979 jours de Guerre en Europe
1. L'attentat raté qui réussit à sauver Trump.
2. Macron, Mélenchon, Le Pen : le triangle de la détestation.
3. Que faire de J.-L. Mélenchon ?
4. Pogacar, le nouvel Armstrong ?
0000
1- L'attentat raté qui a réussi à sauver Trump
L'attentat raté contre Donald Trump semble un lointain écho de ceux contre JFK, Bob Kennedy, Martin Luther King ou R. Reagan. Dans la démocratie américaine où les armes circulent librement, il n'est pas rare que l'on s'attaque physiquement à des politiques. Une balle a effleuré l'oreille de l'ancien président Trump. Elle aurait pu le tuer s'il n'avait pas tourné la tête au moment décisif. Mais c'est son attitude, donnant lieu à une photo et un slogan, qui a fait basculer la campagne électorale. D. Trump sur fond d'un ciel bleu immaculé, le sang sur le visage, s'extirpant de la protection des membres du "Secret Service" alors que flotte en arrière-plan le drapeau américain. Le poing levé, il crie "Battez-vous !" La photo a résumé tout à la fois le drame dans la nation américaine et l'énergie de celle-ci. Aucune agence de communication au monde n'aurait pu concevoir le choc de la photo et le poids du mot. Esthétiquement impeccable et politiquement percutante, il s'agit d'une image qui non seulement va donner à Donald Trump une dimension mystique dans son électorat, mais marquer symboliquement la différence avec J. Biden chez les indécis. Et ceci à quelques mois de l'élection alors que les démocrates se demandent s'il faut garder le président comme candidat. L'appel de B. Obama à J. Biden lui demandant de reconsidérer sa candidature sonne comme la fin de celle-ci. Le changement de candidat pour les démocrates ne changera pas la donne et risque même de l'aggraver. Mais le maintien du vieux président est devenu un handicap insurmontable. D. Trump est devenu inattaquable. Il est revenu d'entre les morts "grâce à Dieu", dit-il. Et comme il ne perd pas le nord, il exige l'abandon de toutes les poursuites judiciaires à son encontre. J. Biden s'y reprend à 3 reprises pour trouver le ton amical pour "Donald" et solennel pour l'appel à l'unité de la nation. Mais c'est moins le propos qui frappe que l'image, là encore, du président entrant et sortant raide et à petits pas lors de ses allocutions. Elle souligne que Biden n'est pas suffisamment en forme pour affronter le monde violent que traverse l'Amérique. Incroyable retournement de situation pour Trump. Il était il y a peu dans un prétoire accusé d'avoir acheté le silence d'une actrice du X. Accusé de tous les maux dans différentes affaires, accusé d'avoir quasiment tenté un coup d'État contre la démocratie en organisant une émeute et la mise à sac du Capitol, cela semblait vertigineux, au point que l'on s'interrogeait de savoir s'il n'allait pas être compté « out » pour ses turpitudes. Et là, le doigt de Dieu le désigne, peut-il défendre sans que l'Amérique profonde le conteste. Voilà qui va confirmer qu'en politique on n'est jamais mort. Mais maintenant, non seulement les démocrates ont un problème de casting, mais de scénario. Les Républicains se sont rués pour dénoncer la campagne des Démocrates stigmatisant l'illibéralisme et l'irresponsabilité du candidat républicain. Alors comment s'attaquer à une icône ? Les Républicains ont leur récit. N'ayant pas réussi à le battre, ils ont cherché à le tuer. La campagne est aujourd'hui encore moins politique qu'hier et elle vient pour un temps de perdre sa ligne de clivage. Dans son allocution lors de la Convention républicaine, Trump a évoqué une victoire extraordinaire lors des élections. En ce mois de juillet, on peut difficilement lui donner tort.
0000
2- Macron Mélenchon Le Pen ou le triangle de la détestation
Comme prévu, le 18 juillet a vu la défaite du nouveau Front Populaire lors de la bataille du perchoir ; comme prévu, pour l'emporter, le NFP minoritaire devait trouver des alliés au-delà de son camp ; comme prévu, la droite Ensemble et l'extrême droite ont fait de J-L Mélenchon leur trait d'union implicite et explicite. Nous sommes passés en 8 jours du "Tout sauf Marine Le Pen" au "Tout sauf Mélenchon". Nous sommes passés du sursaut à un nouveau pas dans la décomposition. Cette lamentable pantomime à trois figures de détestation ordonne la situation politique : Macron, Marine Le Pen et Mélenchon. Si Marine Le Pen a raté Matignon à cause du rejet de ce qu'elle incarne, ce qui a provoqué un Front Républicain de grande ampleur ; si elle a ruiné la stratégie de la banalisation du mal, le Président, après une dissolution irresponsable, a refusé de reconnaître sa défaite et plonge le pays dans le marasme politique. Jean-Luc Mélenchon refuse lui de reconnaître que le NFP, en tête au second tour grâce au Front Républicain, n'a pas la majorité pour gouverner sur son programme. E. Macron espère un front avec les Républicains pour se sauver, pendant que Mélenchon refuse le Front Républicain pour mieux exister. Le président de la République est enfermé dans son monde. Il sermonne ses ministres dans son bunker de l'Élysée comme s'il dominait encore. Il garde son Premier ministre. Il conserve sa présidente de l'Assemblée. En apparence, il ne s'est rien passé pour lui. Pourtant, si personne n'a gagné, le Président a perdu cette élection. Mais au fond, il n'a plus de cap, il est à la cape, comme disent les voileux. Face au vent, il abaisse les voiles et attend des jours meilleurs, pendant que la France s'abîme dans les crises et les déficits. Mélenchon s'acharne à être la voix d'un peuple fantasmé dont il serait l'épouvantail. L'homme le plus détesté de France est devenu le repoussoir utile aux alliances à droite. Mais cela ne l'empêche pas de demander, pour lui et les siens, le poste de Premier ministre d'une coalition minoritaire à l'Assemblée. La stratégie de l'autruche et celle du putois conduisent la France au bord du chaos. Comme si cela n'était pas suffisant, la cohabitation entre la Présidente de Ensemble, Madame Braune Pivet, et le bureau de l'Assemblée majoritairement à gauche annonce une assemblée sous tension, le tout sous le regard impavide du Rassemblement National attendant que le fruit trop mûr tombe de l'arbre faute de pouvoir convaincre une majorité de Français. Pour ceux qui s'interrogent sur comment la 3ème République a sombré dans la débâcle et le soutien à Pétain, ce qui se passe est une leçon de choses. Entre lâchetés, calculs à courte vue et enfermement dans l'entre-soi, nous avons les ingrédients d'une future débâcle.
0000
3- Que faire de JL Mélenchon ?
La Gauche est dans un piège infernal. Elle s'est enfermée dans le fétichisme de l'union, quelles qu'en soient les conditions. Et elle a déifié la radicalité comme une réalité électorale incontournable. Avec cette lecture des événements, elle est pieds et poings liés à la stratégie de différenciation maximale de Jean-Luc Mélenchon. Ce qui la rend impropre à accéder au pouvoir. L'alliance tactique pour sauver des postes conduit à une impasse stratégique. On évite de perdre avec Jean-Luc Mélenchon. On ne peut gagner avec lui. Comment se sortir de ce piège ?
D'abord en caractérisant le mélenchonisme. Ce n'est pas la gauche. C'est un populisme de gauche. Et ce n'est pas la même chose. Il y a une différence de nature entre les deux. Le populisme de gauche se fixe comme objectif de "constituer le peuple" et non de gouverner à gauche la France. Sa stratégie refuse le clivage gauche droite. Elle impose un clivage peuple élite. Elle est transpartisane, sans partis ni frontières. Les partis, pour les Insoumis, sont les représentants de l'oligarchie. Et la frontière gauche droite conforte le libéralisme. Sa rhétorique est un ensemble clos. Elle consiste à enfermer le peuple de gauche et ses représentants dans la dénonciation, la contestation, l'interpellation, ce qu'on a résumé par le "bruit et la fureur". Il s'agit, en s'appuyant sur un pôle de radicalité autour de 12 %, de construire un bloc contestataire qui permet à un peuple idéalisé de se constituer. Elle donne par ailleurs le socle minimum pour un vote utile à gauche. Voilà pour le fond. La gauche et le populisme ne parlent pas la même langue et n'ont pas le même but : gouverner ou contester. Ce n'est pas une querelle d'accent. C'est une différence de nature.
Quant à la forme, elle résume le fond. La provocation, pour susciter la réaction du peuple, emploie tous les arguments, y compris les plus nauséabonds. Le régime interne du mélenchonisme est lui stalinoïde. C'est un centralisme sans démocratie, entièrement subordonné au pouvoir personnel de son leader. Les oppositions divergentes sont considérées comme des manifestations petites bourgeoises favorisant les classes dominantes. La grande différence avec le PCF des années 70 réside dans le fait que ce dernier était lié à l'URSS. Et la défense de "l'État ouvrier" a influencé sa stratégie. Le rapport Dimitrov dans les années 30 a conduit au Front Populaire et les "recommandations" de Souslov dans les années 70 à l'union de la gauche. Il y avait une stimulation externe à l'union dans ces séquences pour le PC. On l'a décelé en France dès 1965 dans le soutien à la candidature de François Mitterrand par Waldeck Rochet et de son directeur de cabinet Charles Fitterman. François Mitterrand a conjugué cette "influence" avec une stratégie électorale qui a utilisé l'union pour dominer le PCF et ainsi s'ouvrir les portes du pouvoir.
Aujourd'hui, rien de tout cela. La France insoumise est une formation gazeuse et autiste. L'union conforte sa stratégie, à savoir de détruire toute représentation qu'il juge "réformiste". L'objectif, c'est la grande confrontation entre lui et Marine Le Pen. Dans les années 70, il fallait dissoudre la radicalité communiste dans le bain de l'union réformiste. Aujourd'hui, il s'agit de dissoudre les partis réformistes dans le bain de la radicalité, car ils seraient des obstacles à la voie-voix du peuple. Mais on ne saurait pour autant confondre le clan mélenchonien et l'électorat de La France insoumise qui aspire à un changement radical certes, mais pas à témoigner. C'est là le talon d'Achille du mélenchonisme. La contestation radicale du monde renonce à le transformer et conforte l'extrême droite en bouchant toutes perspectives concrètes. Il faut donc sortir du tête-à-tête avec Mélenchon et se tourner vers le pays pour proposer une alternative à l'extrême droite. Voilà pourquoi je préconise depuis longtemps l'autonomie stratégique d'un PS reformulé. Il faut sortir de la mythologie radical-unioniste. Il faut d'abord s'opposer à l'idée qu'il faut se fondre dans la radicalité dominante à gauche comme rédemption à sa pratique réformiste du pouvoir. Il faut lui opposer l'idée que la gauche et le pays aspirent majoritairement à un bloc républicain de transformation sociale écologiste.
Le succès dans la partielle de l'Ariège ou de Glucksmann aux Européennes démontre sur le plan électoral que ceci est payant. Il faut, au plan politique, appliquer la stratégie de la CFDT qui est sortie de sa subordination à la CGT. Elle a construit une offre propre qui ne lui a pas interdit de s'allier avec la centrale de Montreuil au moment des retraites. Il faut aussi rompre avec la peur de l'encadrement socialiste d'un retour du molletisme : radicalité dans les propos mais opportunisme dans la pratique. Le molletisme, ce n'est pas un risque pour demain, c'est la réalité de la pratique socialiste aujourd'hui. Le PS signe des professions de foi auxquelles il ne croit pas, qu'il n'appliquera pas. Mais il fait mine d'adouber le programme de JL Mélenchon pour, pense-t-il, se sauver. L'autonomie stratégique rompt avec l'idée que c'est l'union qui fait le programme. Non, dorénavant, c'est le programme qui doit faire l'union. C'est un nouveau récit, un nouvel imaginaire pour la France qui doit conduire à une double fracturation du libéralisme macronien et du bougisme mélenchonnien pour constituer une alternative crédible à l'extrême droite. Déjà, les "sociaux-démocrates" macroniens et les purgés mélenchoniens révèlent les linéaments d'une stratégie possible. Mais cela nécessite une offre nouvelle : la social-démocratie décomplexée. Souvenez-vous, il y a encore deux ans, l'évocation de ce concept faisait frémir d'horreur le PS et beaucoup d'autres. Il faut donner les moyens stratégiques à l'autonomie de la social-démocratie, c'est la proportionnelle. Mais cela commence par l'estime de ce qu'on est, et ne pas passer sous la table quand Mélenchon tonne contre le PS ou que Madame Chikirou traite les socialistes de « punaises de lit ». Il faut avoir l'estime de soi, de son Histoire, de ce que l'on veut faire. Enfin, il faut une méthode pour incarner, le moment venu, une femme ou un homme qui correspond à ces principes. La rupture avec Mélenchon, c'est tout autant une attitude qu'une stratégie. Il ne suffit pas de constater la capacité de nuisance des Insoumis et d'en être accablé. Mais de bâtir une orientation politique qui permette de s'en dégager tout en se donnant les moyens de gagner à gauche.
0000
4- Pogacar, le nouvel Armstrong ?
Le porteur du maillot jaune est non seulement en passe de gagner le Tour d'Italie et le Tour de France, mais il a réussi à battre le record de la montée du col du pla d'Adé dans les Pyrénées. Il aurait mis à deux dopés 5 min à Lance Armstrong et 2 min au "Pirate" Marco Pantani. On comprend que le coureur texan trouve que le coureur slovène en fait trop. Mais c'est dans la montée de Isola 2000 que notre champion a pulvérisé le mur du son.
Les statistiques de la montée de Pogacar sont tout simplement époustouflantes. Avec une vitesse moyenne de 24,07 km/h sur une pente moyenne de 7,87% sur 15,95 kilomètres, et après avoir déjà affronté cinq cols ce jour-là, la performance dépasse l'entendement. Vayer a calculé une puissance de 480 watts étalon, un chiffre qui dépasse largement les standards habituels du cyclisme.
S'il a vraiment fait ça tout seul, alors il faudrait que la science se penche sur son métabolisme pour voir si on n'a pas des trucs à apprendre pour les malades.
Pogacar est peut-être, sans le savoir, porteur en soi d'un médicament à venir pour les personnes souffrant d'asthme, de crampes, de tétanie, d'insuffisance cardiaque. Pogacar (R) bientôt en pharmacie !
A dimanche prochain.