En apparence, rien ne bouge. Tout semble intact, immuable. Les institutions paraissent fonctionner même enlisées, ou rouillées. Cette apparence fait sens et rassure ceux qui le veulent avec cette nonchalance qui dispute à l'indolence. Chacun vaque à ses occupations. On n'est jamais contemporain des événements que l'on vit, on les tient même à distance. Et pourtant, tout cède. Il ne s'agit pas seulement du « mouvement des casseroles », comme hier il y a eu les gilets jaunes, se substituant à l'intersyndicale avant le 1er Mai. Mais une grande partie du pays est en sédition, en sécession vis-à-vis de ses représentations. Pas un sujet, pas une décision, pas une proposition qui ne recueille pas plus de 50 % d'avis contraire. Nous vivons une sorte de 68 rampant : un état de contestation profond. Le pays bout, il craque, cogne. Chaque jour, un dysfonctionnement, une polémique, un débat aussi vif que passager chasse l'autre. La fameuse image de Léon Trotsky dans l'histoire de la Révolution russe est étonnamment d'actualité. Le tonneau voit le bois pourrir même si les cerceaux de celui-ci semblent intacts. À la fin, il s'effondre sans que nous en ayons conscience. Il n'y a pas de solution politique. Le président n'a plus de majorité absolue au Parlement et il est absolument conspué par le pays. Il n'y a d'alternative ni dans son camp, ni chez LR, ni chez les socialistes « nupéisés ». Les sociaux-démocrates commencent seulement leur remembrement, il leur manque une doctrine, une stratégie. Quant à l'incarnation, c'est encore le trop-plein. Même les populistes d'extrême gauche n'ont pas perdu la clé du rassemblement de leur camp. Alors qui pourra juguler la crise ? Un improbable Bonaparte ? Une révolution nationaliste portée par l'extrême droite mais elle-même forte que du fractionnement des autres ? Nul ne sait. Mais en l'absence d'une alternative responsable à gauche, nous y allons à la crise, tout en disant qu'il ne se passe rien, que tout va bien, dans ce haussement d'épaules typiquement français avant l'effondrement.
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L'inflation repart à la hausse, en un an, avec une augmentation de 5,9% en avril selon l'INSEE, pendant que la note de la France est dégradée par l’agence de notation Fitch.
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Signe des temps, le Medef, comme la CGT lors de son congrès, traverse une phase de radicalisation. Une fronde à la base met en cause la gestion délibérément transparente de Geoffroy Roux De Bézieux sur les retraites. Le discours du futur patron du syndicat patronal s'en ressentira. C'est un autre indice de la situation de confrontation en France.
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Élisabeth Borne a fixé l'ordre du jour de ses 100 jours : l'apparence du mouvement, tout en restant immobile. La France est à l'arrêt en attendant la fin du gros temps. Elle a obtenu d'un président plus indécis qu'il n'y paraît avec le report de la loi sur l'immigration portée par son ministre de l’Intérieur/concurrent de Darmanin. Elle espère l'aborder à l'automne pour traiter les sujets qui fâchent ou les laisser à son successeur.
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« J'aspire à être remplacé », nous dit Jean-Luc Mélenchon, pour immédiatement lancer le nouvel acte de la Nupes dans les jours qui viennent. C'est par cette pirouette que Jean-Luc Mélenchon tente de se sortir du caractère programmé de sa candidature à la présidentielle, sans renoncer à son leadership de la Nupes après avoir verrouillé la France insoumise. Ne pas être candidat à tous les coups, mais être dans tous les coups pour pouvoir être candidat.
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Ballon d'essai, divergence ou faux pas ? Le secrétaire général du PS (on a oublié de commenter la nouvelle architecture du PS avec un premier secrétaire-président et un secrétaire général) a mis le feu aux poudres en relançant le débat sur la liste Nupes aux européennes dimanche dernier. Nous lui avons répondu dès lundi dans une tribune. Depuis, Christophe Clergeau, le responsable Europe et conseillé du président du PS, déverse des trombes d'eau sur l'affaire. Pendant que La France Insoumise souffle sur les braises et que les écologistes se taisent. A suivre…
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Lorsque l'on prend le bac au sortir de l'aéroport DZA sur Petite-Terre, toujours pas rallongé depuis 10 ans, et que l'on débarque sur le port en laissant à sa gauche la résidence du préfet "gouverneur" (pour les autochtones) sur une petite île séparée, nous ressentons, en regardant le drapeau français flotter sur la résidence, les relents de la séparation digne du temps des colonies. Puis on est saisi par l'extrême pauvreté des habitants de l'île de Mayotte, 84 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les bidons villages se succèdent sous les toits en tôle et la misère semble s'accumuler au soleil dans des culs-de-sac humains. Alors, lorsque l'on discute avec les habitants, le premier ressentiment est l'inégalité avec la métropole et les "habitants riches de l'île qui détiennent tout". Pour avoir assisté à deux conseils municipaux dans le nord de l'île, je peux en témoigner. Et puis une autre lecture se fait jour, souvent portée par la majorité politique de l'île, "cela est dû aux Comoriens". Il est vrai que l'immigration illégale prend des proportions intenables, avec son cortège de violence et d'enfants abandonnés. Et le 3ème enseignement réside dans le fait que les Comores instrumentalisent ces derniers pour obtenir de la France des prébendes, voire le retour de Mayotte dans le giron des Comores. N'oublions pas que les Comores revendiquent toujours Mayotte, la 4ème étoile de leur drapeau atteste de cette revendication. Toute politique menée à Mayotte doit agir sur ces trois niveaux. D'abord, rompre avec une culture néo-coloniale où la promesse de rattraper la métropole n'est pas au rendez-vous. Ensuite, s'attaquer aux inégalités sur le territoire et aux positions de monopole économique d'une toute petite partie de la population. Enfin, rompre avec la stratégie "bienveillante" vis-à-vis des Comores qui font "chanter" la France à coups de millions. Dans l'excellent discours de Jospin, Premier ministre, du 27 janvier 2001, tout est dit sur le rattrapage. Mais la pression migratoire et les Comores ne sont pas évoqués. Depuis, la stratégie de la seule expulsion des clandestins est venue se substituer à l'action de l'État. Il faudra un jour combiner les deux.
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Kemal Kiriçaloglu annonçant dans une vidéo qu'il est de la branche alévi de l'islam a été vu 110 millions de fois. Il a pris de court Erdogan qui faisait du candidat du parti laïque l'héritier de Mustafa Kemal, un incroyant ne comprenant pas les croyants. À trois semaines du vote, le candidat de l'opposition devance le président sortant. Cette révélation lèvera-t-elle le dernier obstacle dans la course électorale ? Cela est bien possible.
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Biden se représente à la présidence des États-Unis. Après avoir évité la déroute annoncée lors du mid-term, le président sortant a jugé qu'il pouvait encore l'emporter. Ou plutôt, que personne d'autre que lui ne pouvait le faire. Il est garant de l'unité du parti démocrate et s'engage dans une lutte acharnée pour la suprématie mondiale contre la Chine, au risque d'affaiblir économiquement ses alliés européens. Il soutient à bout de bras l'Ukraine face à la Russie et doit faire face à l'inflation. Il doit également mettre les États-Unis hors d'atteinte du parti républicain, avec un Trump touché par les affaires mais pas coulé, et des challengers redoutables tels que R. De Santis ou Mike Pence, trumpistes à visage humain si l'ex-président républicain ne pouvait y aller.
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L'ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, qui se réclame de la génération des diplomates "Loups Guerriers", s'est fait passer la muselière par Pékin qui a condamné son offensive belliqueuse sur la chaîne d'info LCI. Le loup chinois devrait relire le stratège de son pays, Sun Tzu, sur l'art de la guerre : « toute guerre est fondée sur la tromperie" ou encore « l’art de la guerre c'est de soumettre l'ennemi sans combat".
A dimanche prochain.