Le forcing médiatique du président Macron rencontre la lassitude de sa base électorale vis-à-vis de la contestation, l'inquiétude sur la situation du pays, l'absence d'alternative. Dans le même temps, près de 70 % des Français ne s'estiment pas convaincus par la prestation du même président sur TF1. Ou encore, 67 % des Français ont une mauvaise opinion d’Emmanuel Macron dans le dernier sondage BVA. Il y a un recul de 6 % dans ce refus massif. Le regain de soutien du président dans sa base électorale ne vaut ni adhésion ni blanc-seing pour les 4 ans à venir. Comme nombre de présidents impopulaires avant lui, Emmanuel Macron n'est fort que des institutions. Cela lui donne l'apparente certitude du temps. Mais dans un pays qui est plus administré que dirigé, cela ne dit rien de la crise rampante, de la décomposition politique et de son corollaire, la déconstruction républicaine.
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Les pauvres fous ! Dans l'espoir de se rétablir, la triplette de LR Ciotti - Retailleau - Marleix se propose de rebondir sur un programme radical contre l'immigration. Il s'agit du programme commun idéologique de la droite et de l'extrême-droite en matière d'immigration. Il s'articule autour de 6 positions communes : 1) mettre en place la primauté du droit français sur le droit européen, 2) organiser un référendum sur la politique migratoire, 3) inscrire l'assimilation dans la constitution, 4) éloigner les étrangers représentant une menace, 5) réformer le droit d'asile, 6) rétablir le délit de séjour clandestin. Voilà, c'est fait, Ciotti a conduit LR sous le parapluie idéologico-politique de Marine Le Pen. Il est vrai qu'Eric Ciotti disait préférer Zemmour à Macron au 2ème tour de la présidentielle. Et le très réactionnaire Retailleau n'en pense pas moins. La droite classique s'extrême-droitise et pave l'irrésistible ascension des nationalistes d'exclusion. La preuve, Marine Le Pen est jugée compétente par 33 % des Français contre 18 % pour Wauquiez, selon un sondage Le Journal/Vivavoice. Eric Ciotti, lors de la primaire de la droite qui avait vu sa percée - déjà un signe - déclarait que le "plus de LR vis-à-vis du RN était sa crédibilité", sous-entendu il n'y a donc pas de risque à braconner sur les terres de l'extrême-droite. Eh bien aujourd'hui, moins crédible et sans identité propre, la droite conservatrice française vient de passer le témoin de la représentation de la droite à l'extrême-droite.
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Le déni en termes d'immigration est peut-être chez les droits-de-l'hommistes, comme l'éditorialise Le Figaro. Mais il est tout autant chez les nationalistes qui croient que l'on peut abolir l'immigration dans un seul pays, en empilant les mesures discriminatoires. En Angleterre, post-Brexit, où les mesures sont radicales, on est passé de 335 000 en 2016 à 606 000 en 2022 d'immigrations clandestines. Le débat n'est pas sur le déni, mais sur la stratégie.
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Le président de la République refuse le nouveau débat sur la loi présentée par le groupe LIOT abrogeant la loi retraites. Il préfère l'opprobre de museler le parlement, qui ne durera pas selon lui, plutôt que le risque de perdre, ce qui ruinerait la fin de son quinquennat. L'avantage tactique de celui qui ne se représente pas.
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Alors que Prigojine, chef de la Milice Wagner, et le ministre de la Défense, Serguei Choïgou, s'écharpent, le ministre décore l'armée pour la prise de Bakhmout sans un mot pour Wagner. Poutine lui a félicité les soldats de la Milice. Alors qu'une sourde lutte semble exister au sommet du Kremlin entre Patrouchev, le bras droit de Poutine (celui qui dit que l'Occident légalise le mariage avec les animaux), et l'armée, singulièrement Valéri Guerassimov, chef d'état-major. Mardi 23 mai, en début d'après-midi, la "Légion Liberté pour la Russie" et le corps des volontaires russes intervenaient militairement dans la région de Belgorod. Ce coup de main contraint le FSB à reprendre militairement la situation. L'Ukraine dément avoir quelque chose à voir avec cette incursion de troupes combattant à ses côtés. Kiev respecte ainsi formellement son engagement de ne pas porter la guerre sur le sol russe, puisque les assaillants sont des Russes. Ce coup de force intervient opportunément après la chute de Bakhmout et participe à des manœuvres de désorganisation de l'armée russe, qui n'en avait pas besoin.
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Loukachenko, le président dictateur biélorusse et par ailleurs malade, annonce que les missiles nucléaires russes sont arrivés, ou plutôt revenus, sur son territoire. Une manière pour Poutine de dire à la veille de la possible offensive ukrainienne qu'il ne faudrait pas "pousser mémé dans les orties", qu'il y a une limite à ne pas dépasser.
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La victoire de la droite grecque aux législatives est indéniable. La Nouvelle Démocratie arrive très largement en tête. Elle n'a pas la majorité absolue, et de nouvelles élections seront nécessaires.
Syriza ne fait que 20 %, le Pasok qui semble renaître à 11 % et le KKE (parti communiste grec) à plus de 5 %. Comme lors des élections en Turquie, il y a une déconnexion entre la contestation sociale très forte et les conséquences électorales. À méditer.
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Carène, infirmière de 38 ans travaillant au CHU de Reims, a été assassinée par un déséquilibré. Un fait divers dramatique me direz-vous. Mais non, un fait de société. Les agressions de médecins ont augmenté de 23 % en 2022. 33 % sont dues à des reproches vis-à-vis de la prise en charge et 20 % au refus de prescrire un médicament ou un arrêt de travail. La déconstruction républicaine laisse la place à la violence.
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Le Corcovado s'est éteint. Les stars du foot se sont rallumées. Les lumières du Christ Rédempteur de Rio de Janeiro ont été coupées en signe de solidarité avec Vinicius, l'attaquant du Real Madrid insulté dans un stade par des propos racistes. Pendant que les meilleurs joueurs de la planète manifestent leur soutien, dont Lukaku, l'avant-centre de l'Inter de Milan lui-même victime des mêmes propos en Italie, le racisme dans les stades européens est la manifestation visible du nationalisme d'exclusion qui hante l'Europe. Il s'agit du "fond de sauce" commun du national-populisme occidental. Et la France n'en est pas exclue, au point de ne pas réagir, ou si peu, quand des policiers demandent qu'on leur fournisse les noms de ceux qui ont manqué les cours le jour de l'Aïd dans les écoles, ou qu'un sénateur très à droite réintroduit dans une proposition de loi le vocabulaire des années 30 (campements illégaux) en parlant de nomades. Ou encore, dans ces signaux plus ou moins faibles, la multiplication des groupuscules d'extrême-droite qui profitent du sillage de Marine Le Pen et participent à l'extrême droitisation d'une partie de la vie politique française. Malheureusement, la gauche semble "mithridatisée". Rien ne l'émeut, tout à sa radicalité satisfaite ou son apathie vaguement condescendante. Ce moment très "drôle de guerre" sera objet d'études historiques. Comment l'extrême-droite s'est imposée. Et je souhaite ardemment être contredit...
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L'humiliation ! Ils sont venus, ils sont tous là, les leaders de la Nupes, il y avait même Ruffin, le fils insoumis avec une présidentielle sur les bras. Tous au pied des escaliers de la Mairie de Saint-Brevin-les-Pins, présents pour faire acte de solidarité. Et ils se sont entendu dire par le maire Y. Morez, victime de la vindicte de l'extrême-droite, qu'ils n'étaient pas les bienvenus. Le maire voulait tout le monde ou personne. Il était "contre la récupération". Le coup politique s'est retourné en baffe, et elle fait très mal. La démarche était sûrement maladroite. Elle illustre ce manque d'égard d'une gauche sûre d'elle-même, mais tout autant l'absence d'empathie des autres formations, LR ou Renaissance, qui ont raté l'occasion d'isoler l'extrême droite tout en défendant la République.
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Selon le rapport Pisani-Ferry, il faudra trouver 66 milliards d'euros par an pour financer la transition écologique. Cette question ne peut être balayée d'un revers de main. Et donc, la contribution des plus riches est difficilement contournable.
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La mégrétisation de Jordan Bardella. C'est ainsi que pourrait être entendu un sondage de l'Ifop pour Paris Match. L'actuel patron du RN ferait donc jeu égal avec Marine Le Pen chez les Français. Évidemment, comme pour Mégret, cela peut monter à la tête du président du RN. L'ancien numéro 2 du FN disposait quand même face à Jean-Marie Le Pen de sa propre écurie et de ses propres réseaux pour y croire. Dans l'électorat du RN, il n'y a pas photo : 69 % pour Marine Le Pen et 30 % pour Jordan Bardella. Par contre, ce sondage et la mousse autour installent Bardella en bonne position pour les élections européennes. Voilà qui ne devrait pas trop chagriner Marine Le Pen.
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Intéressante réflexion de Guillaume Cuchet, l'historien des religions, qui pointe l'insécurité cultuelle des catholiques en France dans le journal La Croix. Cette étude nous amène à comprendre le soubassement socio-cultuel qui soutient la théorie du grand remplacement. En effet, avec 53 %, les sans religion sont désormais majoritaires en France. Alors que le paysage religieux était relativement stable depuis le 17e siècle, un français sur deux se déclare sans religion. Pire, seuls 25 % se définissent comme catholiques, deux fois moins qu'il y a 15 ans. Dans le même temps, la religion musulmane est passée de 8 à 10 %, mais la percée spectaculaire est celle des protestants évangéliques, passant de 2,5 % à 9 %. Et parmi les 25 % se déclarant catholiques, seulement 67 % adhèrent à la religion. C'est donc cette chute du catholicisme français qui est en cours. Ce recul du religieux est cruellement ressenti. Et l'islam n'est que la victime collatérale et expiatoire de cette lente dégradation. Mais l'islam est aussi touché par ce mouvement de laïcisation de la société. C'est la raison pour laquelle l'islamisme conservateur, voire piétiste, prolifère dans cette "communauté" pour résister tout autant à ce phénomène. On prête à Malraux ces mots : "Le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas", il les démentait. Il avait raison. C'est l'inverse. Mais ce mouvement spectaculaire provoque des crispations identitaires. De là à dire que le 21ème siècle sera celui des crispations identitaires face à l'individualisme contemporain.
A dimanche prochain !