4039 jours de guerre en Europe
1/ Guerre et Paix de Trump ; 2/ Et maintenant PP, PS, Verts : la nouvelle alliance ; 3/ Répliques
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1/Guerre et Paix de Trump
Le plan de Donald Trump, la paix contre les otages, est d’abord un soulagement pour les familles israéliennes qui retrouvent les leurs après une si interminable attente angoissée, pour les Gazaouis bombardés, affamés, déplacés, pour les juifs dans le monde au cœur d’une vague antisémite qui les a ciblés pour ce qui a été fait là-bas.
Pour toutes ces raisons, il faut louer ce succès, indépendamment de qui l’a imposé, et de son improbable pérennité.
Seul Trump pouvait obtenir de Netanyahu et de ses ministres suprémacistes d’extrême droite un cessez-le-feu. Une fois obtenu, on se demande pourquoi il a dû tant attendre, de subir autant de souffrances de part et d’autre pour que Trump impose ce friable dénouement.
Le président américain a mal vécu son isolement sur l’État palestinien, à l’initiative de la France aux Nations unies. D. Trump, à Charm el-Cheikh, a manifesté explicitement son agacement vis-à-vis de la France par un remerciement enrobé d’acide brocardant le président français. Il est toujours de bon ton en France de dauber sur les initiatives françaises en matière diplomatique. Personne n’a même pas pris soin de souligner que E. Macron est venu à ce rendez-vous avec le seul Palestinien de la conférence, M. Abbas, imposant sa présence à Trump qui se refusait de le rencontrer.
Les initiatives françaises n’ont imposé ni la Paix ni un État palestinien. Cependant, ils ont fait bouger la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et même à leur manière un peu l’Allemagne et le Japon. Cette dynamique a contraint le président américain de reprendre la main par un cessez-le-feu et le retour des otages. Ce ne fut pas le seul événement qui a bousculé l’inébranlable soutien américain à Netanyahu. Réunis à New York sous l’égide de D. Trump, les pays arabes ont laissé éclater leur colère après le bombardement du Qatar par Israël, dont ils pensent qu’il n’a pu avoir lieu sans l’accord de Washington. Pour les mêmes raisons, la bouderie de l’Arabie saoudite avec qui la famille Trump est en « affaires » a tout autant démontré que la cote d’alerte était atteinte. La communauté juive aux États-Unis s’est retournée contre Netanyahu, et même les évangélistes après la guerre de la faim puis cette offensive à Gaza City sans autre raison que la poursuite de la guerre. Celle-ci elle-même critiquée par l’armée et une majorité de l’appareil sécuritaire israélien. Tout cela faisait beaucoup pour une folie sanguinaire sans issue.
Pour l’administration américaine, Netanyahu n’arrivait pas à terminer militairement cette guerre qu’il a politiquement et diplomatiquement perdue. D'une part, il est impossible de régler la situation des Gazaouis, car on ne peut ni les expulser ni les parquer durablement. De l’autre l’opinion israélienne qui faisait de la question des otages la pierre angulaire de la contestation de la guerre. Tous ces éléments risquaient de tout emporter, en tout cas nuisaient aux États-Unis. En un mot, pour Trump, il fallait la « paix maintenant » pour ne pas se voir imposer une solution à deux États ou la grande panne des accords d’Abraham. Il a d’ailleurs brutalement et vulgairement, comme à son habitude, manifesté son mépris pour cette option soutenue par l’immense majorité des nations dans l’avion du retour du Moyen-Orient.
Cela ne doit pas nous empêcher de nous féliciter de ce répit. On ne peut pas dire : « Il y a génocide en cours, en tout cas un anéantissement ou une épuration ethnique » sans approuver que cela cesse. On ne peut soutenir la position éthérée d’une critique ou un refus du plan de paix au prétexte qui n’en est pas un, ou qu’il est aux couleurs d’Israël.
Pour autant, comme pour les accords d’Abraham, la clé du cessez-le-feu est le contournement, l’invisibilité des Palestiniens. La volonté de réduire ces derniers à la milice intégriste antisémite et criminelle Hamas ne saurait régler le problème. Cette essentialisation des Palestiniens est la source même de la question palestinienne pour Israël. La légitime sécurité de l’État hébreu ne peut être obtenue durablement sans règlement politique. Ce plan est à proprement parler colonial, en tout cas d’une mise sous tutelle du peuple palestinien par une autorité américano-israélo-golfiste.
La perspective d’une « Autorité de promotion des investissements de développement économique de Gaza » interviendra sans aucune présence de Palestiniens. L’application de cette politique se fera dans le « Gita » avec la présence d’un seul Palestinien octroyant aux Gazaouis un rôle de supplétifs. Le plan ne traite ni d’un État palestinien, ni de la situation en Cisjordanie, ni des conditions du démantèlement militaire du Hamas.
Les non-dits du plan sans agenda, sauf pour les otages d’une part et de la fin du bombardement israélien, seront les sources du retour du conflit. Et puis à long terme le ressentiment, l’amertume, la spoliation de toute identité nourriront à nouveau la violence, la violence aveugle et un mouvement cherchant à mettre les juifs à la mer.
La milice islamo-intégriste Hamas, qui fut à l’origine de cette guerre par sa razzia meurtrière du 7 octobre en Israël, refuse de se désarmer. Elle profite du répit – elle qui, selon tous les services de renseignements, s’est renforcée numériquement même si elle a été défaite militairement - pour éliminer les groupes et clans concurrents comme le Doghmush lié à Daesh qui cherche à s’imposer. La célérité avec laquelle le Hamas a rendu les otages sortant d’on ne sait où se voulait le gage d’un mouvement défait mais pas détruit. Reste à savoir si elle ne veut ou peut rendre tous les corps des suppliciés.
Le retrait israélien n’est pas acté. Et si la présence de l’armée est une garantie de sécurité pour l’État hébreu. Elle est explicitement une ligne rouge, spécifiée comme telle par le Hamas.
Mais, le cessez-le-feu peut avoir des effets inattendus. Les Palestiniens revenant vers leurs habitations détruites, campant aux abords de celles-ci, retrouvant soin et nourriture, peuvent être moins enclins à supporter la tutelle dictatoriale du Hamas.
Les pays arabes ont hâte de sortir de ce conflit qui fragilise tout le monde pendant que l’Iran a besoin de temps pour panser ses plaies, ce qui peut réduire le soutien à la milice issue des Frères musulmans.
Mais pas seulement. Lorsqu’on a entendu l’immense bronca de centaines de milliers d’Israéliens rassemblés à Tel Aviv « place des Otages » à l’énoncé du nom de Netanyahu. On perçoit dans l’opinion israélienne le début d’une lassitude à l’encontre du gouvernement Likoud-Extrême droite. À l’évidence, malgré la demande par Trump d’une amnistie pour le 1ᵉʳ ministre israélien devant la Knesset, le sort de Netanyahu sera l’enjeu des moments à venir. Dans la région et le monde, les dégâts sont tels que la tentation sera forte pour se refaire de rompre avec les années Netanyahu. En tout cas, il semble difficile de renouer les fils des accords Abraham avec ce premier ministre et ce gouvernement. Il suffit de constater le refus de plusieurs pays arabes à sa présence en Égypte.
Nous entrons dans une nouvelle phase aux conséquences ouvertes.
Le temps aura-t-il le temps de faire son œuvre ? Il y a une mise à distance des morts, des blessés, des estropiés, des chassés, des kidnappés, des assassinés, des violés, des enterrés vivants ou des disparus. Mais toutes ces questions légitimes ne sauraient invalider ce fait : les otages sont là, la paix aussi, imposée par un président américain foutraque qui a réussi cette pause, précisément parce qu’il l’est. Cela n’en fait pas un prix Nobel de la paix, mais la paix n’a pas de prix.
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2/ Maintenant la nouvelle alliance PS – Place publique – Écolo
Dans la décomposition générale, une course de vitesse est maintenant engagée entre la recomposition autour du RN et celle possible autour du PS.
Il y a urgence !
Si Bruno Retailleau a pris un sacré éclat, se voyant plus beau que son rapport de force réel ; si sa ligne national-populiste « de l’intérieur » a produit ce qu’elle devait produire : 82 % des électeurs de LR favorables à l’union avec le RN (au revoir le Front républicain pour ceux qui en doutaient) ; si, drapé dans l’amertume, le patron de LR a repris les propos de Ciotti pour stigmatiser « S. Lecornu, otage des socialistes », on se dit que, sans sa déclaration exigeant la démission de Macron, ruinant sa posture patiemment construite d’homme d’État, E. Philippe aurait capitalisé sur sa candidature, débarrassé du caillou Retailleau dans son gant de boxe.
Mais, voilà : challengé par R. Glucksmann dans les sondages, l’ancien Premier ministre crut se sauver en s’intégrant à la meute qui cherche l’hallali du président. Un candidat à la charge suprême ne devrait pas dire cela. Et en plus, il persiste : 48h plus tard, il estime ne rien devoir à Macron, ce qui s’apparente à une reconstruction de l’histoire quand on a été Premier ministre nommé par le président. Et il indique surtout la sortie au sortant, estimant qu’il s’agit du chemin de la « dignité », rien que cela. Jean-Luc Mélenchon doit être jaloux de la formule. Il est peu probable que le maire du Havre perce dans les électorats populistes ; par contre, le sien, conservateur et loyaliste, va tordre du nez. L’époque est à la stabilité dans la justice et le président d’Horizons joue les guérilleros du boulevard Saint-Germain tout en s’offusquant de la suspension des retraites et de l’atteinte aux hauts revenus. Il réalise ainsi une vraie martingale. Et celle-ci n’est pas sans contradiction : comment souhaiter la démission du président Macron et ne pas s’en donner les moyens en refusant de voter la censure qui lui offre un sursis ? Ce qui n’a pas échappé aux leaders du RN, qui ne manquent pas de le souligner.
Voilà pour les deux victimes collatérales de cette non-censure qui permit de contenir la charge des populistes d’extrême droite et d’extrême gauche et de leurs affidés.
Avec l’alignement de la droite sur le RN et l’affaiblissement de Renaissance, par petites touches se dégage le chemin d’une gauche responsable pour accrocher le second tour. Elle seule est capable de rassembler les Français pour battre l’extrême droite, selon la formule que je vous rappelle à satiété.
Macron, responsable de tout, en profite pour dire qu’il n’y est pour rien, appuyant là où cela fait mal : « les forces politiques qui ont cherché à déstabiliser Lecornu sont les responsables de la situation », dit-il. Sans être totalement vrai, ce n’est pas entièrement faux. Il ajoute, sans rire : « j’assure la stabilité », lui qui a mis le bazar avec la dissolution. Les Français ne s’y trompent pas. Le président Macron est devenu le président le plus impopulaire de la Vᵉ République, dépassant Sarkozy et Hollande en fin de mandat. Mais, sa sentence pro domo matérialise le moment où la droite a raté le coche, pendant qu’Horizons a un trou d’air.
Tout va à l’extrême droite, qui aimante toutes les droites. La dislocation du champ politique à droite produit une recomposition sur l’axe national-populiste du RN.
La déclaration de politique générale de S. Lecornu n’a pas produit la censure espérée par l’extrême droite. Et même si le RN engrange tous azimuts, il doit différer son assaut final et composer avec une nouvelle donne parlementaire. Ne pas participer lui serait reproché ; le faire, c’est s’intégrer au jeu parlementaire alors que les Lepénistes veulent le dissoudre.
On comprend aisément le lâche soulagement après le vote de jeudi dernier. La non-censure suspend pour un temps la dissolution mais pas la crise, qui continue. Et le débat à l’Assemblée sur le budget va être rock and roll. Vu les acteurs, nous peinons à envisager une concorde nationale, une nuit du 4 août.
Contrairement à ce qu’on vous présente, il n’y a plus de budget du gouvernement : celui-ci propose, le Parlement dispose. Et comme le gouvernement n’est appuyé sur aucune force propre, chaque chapitre sera revu selon le bon plaisir de l’Assemblée. Cette amputation volontaire des prérogatives de l’exécutif, hier tout-puissant, ce désarmement unilatéral du gouvernement macroniste, fut rendu nécessaire pour éviter la censure ou la cohabitation avec l’extrême droite en cas de dissolution. C’est dire l’état de faiblesse du président Macron. Le bonapartisme présidentiel est nu ; la clé de voûte de la Ve République s’est affaissée, menaçant l’ensemble.
Le Premier ministre, dans un discours à pas comptés mais aux accents chabanistes, comme le disait Valérie Nataf sur LCI, a quand même bordé le « libre débat » parlementaire : ne pas aller au-delà de 5 % de déficit, ne pas faire n’importe quoi sur le plan budgétaire. Il est vrai qu’un nouveau dérapage des comptes publics, combiné à l’explosion des taux d’emprunt, provoquerait une nouvelle crise, déflagratoire celle-ci. Cette borne annonce la fin de la récréation en décembre, une reprise en main sénatoriale, puis un budget éloigné des votes patchwork de l’Assemblée. Pour mémoire, cette frontière que le gouvernement ne veut sous aucun prétexte franchir tient en quelques chiffres : PLF, 30 milliards, dont 17 milliards d’économies sur les dépenses et 14 milliards d’augmentations sur les recettes ; et le PLFSS passerait à 17,5 milliards de déficit au lieu de 23 milliards aujourd’hui. Le mur est haut et le consensus faible. Certes, Macron est prêt à tout accepter pour passer les municipales, espérant qu’à un an de la présidentielle on le laissera tranquille. Mais, il ne peut être sûr de rien : une censure dès novembre est déjà agitée par le PS, qui sait que Lecornu veut gager la suspension de la réforme des retraites à des économies autre part. Dans ce cas, Zeus, même aphone, a le feu nucléaire : le président a le doigt sur la gâchette « dissolution », et peu lui importe le sort de ceux qui lui ont manqué. À moins que, dépassant le temps du débat parlementaire, une loi de finances spéciale reconduise le budget. D’où l’insistance du Premier ministre maintenu, de L. Wauquiez et de G. Attal, dans le débat sur la déclaration de politique générale, sur le thème : « il faut un budget à la France ». À nouveau, la question d’une censure sera posée, mais elle s’appuiera, là, non sur la promesse d’un débat, mais sur la réalité du budget. Et elle aurait toutes les chances de passer. Les parlementaires vont danser sur le volcan de la censure, redoutant l’irruption de la dissolution.
Nous verrons en novembre où nous en serons. Ce qui en dit beaucoup du brouillard politique français. Il est illusoire de penser que le répit de la non-censure stoppe la décomposition, qui sera accentuée par l’absence de 49.3 dans le débat budgétaire. Cela sera l’explosion ou l’enlisement et profitera mécaniquement au RN à droite, avec LR subclaquant et Renaissance se désagrégeant. N’oublions pas, quand même, le pays : près de 60 % des Français rejettent le maintien de Lecornu à Matignon.
Il y a une recomposition à un pôle. Il y a une clarification à l’autre.
Si F. Hollande a incontestablement ouvert la voie, fin septembre, à un compromis évitant la censure et donc la dissolution autour d’un triptyque – suspension des retraites, effort des plus aisés et réduction de la « marche » budgétaire –, le débat sur les deux tactiques dans la social-démocratie, comme aurait dit Lénine en 1905, est en train de se dénouer dans le sens d’une autonomie stratégique défendue par Hélène Geoffroy depuis le congrès de Villeurbanne, puis via le texte d’orientation de Nicolas Mayer-Rossignol au congrès de Nancy, échouant d’une poignée de voix à l’emporter. O. Faure et B. Vallaud sont passés, sans armes ni bagages, de la communion dans la radicalité mélenchonienne à la gauche réaliste, ouverte au compromis avec les macronistes. Vous avouerez qu’il y a un gap entre préférer la candidate commune NFP Lucie Castet à Bernard Cazeneuve, et se refuser à renverser S. Lecornu. Cela s’appelle un changement de pied, et c’est tant mieux. Lors du vote dans le groupe PS, les pro-Mélenchon, alliés à O. Faure, ont été écrasés. Nous aurions tort d'interpréter cela comme un vote de la trouille. Il s’agit d’un choix de raison, qui a beaucoup d’implications, même s’il devra être confirmé sur le vote du budget. Une nouvelle orientation s’affirme. Elle a débuté avec le budget hors NFP présenté à Blois, s’est poursuivie avec le refus de la réunion unitaire demandée par LFI et les Verts, et a débouché sur la non-censure. Ces différents points font maintenant une ligne. Et la victoire du PS sur le retrait de la réforme des retraites met fin à l’hégémonie de LFI sur la gauche depuis l’élection présidentielle et clôt le « en même temps » macronien. « La réforme des retraites n’est plus », dit le Premier ministre à la tribune de l’Assemblée. Elle avait été voulue par Macron et la droite, puis fut imposée au forceps contre l’intersyndicale, qui, malgré son unité et sa puissance, n’a pu l’emporter. Le PS donne un débouché potentiellement victorieux à ce mouvement social. Pour qui connaît la tectonique des plaques politico-sociales, ce n’est pas rien. Il s’agit même de sa première victoire depuis le mariage pour tous, si l’on exclut l’abandon de la loi Duplomb. Le premier syndicat de France, la CFDT, par la voix de Marylise Léon, a salué la victoire, pendant que Laurent Berger, sur France Culture, rappelle opportunément que la suspension fut la dernière exigence de l’intersyndicale contre la réforme des retraites, à la veille du 49.3 qui l’imposa.
Il y a là une convergence entre les partis de la gauche réaliste et les syndicats réformistes, au compte de tous les salariés. Sans être liés, il s’agit d’un espace partagé : le futur pôle de stabilité par le progrès et la justice en France.
Sur le plan politique, un axe non formulé se constitue entre Place publique – PS – Parti radical de gauche. Il faut l’arrimer pour contraindre les écologistes à un choix entre celui-ci et LFI.
Tout dépend maintenant de la rupture des écologistes avec Mélenchon. Si Place Publique ne fait pas le pas et que les écologistes ne rompent pas, un recul au PS s’engagera. Si R. Glucksmann dit « moi devant, tous derrière », Tondelier « jamais sans mon Mélenchon », et Faure maintient son credo du canoë : « pour avancer droit, un coup de pagaie à gauche, un coup de pagaie à droite », alors le soleil d’octobre peut laisser place à l’orage de l’hiver. Rien n’est figé dans le marbre.
Nous venons de le voir : à droite, tout va à l’extrême droite. L’hégémonie idéologique de la préférence nationale, boostée par des groupes de presse favorables, si ce n’est complices, tend à s’imposer. Le centre macronien n’est plus en capacité d’être émetteur, pendant que la crise budgétaire continue son travail de sape, exigeant toujours plus d’austérité. La décision de Standard & Poor’s d’abaisser la note de la France est là pour le rappeler. Il y a donc urgence, mais aussi un chemin. Le PS va ferrailler au Parlement sur le budget, très bien ! Il doit vite s’attaquer à la nouvelle question stratégique. Il faut déclencher un mouvement d’union de toutes les gauches réalistes.
La gauche réformiste, sociale-progressiste, a un espace possible. Elle propose la stabilité et la justice, la raison et le progrès. Bref, une République moderne, cette forme contemporaine de la social-démocratie. Il faudra l’étayer par une nouvelle doctrine. Nous avons modestement contribué à celle-ci avec les clubs regroupés dans le Laboratoire de la social-démocratie, à travers le Programme fondamental. Une nouvelle offre globale peut débloquer la situation et repousser la marche de l’extrême droite vers le pouvoir, mais le temps presse et l’oblomovisme socialiste n’est plus de mise.
Les socialistes n’ont que quelques semaines pour porter cette nouvelle donne sur ses fonts baptismaux et affronter ainsi la dissolution, toujours possible, des municipales difficiles, mais plus largement les bourrasques de l’histoire.
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3/ Répliques
● M. Bompard, suffoquant de colère à la victoire du PS sur les retraites — imposant « la gauche qui gagne » contre « sa gauche qui gueule » —, s’adresse aux socialistes, leur enjoignant de désobéir et de voter la censure. Au Parti socialiste, on n’obéit pas ou on ne désobéit pas : on débat, on vote, on juge en son âme et conscience, et on n’a pas peur de le faire. Cela s’appelle la démocratie. Ce qui se distingue aisément du mouvement-caserne que sont les Insoumis. Mais, Bompard ne le sait pas : il n’a connu que le mélenchonisme et sa devise : « LFI, tu l’aimes ou tu la quittes. Tu appliques les consignes ou tu t’en vas. » Quand on vous dit que le régime interne des partis préfigure la nature de la démocratie au pouvoir…
● R. Glucksmann déclare : « Le PS a eu raison de ne pas voter la censure. » Merci ! Maintenant, il faut soit y venir, soit s’unir. L’adhésion au Parti socialiste européen cette semaine : dernière étape pour une fédération ou une adhésion ? Sinon, la Glucksmann-mania se réduira à la gauche qui distribue les bons points.
● Marine Tondelier, verte de rage — son partenaire O. Faure, du périmètre de Bagneux, étendant la gauche non mélenchoniste ouverte à Mélenchon —, a décidé de sortir de l’enclos sans sa permission. Elle déclare : la suspension de la réforme des retraites a empêché un Premier ministre de gauche. Est-ce que la gauche a perdu, a changé, Marine ? Certes, tu n’es pas Première ministre ou ministre, mais ce rêve suspendu, on peut s’en consoler avec la suspension de la retraite.
À dimanche prochain.




