1063e jour de guerre en Europe
- Ben Ali réélu
- Peut-on penser la barbarie et la paix
- Hollande, le frondeur
- Une censure inutile dans la décomposition française
- À lire
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1. Ben Ali réélu
Après la révolution tunisienne de 2011, le Thermidor de Kaïs Saïed s'installe. C'est le retour de l'autoritarisme antidémocratique connu sous Ben Ali. La récente élection présidentielle avec ses 27,7 % de participation (certes en progression) démontre le peu d'engouement populaire et une caricature de démocratie. Les opposants ont été systématiquement éliminés et les deux derniers sélectionnés étaient là pour le décor : le parti panarabe « le Mouvement du peuple » de Zouhair Maghzaoui (6,9 %) et le parti libéral d'Ayachi Zammel, qui est en prison (3,9 %), tandis que le président sortant s'octroyait 89,2 % des maigres votants. Depuis 2021, Kaïs Saïed s'est attaqué à l'ensemble des avancées démocratiques postrévolutionnaires pour assurer sa réélection.
S'il devait son premier succès en 2019 à la lutte contre la corruption et surtout à son opposition à Ennahdha, le parti conservateur islamique au nom de la laïcité, le président a modifié la constitution en inscrivant que la Tunisie était « membre de la Oumma islamique » et stipulait qu'elle devait « œuvrer à la concrétisation des finalités de l'islam ». Ce que Ennahdha n'avait pas osé faire lors de la première assemblée constituante post-Ben Ali. Et comme si cela ne suffisait pas, le président a assuré, lors de propos du 7 octobre en Israël, son soutien au peuple palestinien. Puis, il a réactivé les lois de haute trahison pour toute personne entretenant des relations avec Israël. Il a fallu une intervention vigoureuse des États-Unis pour éviter de criminaliser les liens avec Israël et les Juifs. Entre-temps, le régime de plus en plus autoritaire s'est attaqué au Conseil supérieur de la magistrature, qui contrôle au passage les élections. Le Parlement a été dissous, et les arrestations arbitraires des opposants se sont multipliées, dont celle de Sihem Bensedrine, présidente de la Commission Vérité et dignité, ou celle de Sonia Dahmani, avocate et journaliste.
Le Président s'est ensuite lancé dans une politique xénophobe contre les migrants africains, les chassant manu militari de Tunisie. Ce coup d'arrêt de la révolution tunisienne, dû à son incapacité à régler les questions sociales et économiques, marque le reflux des révolutions arabes après l'Égypte, la Syrie et l'épouvantable situation en Libye. Ceci dans le silence assourdissant de l'Europe qui détourne le regard à condition qu'on lui garantisse le barrage des migrants. On avait déjà fait cela avec Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, avec le succès que l'on connaît. Il serait temps que nos amis au Parlement européen haussent le ton. Les droits de l'homme et la démocratie ne sont pas réservés à la seule Europe de l'Est ou à la Russie et la Chine. Et si nous n'y prenons pas garde, toute la rive sud de la Méditerranée va basculer dans un illibéralisme et un néo-antioccidentalisme. Le refus du président Tebboune de visiter la France tant que le « génocide français en Algérie » ne serait pas éclairci est certes dû au réchauffement entre la France et le Maroc, mais pas seulement : il est la manifestation du nouveau mouvement « anticolonial » culturel et bientôt économique porté par la Russie et le Sud global.
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2. Peut-on penser la barbarie et la paix ?
Quelques jours après l'anniversaire du 7 octobre en Israël et son cortège barbare, on s'interroge toujours sur ce jour où l'homme fut hors de toute humanité. On sait maintenant que le gouvernement Netanyahou a commis de nombreuses fautes sécuritaires, aveuglé par un mépris stratégique : le contournement de la question palestinienne avec les accords d'Abraham, l'intérêt prioritaire pour la colonisation de la Cisjordanie due à l'extrême droite israélienne, la concentration des renseignements militaires sur le Hezbollah, et la certitude technologique dans la barrière de Gaza. Mais cette analyse ne saurait disculper la razzia barbare qui déferla sur le sud de l'État hébreu, faisant plus de 800 morts selon le décompte macabre mais sérieux de Libération.
Razzia, car il ne s'agissait pas de défaire l'armée israélienne, mais de frapper durement les Israéliens. Antisémite, car ciblant les populations civiles essentialisées à Israël. On ne peut euphémiser ces faits en les présentant comme un détail de la lutte anticoloniale. On ne peut condamner avec la dernière énergie, et à raison, les bombardements des populations civiles à Gaza et au Liban, instrumentaliser le mot génocide, et banaliser le 7 octobre. C'est là où la rhétorique deux poids, deux mesures se retourne. Nous savons que l'opération terroriste et militaire de plusieurs milliers de miliciens du Hamas s'est doublée d'une ruée de « Gazaouis » désœuvrés, ivres de haine, qui n'est pas sans rappeler les Khmers rouges, rendus fous par les bombardements américains sur les hauts plateaux et déferlant sur Phnom Penh.
Ce qu'exprime cette journée terrible, c'est le fameux « cercueil ou la valise » pour les Juifs d'Israël, résumé par le slogan « La Palestine de la mer au Jourdain ». Cela s'intègre parfaitement dans le refus du Hamas de défendre la solution à deux États. Position d'ailleurs partagée par Netanyahou et ses amis. Plus que tout autre, les Juifs ont perçu la réalité et la charge symbolique de ce moment indicible. Pour autant, est-il possible de penser à la « vengeance » du gouvernement Netanyahou contre les Palestiniens ? Ce dernier laisse entendre dans la presse américaine cet état d'esprit, bombardant, tuant, détruisant tout, réduisant Gaza à un état de gravats, mais surtout bloquant sciemment, dit-il, nourriture et médicaments sans ramener ni les otages, ni Sinwar, ni une solution politique.
La frontière entre la destruction du Hamas et du Hezbollah et la terrorisation des populations civiles est mince. C'est cela que le Tribunal pénal international a jugé. L'attitude de Netanyahou, indépendamment de son cas pénal particulier, n'est pas sans rappeler ce slogan des néoconservateurs américains, dont Donald Rumsfeld, à propos de l'Irak après le 11 septembre : "Nous vous ramènerons à l'âge de pierre. » Face à cela, on ne peut que partager le diagnostic du général Yair Golan, ancien chef adjoint de l'état-major de l'armée israélienne, qui se rendit le premier sur les lieux le 7 octobre pour sauver des vies et préside aujourd'hui aux destinées des « Démocrates », fusion du parti travailliste et du Mapam. Dans Le Point, il explique : « Le 7 octobre m'a renforcé dans ma conviction : entreprendre une action militaire sans objectif politique, c'est gaspiller l'acquis considérable de Tsahal dans la bande de Gaza », constatant qu'Israël « n'a pas de stratégie ». Il défend une solution à deux États et conclut : « Il est temps de choisir la vision du sionisme (...) un État libre, égalitaire et démocratique ou bien un État autoritaire, une théocratie violente défaillante qui s'effondrera forcément sur elle-même. »
Netanyahou, qui s'intègre dans cette fameuse "vision", parle de victoire et non de paix. La victoire est sur un ennemi, la paix est avec un ennemi. Et dans ce "déplacement" sémantique, il y a la guerre sans fin jusqu'à l'anéantissement du peuple palestinien. La barbarie, c'est cela : penser l'anéantissement de l'autre et se donner les moyens de l'obtenir. Rabin ne disait-il pas que "le Likoud est le meilleur ennemi que le Hamas puisse rêver", et on peut ajouter sans trahir sa pensée que le Hamas est le meilleur ennemi que l'extrême droite israélienne puisse espérer.
La différence avec le Hamas et le Hezbollah, qui pensent tout autant à l'anéantissement de "l'entité sioniste", tient au fait qu'Israël est un État de droit où l'on peut manifester son désaccord, espérer battre l'extrême droite dans des élections et peut-être traduire en justice Netanyahou. Alors que les milices, lorsqu'elles entendent le mot "désaccord", sortent leur revolver. Mais on ne peut excuser la barbarie des mouvements totalitaires intégristes religieux ou d'une démocratie dirigée par l'extrême droite. Constater ce qui fait consensus, si on veut bien ne pas légitimer tout et n’importe quoi, permet de penser la paix. Car il ne s'agit pas seulement de dénoncer le 7 octobre ou les massacres à Gaza, ou la montée de l’antisémitisme. Il faut qu’il n’y ait plus jamais de 7 octobre ni de massacres palestiniens. Il faut le dire et le répéter. Il n’y a pas de « peuple collectivement responsable », sorte de bloc organique dont l’ADN serait criminel. Il y a une situation : deux peuples pour une même terre, qui conduit à un engrenage criminel. Penser à la fin de la barbarie, c’est penser la paix, pas la guerre. Israël a le droit de se défendre et les Palestiniens à se faire entendre. Et les deux n’ont pas le droit de faire n’importe quoi. La Paix est dans cette tension. Encore faut-il l’exprimer au bon moment.
Le Président Macron vient de manifester, une fois de plus, sa brutalité incongrue et hors-sol. Après avoir proposé à la suite du 7 octobre une coalition, on reste interdit face à sa prise de position à la veille de cette date anniversaire. Il dit, sur un ton badin et détaché : « Il faut cesser de livrer des armes à Israël », alors que la France n’en livre plus. Et évidemment, revient en mémoire son refus de manifester lors de la marche contre l’antisémitisme. Cette déclaration blesse inutilement une communauté qui se sent de plus en plus mise en cause par une guerre qu’elle ne maîtrise pas. Elle légitime quelques extrémistes qui veulent faire payer aux Juifs de France l’enfer que vivent les Palestiniens de Gaza. Elle sert Netanyahou, qui n’attend rien de la France, si ce n’est que la communauté juive française fasse bloc derrière lui. Ce qu’elle fit en sifflant le nom du Président lors de l’hommage aux victimes du 7 octobre, s’il vous plaît. Voilà une autre manière d’importer le conflit en France.
C’est à l’Europe d’agir, et à la France de convaincre l’Allemagne que son soutien inconditionnel à Netanyahou ne répare pas la Shoah, mais prépare d’autres drames. Travailler à la paix n’est pas faire preuve de pacifisme bêlant ou de choisir son camp, mais construire un mouvement européen des consciences à ce propos. Comme la Gauche n’a pas su être solidaire des Ukrainiens, elle ne l’a été que faiblement le 7 octobre et n’a pas créé un mouvement pour la paix propre à aider les Palestiniens, cantonnant cette « solidarité » à la destruction de l’État d’Israël. C’est aussi cela l’interdit que la France insoumise fait régner sur la Gauche. Prendre position pour le cessez-le-feu et une paix durable, c’est comprendre que se joue le monde à venir et son nouvel anti-occidentalisme qui fait d’Israël la pierre angulaire d’un rejet géopolitique. C’est mesurer combien le gouvernement Netanyahou est proactif en ce moment de la montée des périls.
Oui, il faut penser la barbarie pour penser la paix et conjurer le monde tel que les régimes illibéraux veulent l’imposer, en instrumentalisant les plaintes légitimes du Sud.
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3. Hollande, le frondeur
François Hollande s’est prononcé sur la chaîne parlementaire pour un congrès du PS et un nouveau premier secrétaire, indiquant que ces "successions sont d’usage". L'ex-frondeur Laurent Baumel trouve la "sortie" frondeuse et pour tout dire "illégitime". Bigre, et pourquoi donc ? Parce que F. Hollande a été élu grâce au nouveau Front populaire, Pardi. Si j’étais taquin, je rappellerais que L. Baumel avait été élu député grâce à la victoire à la présidentielle de F. Hollande et pourtant il estimait légitime de mettre en cause son quinquennat. Le connaissant bien, il me répondra que le mandat de l’époque n’était pas la politique de l’offre. Gagnons du temps. Est-ce que le mandat du cartel des Gauches était le refus de la candidature au poste de Premier ministre d’O. Faure, la destitution du président Macron, voire le refus de toute autre alternative comme Premier ministre que celle adoubée par Jean-Luc Mélenchon, au risque d’obtenir un gouvernement Barnier-Retailleau avec le soutien implicite du Rassemblement National ? Conscient de ce faux pas, le talentueux idéologue du régime fauriste rajoute que "si nous sommes dans cette situation, c’est à cause du quinquennat Hollande". Ben voyons ! Aurait-il oublié que c’est un frondeur, Benoît Hamon (certes, ce n’était pas le sien), qui a fait moins de 7 % à la présidentielle en 2017 ? Et je n’aurais pas la cruauté de rappeler qu’après 5 ans de leadership d’O. Faure, la gauche du PS ralliera sa motion majoritaire défendant la candidature d’A. Hidalgo, qui fit 1,75 % à la présidentielle. Et c’est ce score qui légitima la Nupes mélenchonisée, pas le bilan du quinquennat de F. Hollande. Il fallut attendre à l’inverse une "autonomie social-démocrate" avec R. Glucksmann pour retrouver un score à deux chiffres aux Européennes. Ce qui est signifiant dans le déchaînement sur les réseaux sociaux des fauristes contre F. Hollande, c’est l’identification de Faure au nouveau Front populaire de Mélenchon.
Alors que le Premier secrétaire fournit des efforts désespérés en vue du prochain Congrès pour s’en distinguer. O. Faure estime même maintenant que J.-L. Mélenchon ne peut plus représenter la gauche à la présidentielle. Mais alors ? Ce "changement" ne nécessite-t-il pas un Congrès ? Car cela implique l’éclatement du NFP puisque Mélenchon ne l'accepte pas. Déjà, le coordinateur de La France Insoumise M. Bompard refuse une primaire et exige une clarification à R. Glucksmann. Il faut donc repenser toute la stratégie. Et le premier secrétaire est-il le mieux placé maintenant pour porter la controverse avec le leader de La France Insoumise après l’avoir soutenu en son temps au poste de Premier ministre ? S’il s’agit d’une rupture avec Mélenchon, alors "à nouveaux défis, nouveau congrès, nouveau leadership", n’est-ce pas ce que disaient les frondeurs lors du congrès du PS à Poitiers sous la présidence de Hollande ? Mais dans le même temps, si je puis dire, nous savons que Mélenchon n’est pas homme à pardonner les offenses ; il suffit de voir comment il a fait barrage à A. Corbière au bureau de l’Assemblée ou J. Guedj à la présidence des Affaires sociales. Et pourtant, loin de s’offusquer des déclarations de Faure à son endroit, le patron des Insoumis lui a fait le cadeau d’être l’orateur de la motion de censure. Certes, elle s’intègre dans sa stratégie, mais elle donne au Premier secrétaire l’aura de porter l’union au Parlement. Mélenchon fait de la politique et il a besoin que Faure gagne son Congrès pour maintenir l’union mélenchonienne. Et si on n’avait pas compris, Aymeric Caron s’est chargé de dire sur X que le PS avait de la chance d’avoir O. Faure comme chef, car il était unitaire. Voilà un signifiant qui est bien signifié, aurait dit Lacan. Que ce soit à cause d’une rupture de stratégie, de sa continuité ou les deux (c’est souvent le cas chez les fauristes), il faut la clarification et c’est l’objet d’un congrès. François Hollande ne dit rien d’autre : ce sont non seulement les statuts du PS, mais la situation qui l’exige.
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4. Une censure inutile dans la décomposition française
Je vous avais dit que je n’étais pas trop convaincu d'une motion de censure a priori du gouvernement Barnier. Non seulement cela me semblait une concession à l’opposition frontale de Jean-Luc Mélenchon, mais son échec, renforçant Barnier, soulignait la place du RN. Certes, on pouvait plaider pour censurer E. Macron pour avoir refusé de nommer un Premier ministre du nouveau Front populaire arrivé en tête. Mais vu l’inquiétude des Français et la situation que traverse la France, il eût été plus juste de fixer 4 ou 5 lignes rouges et d'utiliser l'absence de majorité absolue pour peser et être utile pour les Français. Alors que le RN sauve Barnier et que l’extrême droite s’enorgueillit d’avoir fait reculer le Premier ministre sur des mesures. La censure, soit on la gagne, soit on l'utilise politiquement. Là, nous n’avons eu ni l’un ni l’autre. C’est la manifestation de la maladie sénile du système politique contemporain français : le tacticisme déconnecté d’un but. La France traverse une crise majeure tant du point de vue moral, politique, et bien sûr économique. La crise n’est pas ouverte, mais rampante dans le sens où tous les voyants sont au rouge, mais l’impression d'optique est que tout tient. Les politiques dansent sur un volcan. Les nouvelles sont alarmantes, même sans tomber dans le catastrophisme. Le bilan de Macron en la matière est le plus mauvais de la 5e République, voire de l’après-guerre. C’est la conséquence des suppressions d’impôts à hauteur de 60 milliards par an. Le ruissellement ne s’est pas produit, c’est plutôt l’affaissement. Je suis sidéré de voir les mêmes docteurs Diafoirus libéraux nous dire que le problème, c’est le couple impôt-dépense publique, alors que depuis des années, cette recette a échoué. Et on nous propose encore des solutions libérales qui nous ont conduit à 175 milliards d’euros de déficit de l’État et 204 milliards au total, plus que pendant la Covid. Car les déficits du commerce extérieur ou des dépenses sociales s’envolent. Ce n’est pas 4 %, pas 5 %, mais 6 %, et peut-être plus du PIB. On ne sait pas réellement. Des suspicions de "tricheries" se font jour, pour reprendre l’expression de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances Michel Sapin dans "Le Journal". On se souviendra de la fameuse déclaration de Bruno Le Maire : "Le tournant du redressement de nos finances publiques a été pris par le Président de la République et sera fermement tenu." Alors pourquoi en est-on arrivé là ? Les parlementaires exigent une commission d’enquête. Le climat est détestable, pendant que l’activité industrielle se contracte. Nous allons vers une dégradation de fait de la "note", avec l’indication d'une perspective négative par les agences de notation, une hausse des taux d’intérêt sur la dette publique. Et ceci, combiné à la récession allemande et aux déficits italiens, la politique de la BCE va plomber un peu plus la croissance française. Devant cette crise sans précédent, il eût fallu un gouvernement de bloc républicain. Le Front Républicain nous en donnait l’occasion, mais ni le président ni Mélenchon n’ont voulu de cette solution. Résultat : un gouvernement Barnier minoritaire, maintenant contesté par le Parti du président. On ne sait d’ailleurs si c’est avec son accord ou sans. Mais dans les deux cas, cela manifeste le délitement. Et puis, dans la coalition gouvernementale, les LR, marginaux, réduits à la portion congrue, s’y croient et veulent faire la loi. Pendant que le nouveau Front populaire se veut hors-jeu pour mieux jouir de sa radicalité. Soyons clairs, on ne peut nier les déficits. Ils ne sont pas une construction fantasmatique pour tondre les plus pauvres. C’est une question en soi qui frappe d’abord les plus pauvres. Et il n’y a pas de clé magique. Il faut s’y attaquer en sachant que toutes les décisions comportent des risques. Elles seront difficilement acceptées, passeront au 49.3, et feront l’objet d’une motion de censure du RN au final. Pour ramener les déficits à 5 %, le gouvernement se propose de faire 40 milliards d’économies dans les dépenses publiques et de trouver 20 milliards de recettes à travers la fiscalité. Nous sommes dans une spirale infernale. Taxer les entreprises, chiffres d’affaires ou bénéfices, c’est toucher l’investissement et sûrement l’emploi. Taxer les services publics en les réduisant, c’est l’assurance d’un risque récessif : il y aura moins d’argent injecté dans l’économie. Taxer les collectivités locales, c’est évidemment toucher la construction, qui est déjà à la rue, et faire monter le prix au mètre carré, impossible pour les jeunes et les couches moyennes. Taxer les retraités, c’est réduire leurs possibilités de consommer et jeter dans la pauvreté les petites retraites, etc. Et pour autant, il faut faire face. Ce n’est pas cela le problème ou le seul problème. On peut mettre le curseur plus haut pour les plus riches ou les entreprises, ou vouloir à toute fin réduire la dépense publique. Les propositions ne manquent pas. Mais il n’y a ni consensus sur le diagnostic ni sur les dépenses. Et il n’y a pas de majorité pour faire quoi que ce soit. La balkanisation de la vie politique et l’affaiblissement total du Président rendent l’exercice chaotique. Nous aurons pour la première fois un budget entièrement déconstruit par le Parlement, néanmoins adopté par le 49.3, débouchant sur une motion de censure participant de la décomposition française. À part cela, tout va bien… Ah oui, il pleut tellement que l’Assemblée nationale est sous l’eau…
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5. À lire
Vous avez toujours voulu savoir qui était Pierre Lambert et les Lambertistes dont on vous parle sous le manteau quand on évoque Jospin, Mélenchon, moi-même, ou beaucoup d'autres ? Alors lisez Le Parrain rouge de François Bazin, éditions Plon. Cela se lit comme un polar, explique vraiment beaucoup de choses, avec de vraies révélations
À dimanche prochain.