On aurait pu espérer une initiative plus citoyenne et moins de sommets !

Chères toutes, chers tous,

Vous avez décidé de vous réunir, à l’initiative de Yannick Jadot, pour tenter de surmonter la division à la présidentielle. Le peuple de gauche vous regarde avec appréhension et circonspection. Car dans une France où le risque existe de voir l’extrême droite arriver au pouvoir, la gauche, si elle continue ainsi, a de grandes chances d’assister à l’événement depuis son banc de touche.

Évidemment, on aurait pu espérer une initiative plus citoyenne, moins de sommets. Mais, enfin, elle est sur la table.

Vous avez conscience de l’enjeu et chacune, chacun d’entre vous a pris soin d’évoquer l’impérieuse nécessité de travailler « avec force et détermination à l’unité » pendant que vous annonciez votre candidature à la présidentielle.

Étrange paradoxe qui souligne la difficulté de la tâche.

Yannick n’a pas renoncé à sa candidature ; Éric vient d’annoncer la sienne ; Fabien vient d’être désigné par les communistes ; et Jean-Luc est en campagne ; Arnaud l’est tout autant mais ne viendra pas ; quant à Benoît, il estime, à juste raison, qu’il serait criminel de se diviser pour mieux imposer la candidature de Christiane Taubira.

Comme il est peu probable que chacun d’entre vous renonce dès le début de la réunion à ses propres privilèges d’être candidat, seul Olivier Faure s’est risqué à dire qu’il était prêt à se mettre derrière les écologistes et n’en fut pas remercié par ces derniers qui lui ont fermé la porte au nez, comme déjà Bayou a annoncé, à toutes fins utiles, que les écologistes avaient leurs primaires en septembre ; comme Delphine Batho, ancienne ministre socialiste, a été encore plus cash en déclarant « jamais avec les socialistes » ; comme, depuis l’annonce de cette réunion unitaire, il y a deux candidatures de plus, Eric Piolle et Fabien Roussel, et que Mélenchon fait de la dénonciation de la campagne sur l’islamo gauchisme le préalable à un accord.

Il est peu probable - ce qui serait pourtant souhaitable - que vous sortiez de cette réunion avec une candidature unique. Cela, alors que tous les sondages vous donnent éliminés dès le premier tour de la présidentielle. La division lors des élections régionales et départementales n’est qu’un avant-goût de ce qui va se passer lors de la présidentielle.

Il n’y a, pourtant, pas de fatalité à la marginalisation de la gauche. Il y a même « un besoin de gauche » dans ce pays, en proie à de multiples maux. La gauche électorale ne s’est pas évaporée. Regardons les municipales : la gauche est seulement désemparée par l’absence d’union, de vision clairement républicaine, d’une écologie inclusive et d’un volontarisme social.