1049 Jours de Guerre en Europe

1. Barnier, les mathématiques et la Justice

2. Mélenchon et le Hezbollah

3. L'Europe au bord du gouffre

4. La Gauche et son renouveau

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1. Barnier, les mathématiques et la Justice

Les Français sont fatigués, les commentateurs désabusés, et pourtant cela ne fait que commencer. Le problème n'est pas tant la qualité du Premier ministre, qui est un conservateur des plus classiques. Ses qualités n'avaient séduit ni Chirac ni Sarkozy, ce qui tendrait à démontrer qu'il n'en est pas dépourvu. Ce n'est même pas la nature du gouvernement qui est le principal problème. Celui-ci est à droite, très hétéroclite, et selon le Premier ministre, dimanche sur la 2, il ne veut pas d'une cohabitation, mais d'une concertation avec le Président. Ce n'est pas non plus la star du gouvernement, B. Retailleau, qui est en cause. Certes, ce dernier a frappé médiatiquement et éclipsé ses petits camarades avec son "j’aurai trois priorités : l'ordre, l'ordre, l'ordre" lors de la passation devant le ministère de l'Intérieur. Je n'avais pas vu que Darmanin avait prôné le désordre. Le Ministre veut être la vitrine de la droite en matière de sécurité. Il rêve d'un match retour après la censure du Conseil constitutionnel sur ses mesures concernant la loi sur l'immigration. L'ancien Président du groupe LR au Sénat va nous faire du Ciotti à l'Intérieur. Désagréable, mais il va surtout mettre Renaissance sous tension. Enfin, le problème n'est pas non plus l'opinion de cette majorité nationale chère au général De Gaulle. Elle semble moins hostile au Premier ministre qu'au président de la République : 59 % contre 70 %. Mais les sondages démontrent que l'opinion n'adhère pas pour autant au gouvernement. 70 % des Français estiment que celui-ci n'est pas conforme au résultat du scrutin. Pire, plus de 50 % pensent la même chose dans l'électorat présidentiel. Mais les Français sont stupéfaits, voire atterrés par la crise politique, et ne souhaitent pas, à ce stade, l'aggraver.

Le problème du gouvernement Barnier est avant tout une question de pure mathématique élémentaire : le gouvernement Barnier a une majorité parlementaire contre lui. La combinaison entre la minorité présidentielle et l'appendice LR ne peut transcender cette question. On ne réforme pas un pays avec une minorité parlementaire, surtout si l'on annonce, comme le Premier ministre, que l'on "ne prendra pas toujours des mesures populaires". On n'impose pas une cure d'austérité au pays avec un couteau sans lame. Le Parlement ne se réduit pas à la motion de censure. On y vote aussi des lois, un budget, et accessoirement des lois d'origine parlementaire. Par exemple, si la gauche ne vote pas le texte du RN sur l'abrogation de la réforme des retraites, le RN votera celui de la gauche. Et le gouvernement n'a aucun moyen de s'y opposer. Sur chaque texte, il faudra négocier l'abstention d'un des deux "blocs opposants" pour le faire passer.

Et puis, nous assistons déjà à un incroyable retournement, c'est même "le grand retournement" : le Premier ministre issu d'un Parlement anti-RN est contraint de téléphoner à Marine Le Pen pour s'excuser parce que le nouveau ministre de l'Économie, le très jeune Antoine Armand, a dit que sa porte serait fermée au RN. C'est bien plus qu'un signe, c'est une connivence. Vous verrez, avec le budget, le Premier ministre battre le record d'Élisabeth Borne en termes de 49.3. Un budget en trompe-l'œil d'ailleurs, où l'on fera croire que l'on évitera l'austérité par des mesures ciblées, alors que les services publics, les collectivités et les dépenses sociales seront en fait impactés. La déclaration du ministre du Budget, Laurent Saint-Martin : "nous redressons les comptes d'abord et prioritairement en réduisant les dépenses" est sans appel. Le gouvernement, qui parle d'un déficit de 6 %, va demander du temps à Bruxelles et tenter de réduire les dépenses budgétaires. C'est déjà ce que le gouvernement Attal préconisait et le budget qu'il avait en grande partie préparé.

Au fond, le seul acte politique de ce gouvernement sera le discours de politique générale, suivi d'une motion de censure socialiste que le RN ne devrait pas voter. Le discours de Barnier sera celui d'un gouvernement auquel vous avez échappé, et qui ne gouvernera pas vraiment, car la donne mathématique l'en empêchera. Et la motion de censure socialiste sera celle à laquelle vous échapperez et qui ne débouchera pas, car ce n'est pas encore le moment pour le RN. Il y a quand même un sens caché à celle-ci. Le but est de dire : nous sanctionnons la continuité de Macron, contraire au vote des Français. Cette censure aura donc un signifié : le "non à Barnier", faux-nez de Macron, et un signifiant : "non à tout autre qui ne serait pas le Nouveau Front populaire." À bon entendeur, Salut !

La représentation nationale va, à travers soubresauts et controverses, amuser ou désespérer la galerie. On attendra la motion de censure comme on attendait Godot ou les Tatars. L'absurde attente de ce qui viendra ou pas, comme chez Beckett, ou la fuite du temps et sa langueur monotone chez Buzzati, en attendant la bataille finale. Mais la censure viendra, car tout le monde l'a souhaité pour poser la question de la démission du Président. Et il est fort probable que "le choix de Marine" en ce domaine soit calibré sur le jugement de son procès début 2025. Elle voudra voir si, comme Bayrou, elle échappe à l'inéligibilité. Vous avouerez que ce n'est pas sans intérêt pour se présenter à la présidentielle. Le procès passé avec ses gros titres et l'opprobre, c'est le rendu du délibéré qui aura, pour la direction du RN, son importance.

Alors, pour l'action quotidienne au Parlement, les mathématiques sont défavorables à M. Barnier. Quant à la durabilité du gouvernement, elle tient – nonobstant l’incident de parcours  à une décision de justice. C'est dire où nous en sommes.

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2. Mélenchon et le Hezbollah

Mélenchon a une mémoire sélective. Le 26 février 2000, Lionel Jospin, Premier ministre, se fait caillasser à l'université de Bir Zeit au point de rebrousser chemin pour avoir traité la veille le Hezbollah de terroriste. On connaît l'attachement de Jean-Luc Mélenchon à Lionel Jospin. On se souvient tout autant que Mélenchon, à l'époque, était un de ses ministres. On retiendra que la droite avait vertement mis en cause le Premier ministre en estimant que "Jospin a dérapé". Chirac avait enfoncé le clou par une missive à l'autre tête de l'exécutif indiquant qu'il ne fallait pas remettre en cause la paix ! Rien que cela. Arafat s'était d'ailleurs excusé au nom des Palestiniens. J'ai déjà évoqué cet épisode à propos de la nature du Hamas après le 7 octobre.

Mais cette fois-ci, c'est le Hezbollah lui-même qui est en cause. Et à nouveau, le leader de la France Insoumise ne veut voir que les actions belliqueuses et meurtrières de Netanyahou. Celles-ci sont incontestables, elles menacent de tout enflammer. Mais il est tout aussi incontestable que le Hezbollah est une milice terroriste qui a bombardé le nord d'Israël en "solidarité avec Gaza". On peut aborder la question sous tous les angles : l'offensive de Tsahal plonge le Liban dans la guerre, où des civils sont sur les routes, et certains vont mourir. Les gesticulations et exactions du Hezbollah le long de la frontière ont produit l'exode des populations israéliennes et donné à Netanyahou le prétexte pour bombarder le Liban. Les dés sont pipés pour la gauche, qui a l'habitude d'embrasser un camp pour définir une guerre juste. Là, il n'y a pas de représentations défendables d'une des deux causes pourtant justes : un État palestinien et la sécurité d'Israël. Elles sont toutes dévoyées.

La défense d'Israël, pour vivre en sécurité, est portée par une coalition où domine l'extrême droite suprémaciste et palestinophobe, provoquant des dizaines de milliers de morts, des scènes d'horreur, et un tollé international contre Israël, servant de prétexte au retour de l'antisémitisme. La cause d'une terre palestinienne est dévoyée par des milices terroristes intégristes qui veulent détruire Israël, jeter les Juifs à la mer et instaurer un État islamique. Immanquablement, toute prise de position légitime un camp et conduit à des rappels à l'ordre immédiat au nom de la morale politique. À la fin, on en est prisonnier, ou on doit justifier l'injustifiable, généralement en disant que l'autre a fait pire.

Si la droite est inconditionnellement derrière Netanyahou pour des raisons liées à la lutte contre les musulmans, la gauche ne peut l'être derrière le Hamas, le Hezbollah, ou être l'allié objectif de l'Iran. Le Hezbollah a installé son hégémonie dans le sud du Liban après la défaite de l'OLP. Les massacres dans les camps de Sabra et Chatila, perpétrés par les Phalanges chrétiennes avec la complicité implicite d'Israël et du général Sharon, ont provoqué émoi et terreur dans la population libanaise musulmane chiite. Le Hezbollah a canalisé cette terreur, l'a captée, puis organisée, c'est-à-dire verrouillée. Il ne s'agit pas d'un mouvement de libération nationale comme l'était le CNR en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Hamas ou le Hezbollah sont des mouvements à des fins théologiques. La gauche a déjà donné avec le soutien à Khomeini.

C'est pour cela que l'argument des Insoumis : "On ne peut pas mettre sur le même plan les coloniaux et les colonisés", ne tient pas. Qui conduit la lutte et pourquoi déterminent la nature et l'issue de la lutte. Depuis l'installation du Hezbollah, on ne compte plus les attentats, y compris en France, et sa participation aux actions de l'Iran. La gauche ne doit se situer que du côté des victimes, d'où qu'elles viennent. Elle doit dénoncer sans relâche l'antisémitisme et le racisme anti-arabe et anti-palestinien. Elle doit exiger le cessez-le-feu, le retour des otages, et une solution à deux États. On ne peut condamner les bombardements d'Israël sur le sud du Liban sans le faire pour ceux du Hezbollah sur le nord d'Israël. Tout comme on ne peut condamner le slogan "de la mer au Jourdain" et laisser coloniser la Cisjordanie.

La gauche doit enfin se conformer au droit international, notamment à l'application des résolutions de l'ONU (1701 et 1559) concernant le Hezbollah, qui spécifient son désarmement et son retrait derrière le fleuve Litani. De même, il faut condamner l'occupation illégale de la Cisjordanie par Israël. Il est par ailleurs peu probable que l'on puisse obtenir un cessez-le-feu israélien sans que le Hezbollah cesse de bombarder le nord d'Israël, prétexte fallacieux pour Netanyahou, qui attend la phase 3 avec la Cisjordanie, puis ce sera le tour de l'Iran. Nous devons donc réclamer un cessez-le-feu immédiat des deux parties, et pas seulement d'Israël, comme le fait dans ses tweets J.-L. Mélenchon, où il apporte son "plein soutien à la résistance libanaise", laissant entendre qu'il s'agit du Hezbollah.

La réalité libanaise est complexe, car l'État est subordonné à une subsidiarité confessionnelle depuis les accords de Taëf. La question nationale libanaise est handicapée et bridée par le Hezbollah, un État dans l'État, qui exerce un contrôle social et militaire sur le sud du Liban au service de l'Iran. Le Hezbollah ne respecte pas les résolutions de l'ONU, tout comme Israël. Les grandes familles libanaises et les communautés entretiennent donc un rapport ambivalent avec le Hezbollah : bien qu'il soit perçu comme un cancer, elles siègent quand même au parlement et au gouvernement avec la milice chiite. En aucun cas, on ne peut parler de résistance à une colonisation qui n'a pas lieu, du moins au Liban.

Si nous sommes les déracinés d'une cause et sur le fil du rasoir, il ne faut pas se tromper de combat. Les bombardements aveugles au sud et spectaculairement précis à Beyrouth poussent les populations chiites vers le nord, où elles rencontrent l'hostilité des Chrétiens et des autres communautés, réactivant la mémoire de la guerre civile. Le risque de désagrégation de ce qui reste de l'État libanais en décomposition est réel, et la guerre civile n'est pas loin. Cela montre que le concept de Résistance nationale de Mélenchon ne tient pas la route. Netanyahou, quant à lui, ne veut pas du cessez-le-feu demandé par les États-Unis et la France, soutenus par le secrétaire général de l'ONU. Cela montre qu'il envisage une intervention terrestre si le Hezbollah ne se retire pas.

Nasrallah est mort, le Hezbollah est décapité. Les cibles sont atteintes, mais que de malheurs, de vies brisées, de morts et de ressentiments. Il est plus que temps que cela s'arrête, mais que peut-on attendre de Netanyahou et de l'extrême droite qui gouverne et veut le Grand Israël sans Palestiniens ni Arabes ?

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3. L'Europe au bord du gouffre

Les élections européennes passées, l'Europe n'est plus à l'agenda, pour peu qu'elle le fût lors du débat électoral. On parla plus de la sanction de Macron et de la Palestine que des enjeux européens. Mais pour autant, l'Europe se rappelle à nous. La vague nationaliste ne cesse de grossir. La guerre d'agression russe absorbe une partie de nos dépenses militaires. Mais surtout, l'Europe est au bord d'une grande dépression où la panne industrielle allemande et les déficits français menacent l'édifice. Pendant que la Commission n'a jamais été autant centralisée pour si peu de vision, l'Allemagne est en récession industrielle. Par exemple, Volkswagen vient d'annoncer la suppression de 30 000 emplois. Et la relance chinoise est d'abord intérieure, ce qui ne milite pas pour un rebond allemand. La France est quasiment en croissance zéro, étouffée petit à petit par ses déficits. Les taux d'intérêt sont aujourd'hui au niveau de ceux de fin juin - début juillet, quand les marchés étaient affolés par la venue de l'extrême droite puis de LFI. L'Italie ne va pas mieux, pendant que l'Europe centrale tire la langue et les pays scandinaves renoncent à leur modèle d'État providence et à l'accueil. La zone euro est au plus mal.

C'est ici que la nature de la BCE la conduit à se tromper de cap. Elle a pour mandat la stabilité des prix et conduit donc une politique de contraction monétaire, pendant que les États réduisent leurs dépenses budgétaires. Cette politique tourne le dos à l'investissement et à la croissance, seuls moyens de lutter efficacement contre les déficits en France et de relancer la machine économique européenne. Le rapport Draghi préconise l'inverse : un investissement massif pour éviter à l'Europe de décrocher. Non seulement nous sommes en pleine stagflation, mais nous ratons le tournant de la révolution de l'immatériel et le défi de l'IA.

La politique actuelle de l'Europe rappelle les décrets-lois de Laval ou les mesures du Chancelier Brüning dans les années 30, avec les conséquences que l'on connaît. L'Europe s'enfonce dans la crise, prend du retard sur les États-Unis et l'Asie, et se voit menacée par une vague nationaliste sans précédent depuis l'avant Seconde Guerre mondiale, tout en affrontant une guerre d'agression russe contre son modèle de démocratie libérale. Cette guerre a fortement impacté l'économie européenne, mis en lumière sa dépendance énergétique et creusé les désaccords stratégiques entre la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne, voire les pays baltes. Mais en Europe, personne ne veut évoquer les conséquences d'une défaite russe ou ukrainienne. Cela n'existe pas, encore moins les "dividendes" de la paix. Ils ne seront pas tous positifs en termes agricoles ou industriels. L'Allemagne en profitera-t-elle, comme elle a profité de la chute du Mur de Berlin ? On peut légitimement se poser la question.

Avons-nous une Commission à la hauteur du défi alors que les nations européennes sont accaparées par des questions existentielles ? On ne peut être qu'effaré par l'étroitesse de pensée de sa présidence, entièrement concentrée sur son pouvoir et prête à tous les compromis avec une partie de l'extrême droite européenne. La verticalité induite par la composition de la Commission n'aurait que peu d'importance si elle servait une stratégie politique claire. Mais l'attribution de "ministères" dont les intitulés ne correspondent pas aux administrations centrales européennes, répartis dans d'autres ministères, ainsi que le conflit avec le commissaire français Thierry Breton, qui prenait trop de lumière, et un mode de fonctionnement décrit par tous comme autoritaire et centralisé, posent non seulement un problème de gouvernance, mais la question du pourquoi faire. "Le poisson pourrit par la tête", dit le dicton. Il serait temps de tirer la sonnette d'alarme, car tout finira par être emporté.

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4. La gauche et son renouveau

Et si Jean-Luc Mélenchon avait paradoxalement permis la constitution d'une social-démocratie qui n'a jamais existé en France ? On se pose en s'opposant, dit-on. Pour avoir longtemps prêché dans le désert pour une mutation social-démocrate, j'ai pu constater l'accélération due à l'avènement du moment Jean-Luc Mélenchon. Car la social-démocratie française est avant tout un anti-populisme. Une réaction à la stratégie de rupture visant à mettre à mal toute culture de gouvernement. Une auto-défense d'une "gauche du réel" pour parler comme Karim Bouamram. Et comme on ne peut être seulement dans l'anti-mélenchonisme, cette posture s'est chargée d'un contenu à la fois explicite et nouveau : la social-écologie.

Ce sera donc le drapeau commun des opposants à la mélenchonisation des esprits très divers à gauche. Si le vocable "gauche de gouvernement" ne s'est pas imposé, c'est tout simplement parce qu'il fallait un supplément d'âme qui ne cantonne pas cette gauche à la simple gestion. Et donc la social-démocratie sera ce concept qui recouvre le projet d'une démocratie sociale écologique et d'une méthode, celle du compromis. Ce n'est pas non plus la seule défense des valeurs républicaines comme des principes éthérés. Il s'agit d'une égalité réelle qui attaque les inégalités à la racine, d'une liberté ordonnée qui n'est ni libertaire ni illibérale, et d'une fraternité laïque, car sans laïcité, il n'y a pas de réelle fraternité. Cela ne veut pas dire laïciser la société. Et la certitude que l'on ne peut atteindre la social-écologie dans un seul pays fonde le renouveau de l'engagement européen.

Beaucoup ont été réticents au vocable. Un Raphaël Glucksmann a tenté de trouver une autre définition, mais a dû renoncer. François Hollande, alors qu'il fut un des partisans de Jacques Delors, ne reprit que tardivement le concept. Bernard Cazeneuve emploie peu la formule, préférant la référence à la République, et Carole Delga a mis en avant la France des territoires. Mais la social-démocratie s'est imposée comme slogan commun. Même François Ruffin, pour s'extirper du magma en fusion mélenchoniste, a emprunté le terme. Et la gauche macroniste a décidé d'en faire le label de sa distinction. Bref, la social-démocratie a cessé d'être un objet de colloque pour devenir une "marque de fabrique".

Nous sommes aujourd'hui dans une nouvelle phase. La réussite des rencontres de Bram autour de Carole Delga hier, où je me suis rendu ; le fait que cette dernière fût réélue triomphalement présidente de région et qu'elle préside l'association des présidents de région ; la présence de toutes les grandes voix de la social-démocratie samedi ; les futurs rassemblements de Raphaël Glucksmann d'une part et de Karim Bouamram de l'autre la semaine prochaine ; l'action concertée entre les courants du PS de Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol en vue d'un prochain congrès du PS pour lui faire changer de direction ; les prises de position de personnalités hier, soutiens d'Olivier Faure : Jérôme Guedj, Benoît Payan, Luc Carvounas, etc. ; le regroupement des clubs dans le Lab de la social-démocratie et son programme fondamental social-démocrate ; la réunion des social-écologistes la semaine dernière à Angers autour des sénateurs écologistes Grégory Blanc ou Ronan Dantec ; et bien sûr, l'embellie sondagière de François Hollande et la possibilité de Bernard Cazeneuve comme futur Premier ministre, voire de Karim Bouamram. Tout cela crée un espace, une nébuleuse, une mouvance, qui demande un précipité pour sortir de son état gazeux.

Il faut une coordination, une confédération, un comité de liaison des forces social-démocrates pour peser définitivement sur la politique française. L'objectif reste de reformuler la gauche de gouvernement, soit par une rupture au PS avec le gaucho-socialisme, soit en organisant un espace social-démocrate qui aura son mot à dire lors des prochaines échéances. C'est maintenant possible, c'est devenu une nécessité pour redresser le pays, engager sa mutation sociale-écologique et battre le nationalisme d'exclusion de madame Le Pen.

À dimanche prochain.