Et après ? Les discours de Biden à Varsovie et de Poutine à Moscou ont flirté avec « la guerre de civilisation ». La défense de la liberté pour le Président américain, un classique de la guerre froide ; la défense des traditions chrétiennes et russes devant « l’avachissement du monde occidental », un classique de Poutine.   

Biden se veut chef du monde libre et parle aux Américains car il s’agit du premier acte d’une nouvelle candidature. On l’a vu tenter de trottiner en musique sur l’estrade à Varsovie, dans les rues de Kiev et chercher à démontrer qu’il supporte le voyage et la tension, le rendant apte au « service ».  

Si Poutine recycle tous ses standards, parle à « l’âme russe », s’adresse aux pays anti-occidentaux qui sont plus riches et plus nombreux que lors de la conférence de Bandung.

Poutine n’envisage pas la défaite, même si l’opération spéciale devient dans son discours « la guerre à pas de tortues », au moment où tout le monde envisage une offensive russe avant que les chars occidentaux ne soient livrés à l’Ukraine.Tant que le dictateur du Kremlin n’aura pas subi la défaite, il ne lâchera pas sa proie.

Quant au monde dit occidental, il n’y a pas plus de perspectives. Va-t-en-guerre à Munich, le président Macron refuse d’humilier la Russie à Paris dans le JDD. Ne s’est-elle pas déjà humiliée en déclenchant cette guerre et en ratant ses objectifs ? Le président s’attire d’ailleurs immédiatement une remarque acerbe de Zelensky lui reprochant de perdre son temps. Macron résume pourtant l’ambiguïté du camp dit occidental « gagner la guerre sans y participer, tout en espérant que la Russie ne soit pas vaincue ». Cela revient à faire une omelette à la broche. Le philosophe Jürgen Habermas plaide dans le Monde pour des négociations. La Chine va faire des propositions de paix. Lula peaufine son plan en attendant celui de l’Europe qui fixerait ainsi ses buts de guerre.

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Biden applique la stratégie de Donald Rumsfeld en réunissant à Varsovie ce que le secrétariat d’État néo-conservateur de Georges Bush avait appelé la jeune Europe, plus favorable aux États-Unis que la vieille Europe : les 9 pays issus du Pacte de Varsovie.

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L’inflation est à 13 % en ce mois de février. Pourtant l’actualité n’a d’yeux que pour la guerre en Ukraine et celle en interne sur les retraites. Mais un autre mal profond ronge les pays et la France. La lente dégradation du pouvoir d’achat due à une inflation stimulée par la guerre en Ukraine. Et le mois de mars va être redoutable en ce domaine. Édouard Leclerc parle d’un semestre rouge. L’agro-alimentaire et les enseignes de la grande distribution terminent les négociations sur les prix. Vu l’augmentation des prix de l’énergie, il est probable que ceux-ci vont faire un nouveau bond à la hausse.

Dans le même temps, le panier anti-inflation du Gouvernement, c’est-à-dire un panier à petit prix, réduit en empreintes carbones et made in France, ce petit bouclier a été abandonné par le Gouvernement. 

La combinaison des deux va alimenter la vie chère et le mécontentement en France avec la réforme des retraites.

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L’intersyndicale souhaitait que le Parlement s’empare de la question de la retraite à 64 ans et de l’article 7 pour des raisons pédagogiques et parlementaires. En effet, les Républicains pouvaient se diviser sur ce sujet. Mélenchon ne souhaitait pas ce vote.

Au-delà du spectacle pitoyable présenté pour empêcher l’Assemblée de traiter ce sujet et décider d’entraver la représentation nationale de délibérer, ce qui n’est pas rien en démocratie. Mélenchon poursuit une orientation et il a un rendez-vous en tête. 

D’abord, contrairement à la direction actuelle du PS, il a pris acte du caractère dorénavant fictif de la Nupes que nous avions pronostiquée en septembre. Alors pour le chef de la France insoumise, il s’agit maintenant de séparer le bon grain de livret à travers une radicalisation du conflit. Car dans cet espace qui est sa zone de confort, il a un leadership clair. Cela réduit les marges de manœuvre de ses frondeurs qui ont été éjectés de la direction de la France insoumise et enfermé dans la Mélenchonisation des partis qui composent la Nupes. 

Mais surtout son pari est double :

-        Une fois le texte adopté et peut-être même durci par le Sénat, il espère l’éclatement de l’intersyndicale : Laurent Berger ayant déclaré que la mobilisation pour lui n’ira pas au-delà de la loi adoptée et Martinez préconise de continuer après comme en novembre décembre 95 ; c’est le Congrès de la CGT ayant lieu fin mars. Dans ce contexte, il est peu probable que le syndicat secoué par une contestation mette les pouces. Et c’est là que la LFI pense entraîner le mouvement social débarrassé des réformistes et la Nupes mise au pied du mur dans la grande confrontation. C’est le sens aussi de son appel solennel aux sénateurs de la Nupes (qui n’existent pas à faire obstacle à la loi) ;

-        Et ce faisant, déposséder le RN de la casaque de meilleur opposant à la réforme.      

Mélenchon a été la mouche du coche du premier acte. Il veut se transformer en cocher du second : la grève générale et des élections législatives anticipées.

Cette fuite en avant est un condensé d’erreurs. Elle abîme la gauche dans sa capacité d’être une alternative. Elle surestime le mouvement social dans un pays certes hostile à la mesure d’âge mais très à droite. Elle prépare les conditions d’une nouvelle progression du RN. Et enfin, elle est le pendant de la faute du Président Macron : avoir déclenché cette crise dans un moment de guerre.

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Le Sénat s’empare lundi du texte des retraites. L’enjeu n’est pas le vote. Il est acquis, puisque sous l’impulsion du président Larcher et du président du groupe LR au Sénat, Retailleau, le Sénat se veut le véritable auteur du texte. Mais les sénateurs ont vu d’un mauvais œil les concessions du Gouvernement pour tenter d’amadouer les syndicats. LR au Sénat ne souhaite pas que les 64 ans soient mangés par des décisions budgétivores. Ce qui compliquerait la tâche du Gouvernement vis-à-vis des syndicats mais aussi de la commission mixte paritaire. Et des mesures encore plus impopulaires seraient du petit bois pour la France à l’arrêt le 7 mars.

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C’est le moment de la gauche non Mélenchoniste. Entre les populistes et les libéraux, la France a besoin d’une gauche de transformation, responsable d’une union praticable.

Cette idée que « Nouvelle Société » porte depuis sa fondation et dont Le Laboratoire de la social-démocratie (avec les amis de Laurent Joffrin et ceux de Michel Destot) en est le premier exemple. Cette stratégie de remembrement a connu plusieurs succès, après avoir porté à quelques-uns le refus d’une union sous pavillon Mélenchon ; au parlement d’abord, avec le refus de mêler les voix de la Nupes à celles du RN dans des motions de censure Au PS ; ensuite, avec la mise en ballottage de la direction pro-Nupes ; au Laboratoire de la social-démocratie encore avec la mise sur pied de l’élaboration d’un programme fondamental répondant à la crise doctrinale de la gauche de Gouvernement ; mais aussi chez les écologistes et plus encore au PCF ; au parlement encore, avec les prises de distance avec la tactique parlementaire de LFI, au point qu’elle fut dénoncée par les écologistes, même les plus radicaux ; et la direction actuelle du PS se prononce pour un audit de celle-ci ; mais aussi avec l’exemple du mouvement social où la CFDT joue un rôle pivot dans l’union syndicale.

Il faut maintenant donner corps et sens à ce moment. De nombreuses initiatives sont prises dont la dernière est celle de Bernard Cazeneuve. Elles doivent converger dans un espace commun qui travaille à une alternative de centre gauche, regroupant tous ceux qui veulent travailler à une refondation de la gauche réformiste, qu’ils soient dans le PS ou hors du PS.

Le succès réside dans la co-construction de cette alternative et sa capacité à incarner un nouveau cycle doctrinal, stratégique et organisationnel, avec comme rendez-vous structurant et décisif à la prochaine présidentielle. Soit il y aura un candidat unique de la Nupes, soit il y aura un candidat de la gauche réformiste. Ça se prépare dès maintenant.

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À la suite de l’hiver le plus sec depuis 1959, la situation des nappes phréatiques est au plus bas. Le Gouvernement envisage déjà des mesures de restrictions, même si les deux prochains mois seront décisifs. Inutile de préciser les conséquences sur les cultures et le fourrage des bêtes. Voilà une mauvaise nouvelle de plus pour la constitution des prix et l’inflation.

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Une enseignante poignardée à mort par un adolescent à Saint-Jean-de-Luz. Ce drame épouvantable dû à un enfant qui dit avoir entendu une voix le poussant à l’acte illustre l‘ensauvagement de certains jeunes sans nier la dimension probablement psychologique de cette malheureuse affaire. L’école est de moins en moins un sanctuaire et la frontière entre le réel et la fiction est de plus en plus ténue. Les enseignants sont en première ligne de la société face aux délires de la société virtuelle.

A dimanche prochain.