La Méditerranée est en feu, à la suite de la canicule, produit du réchauffement climatique. Des températures avoisinant les 45 degrés en Grèce, en Sicile, en Algérie, au Maroc provoquent des "mégas" incendies que les pompiers peinent à endiguer. Une dizaine de pays sont en danger d'incendie extrême. La ville de Palerme est en proie aux flammes, au point que des canadairs la bombardent, du jamais vu. La Méditerranée est devenue une bouilloire, sa température atteint les 28,71 °C. Elle annonce les pluies diluviennes de l'automne ou de l'hiver. Aux États-Unis, la vague de chaleur est suffocante, comme en Chine ou en Afrique. Les épisodes climatiques extrêmes se multiplient. Nous sommes dans le haut des paliers des pronostics du Giec. On parle du mois de juillet 2023 le plus chaud jamais enregistré sur notre planète. Nous voilà entrés dans l'ère des catastrophes climatiques. Il serait suicidaire d'opposer la lutte contre le réchauffement climatique et l'adaptation aux conséquences de celui-ci. L'humanité doit traiter les deux. Les spéculations sur la fin de la terre, ou l'urgence de la décroissance, nous empêchent de réfléchir à notre destin à long terme. Ce qui nous manque donc, c'est une stratégie de la transition vers une nouvelle société qui prenne en compte les deux contraintes : endiguer la dégradation climatique et s'adapter à celle-ci.

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Musk change le business modèle de Twitter avec le passage à une everything app sur le modèle du chinois We Chat. Sam Altman, inventeur de Chat GPT, lance Worldcom identification à partir de l'iris pour un "accès universel à l'économie globale". C'est là le marché de la cryptomonnaie qui est en jeu. Mais rien ne dit que Musk n'a pas la même idée.

L'intelligence artificielle bouge tous les codes issus de l'ère industrielle. Ce que Gilles Babinet appelle le "nouvel âge de l'humanité" est tout à la fois fascinant et terrifiant.

Les entrepreneurs transhumanistes veulent manipuler notre futur ou fonder la vie artificielle en développant l'IA et la fusionnant avec nos neurones. Sans évoquer les conséquences pour de nombreuses professions du développement de Chat GPT, qui compte déjà 200 millions d'utilisateurs. L'industrialisation de l'intelligence artificielle va bouleverser les fondements mêmes de l'organisation sociale. La révolution de l'immatériel est une révolution anthropologique. Mais il est vain de penser revenir à "la lampe à huile ou la marine à voile", comme disait le général de Gaulle. L'innovation technologique arrive par grappe, toujours plus puissante. Il ne sert à rien non plus de se mettre la tête dans le sable en pleurant le "bon vieux temps", ou de se retirer du monde à cause des conséquences de l'IA. Il faut chevaucher le dragon et reprendre ce que nous disait le vieux Rabelais : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".

Il faut pouvoir jouir des bienfaits de l'IA. Il y en a, c'est incontestable. Il faut la démocratiser, la domestiquer, comme nos prédécesseurs ont domestiqué le capitalisme industriel qui exploitait les enfants, par exemple. Il faut imaginer de nouvelles régulations. Là aussi, il faut contrôler, endiguer, maîtriser, mais s'adapter. Ce qui nous manque là encore, c'est une stratégie de l'intégrité humaine dans la révolution de l'immatériel.

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Israël traverse la plus grande crise de son histoire. Le 24 juillet, par 64 voix sur 120, la Knesset a coupé les ailes de la Cour suprême qui faisait office de contrepoids démocratique dans un pays durablement dirigé par une droite nationaliste et une extrême droite religieuse. Le pays est coupé en deux avec des protestations jamais vues, même l'armée et les anciens des services secrets se mobilisent contre cette décision qu'ils estiment attentatoire à la démocratie. Il s'agit de l'application de ce courant très en vogue dans le monde qui est l'illibéralisme. C'est-à-dire des régimes autoritaires, légitimés par les urnes, mettant l'équilibre des pouvoirs sous le boisseau. Le dernier en date fut la Turquie. Pourrait-on dire dans quelques années : « J'ai vu mourir la démocratie et naître l'illibéralisme » ?

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Contre toute attente, les résultats des élections en Espagne n'ont pas vu la coalition de droite et d'extrême-droite triompher. Le Parti Populaire d'Alberto Núñez Feijoo progresse fortement et siphonne en partie l'extrême droite. La droite classique profite du vote utile en extrémisant son discours, en particulier à propos des femmes. Et par effet miroir, cette campagne a facilité celle du PSOE : "Au secours, l'extrême-droite revient !", et ceci au détriment de la gauche de la gauche. Pedro Sánchez a eu raison de provoquer les élections, coupant l'herbe sous le pied au bloc réactionnaire en constitution. La leçon ? La progression de la vague national-populiste peut être contenue. Et la seule résistance possible réside dans le vote utile pour la social-démocratie, pivot de l'union à gauche. Ceci est valable pour toute l'Europe. On voit par exemple, dans les sondages aux Pays-Bas, le bloc autour du Parti social-démocrate resurgir pour faire face à l'extrême-droite, promise à la victoire comme dans toute l'Europe (le PvDA est à 28,5, l'extrême droite à 27, Rutte a 25).

L'Espagne entre dans l'instabilité vu la difficulté à constituer une coalition durable à cause des nationalistes basques et catalans. Et au passage, la présidence espagnole de l'Europe en sera handicapée. Mais l'onde de choc de la vague nationaliste continue. Cela est visible dans quasiment tous les pays sur le continent. La récente déclaration du chef du parti conservateur allemand, F. Merz, ouvre la voie à une alliance avec l'extrême droite au niveau local, confirmant cette tendance au bloc national-populiste. Même si ce dernier a dû depuis un peu rétropédaler. Quant à la Gauche, la défaite des anciens de Podemos en Espagne après celle de Syriza en Grèce, le recul de Die Linke en Allemagne démontre que la Gauche radicale marque le pas et ne peut faire barrage.

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La Banque centrale européenne vient de décider de relever ses taux. C'est une victoire des banques néerlandaise et allemande qui condamne l'Europe à la récession pour combattre l'inflation.

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Le coup d'État au Niger, après celui du Mali et du Burkina Faso, prive la France d'un allié dans ce pays pivot pour les "intérêts français", en particulier l'uranium pour EDF et ses centrales nucléaires. La pression va maintenant s'exercer sur le Tchad. La milice Wagner est déjà au travail dans le soutien à la rébellion dans le sud.

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De l'ordre ! De l'ordre ! De l'ordre ! Ce slogan classiquement conservateur est devenu le leitmotiv du président de la République lors de son interview depuis la Nouvelle-Calédonie. Valeurs actuelles et François D'orcival applaudissent et lâchent un "Enfin !". Non content de cette mutation droitière, le président croit pouvoir tourner la page des émeutes urbaines en jouant sur l'inertie des institutions. Elles permettent de tenir à distance les événements lorsqu'on est comme le président durablement scotché à 65 ou 70 % d'opinions défavorables. C'est ce qu'il appelle "gérer le temps long".

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Le président de la République a ménagé la chèvre et le chou dans l'affaire de Frédéric Veaux (DGPN) contestant une décision de justice. Emmanuel Macron n'a pas suivi son prédécesseur F. Mitterrand, destituant le DGPN de l'époque après les manifestations de policiers le 3 juin 83 sous les fenêtres du ministre de la Justice Badinter. Chirac, Sarkozy ou Hollande auraient immédiatement réagi par des mesures disciplinaires. E. Macron est resté lui dans le même temps inaudible. Il y a à cela deux raisons. D'abord, Darmanin et son cabinet avaient validé l'interview de Frédéric Veaux, et semble-t-il n'en avait pas informé l'Élysée. Cette double faute, en temps ordinaire, serait devenue une affaire d'État. Mais Macron profite du fait que tout le monde regarde ailleurs pendant que la gauche hurle sur la fascisation de la police. Macron peut ainsi caresser son ministre de l’Intérieur. Car Darmanin a très mal pris sa non-nomination à Matignon. Et ce n'est pas le tacle pas du tout "lisser" de G. Attal à Darmanin, l'accusant de "menacer l'édifice", qui va arranger les choses. Au passage, ce bébé Macron s'annonce comme un crocodile de plus dans le marigot présidentiel macroniste. La seconde raison réside dans la surprise du président de la République face à la solidarité du corps de la police. Cet "esprit de corps" n'est pas une nouveauté. Cette hostilité vis-à-vis des magistrats non plus. Mais l'ampleur du mouvement contre une décision de justice concernant un policier place le président, garant de l'État de droit, dans une situation délicate. Jusqu'à présent, la police a fait rempart dans les crises sociales rencontrées par E. Macron : Gilets jaunes, réforme des retraites, émeutes de banlieues. Cette fronde policière marque une fêlure. Le président ne peut pas provoquer une rupture. Il n'en a pas les forces. Il ménage donc "sa" police. Mais ce faisant, il contredit son discours du moment sur l'ordre et l'autorité. Il laisse entendre qu'il y a en ce domaine deux poids deux mesures. Cet épisode démontre tout à la fois l'affaiblissement de l'exécutif et la lente désintégration républicaine. En légitimant la thématique de l'ordre sans les moyens de l'appliquer. E. Macron pave le chemin pour d'autres.

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Nous apprenons par Le Point ce qui ne fait pour nous aucun doute : Olivier Faure veut sauver la NUPES parce qu'il pense pouvoir en être son candidat à la prochaine présidentielle. Bigre ! Mais bon, il n'est pas le seul. En revanche, il est le seul à croire à la pérennité de cette alliance sous pavillon mélenchonniste. Nous ne cessons de le répéter : la NUPES est morte parce que ce n'est pas une union mais un cartel électoral entre ceux qui voulaient sauver les meubles et ceux qui voulaient se meubler. Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que la nature radicale-révolutionnaire de l'orientation de Jean-Luc Mélenchon ne pouvait donner le la à la Gauche. La préparation des Européennes confirme cette fiction unitaire. On entre dans le pugilat électoral. Mélenchon puis Bompard tancent publiquement le premier secrétaire du PS pendant que le patron du PCF ne retient plus ses coups, et les écologistes font chambre à part. L'acharnement à sauver ce qui n'est plus tient à la volonté de rester en phase avec l'esprit unitaire de la Gauche. Mais surtout parce que c'est la seule marque du faurisme le révélant à l'opinion et l'imposant de justesse face à l'arc social-démocrate lors du dernier congrès du PS. Perdre la NUPES comme identité n'est plus en avoir au prochain congrès du PS qui sera décisif pour la présidentielle à Gauche et pour... Olivier Faure. Dans une longue, très longue, trop longue lettre, Olivier Faure tente de sauver la NUPES et de se sauver en la transformant en Agora chargée de préparer la Présidentielle et les législatives. Le prochain congrès du PS a commencé.

A Dimanche prochain.