catastrophe naturelle au moins une fois entre 1982 et 2015 ;
  • Les nappes d’eau sont de plus en plus polluées : nitrates, phosphates, résidus de médicaments ou de perturbateurs endocriniens ;
  • L’Écosystème est attaqué de toutes parts : les menaces d’extinction de nombreuses espèces se multiplient ; la qualité des sols s’appauvrit ;
  • Les sols sont pollués : le bilan est lui aussi pour le moins préoccupant.

Si la prise de conscience est là, elle est devenue planétaire depuis le sommet de Paris de la COP 21. Un début de mise en œuvre est visible, mais nous sommes loin du compte.

L’urgence climatique se heurte à un système économique dont le paradigme est l’extension aveugle du profit et non la place de l’humain sur la planète.

Les retards se sont accumulés. Ils provoquent un début de panique climatique. Ils sont à la base des réactions radicales et produisent des réactions qui vont être de plus en plus violentes comme l’idée
d’une décroissance ou la nécessité de rendre tout ou partie de la planète à la nature ; exigeant que les humains s’effacent, réduisant leur présence pour lutter contre un effondrement généralisé.
Ces idées font leur chemin dans la conscience écologiste se rapprochant parfois d’un antihumanisme au nom de la planète.

La radicalité et la collapsologie nourrissent, en retour, un pessimisme climatique et auto-justifient un immobilisme mortifère.

Alors que, ce dont nous avons besoin, c’est un retour à l’intérêt général, à la République impartiale portant un nouveau contrat social et écologique ;
Alors que, ce qu’il faut, c’est l’engagement concret et durable dans une nouvelle ère, mettant l’intégrité humaine au centre de tout, et, avec elle, le destin de la planète car ils sont liés.

Notre triptyque est simple : une justice sociale, une urgence écologique,
un impératif républicain.

Il est temps de l’incarner dans un pacte productif, au service d’un rebond écologique et social.