578 jours de guerre en Europe

  1. Le nouveau front ukrainien.
  2. La guerre pacifique.
  3. La "nouvelle frontière" de M. Le Pen.
  4. Mélenchon n'aime personne à gauche.
  5. Le nouveau patron de Wagner.
  6. L'Europe n'est pas le problème, mais la solution pour l'immigration.
  7. La purge de Xi.
  8. Le moteur allemand cale.
  9. Un sondage choc.
  10. Guterres cible la France.
  11. Le Pape et la République.

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Le nouveau front ukrainien

La Pologne, premier fournisseur de munitions de l'Ukraine, a décidé de cesser de le faire. Le ton monte entre Kiev et Varsovie à propos des céréales exportées sans droit de douane. Le conflit s'enlise, et les soutiens à l'Ukraine se heurtent au temps, une variable qui est le facteur décisif des conflits armés. Sauf événement extraordinaire, la guerre en Ukraine est partie pour devenir une "longue guerre". Les Russes ont perdu la guerre offensive dans les faubourgs de Kiev, mais sont en passe de gagner la guerre défensive dans le Donbass. Avec un courage insensé et des moyens entravés, les quelques percées mémorables ne permettent pas, semble-t-il, aux Ukrainiens de l'emporter. On évoque des villages repris autour de Kherson, c'est très bien ! Alors que la clé du conflit se trouve au sud, autour de Zaporijjia ou en direction de Melitopol. Comme l'OTAN et l'Europe rechignent aux frappes en Russie, les Ukrainiens tentent alors d'ouvrir un nouveau front en mer Noire. Celui-ci est bouclé par les Turcs, et Poutine peut difficilement forcer le blocus de "l'ami" Erdogan. L'état-major ukrainien utilise des drones maritimes pour atteindre les bateaux russes en sous-effectif. C'est moins coûteux et plus efficace sur le plan médiatique. La capacité offensive médiatique est ainsi maximale et permet d'entretenir l'espoir, et de rassurer le monde occidental sur une issue qui tarde à venir (avant l'automne boueux rendant inefficace la livraison des chars Léopard allemands). Il n'a pas échappé au président ukrainien que le parti républicain aux États-Unis a inscrit dans son programme le désengagement du soutien militaire à l'Ukraine.

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La guerre pacifique

Les conditions de l'affrontement entre la Chine et les États-Unis mûrissent dangereusement. La compétition guerrière prend un cours nouveau : les États-Unis ont décidé de concentrer 60 % de leurs forces navales (283 bâtiments de combat) dans l'Asie pacifique, face à la Chine ; la Chine (600 bâtiments de combat), qui depuis la loi de 2005 anti-sécession (qui vise Taïwan), a fait de la "zone économique exclusive" en mer de Chine du Sud et du Nord son objectif stratégique. Le développement exponentiel de la Marine chinoise, intitulé la "grande muraille de Chine," a réveillé aux États-Unis le traumatisme de Pearl Harbor. Le programme ECHELON, construit au lendemain de la Guerre froide, a été réactivé. C'est le "système de surveillance et d'écoutes intégrées." Il fédère le monde anglo-saxon, ce qui explique que la France ait été éjectée sans ménagement de l'accord sur les sous-marins avec l'Australie. Mais il couvre aussi le monde entier. Toute la planète est mise sur écoute. Dans cet engrenage infernal, la Chine tente de construire au-delà des BRICS un "axe noir," sorte de glacis regroupant les tenants de l'illibéralisme et de la dictature. La Chine accueille pour un partenariat stratégique dans un avion "Air China," c'est plus sûr, le boucher Bachar al-Assad, qui a été adoubé il y a peu par la Ligue Arabe. Jean Ferrat avait raison de chanter dans "Nuit et brouillard" : "Le sang sèche vite en rentrant dans l'Histoire." Les États-Unis ne se sont pas embarrassés du passé nazi pour faire la guerre à l'URSS. Cette dernière avait fait de même. Aujourd'hui, la Chine estime que le modèle démocratique occidental est caduc. D'ailleurs, l'illibéralisme gagne les démocraties occidentales. En attendant, la fièvre monte dans le Pacifique. Comme Macron prétend que nous sommes une puissance du Pacifique, il faudrait se préparer.

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La "nouvelle frontière" de M. Le Pen

La proposition de Marine Le Pen énoncée lors de son discours de Beaucaire est bien plus qu'un coup médiatique. C'est une tentative de construire une résonance avec l'électorat de la gauche. Elle déclare sa volonté de faire voter une déclaration des droits de la nation. On peut se dire : une énième proposition nationaliste d'exclusion. C'est cela, mais pas seulement. La "candidate naturelle de son camp", selon ses dires sur TF1, propose la souveraineté nationale face aux nouveaux empires : les GAFAM. Il s'agit donc du "mixte nationaliste français" entre nationalisme d'exclusion et anticapitalisme. Elle contourne le refus de l'Europe, si ce n'est le Frexit, qui lui avait valu l'échec de sa présidentielle en 2017. Et elle reprend par la même occasion une revendication classique à gauche. Après avoir siphonné idéologiquement la droite, elle s'attaque électoralement à la gauche. Non pour le premier tour, mais pour être la moins pire du deuxième tour. Au premier tour, on choisit ; au second, on élimine. Comme la présidentielle se réduit à qui peut battre Marine Le Pen, elle a tenté la banalisation, puis l'institutionnalisation, et maintenant c'est le tour de la gauchisation (retraite à 60 ans, la vie chère, le combat contre les GAFAM). Il s'agit de réduire le rejet au second tour. Évidemment, rien n'est inscrit, et la route est longue, mais Marine Le Pen met toutes les conditions de son côté. Elle a aussi remboursé l'emprunt russe et les dépenses de ses assistants parlementaires européens. Alors que la gauche patauge et la droite patouille.

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Mélenchon n'aime personne à gauche        

Jean-Luc Mélenchon n'aime ni les socialistes "des mignons", ni les communistes "sans révolution", ni les écologistes "du jardinage". Il l'a dit sur BFM devant le dernier des Duhamel, pas le plus mauvais, totalement interloqué. Très en verve, le leader de La France insoumise à la Fête de l'Humanité s'emporte, pendant que ses troupes conspuent Roussel, "je ne ferais jamais l'alliance sur un programme qui ne se fixe pas comme but la rupture". Résumons, il n'aime pas les autres, mais il veut bien l'union sur son programme. Quant à la question de la présidentielle, "lui vivant", il n'y aura jamais de primaires. On croirait du Georges Marchais dans le texte. On aurait aimé que le PS dise que Mélenchon ne fixait pas seul les conditions du combat de la gauche. Qu'il n'était pas à lui seul la gauche. Que l'hégémonie tapageuse du leader de La France insoumise était fatigante. On aurait rêvé d'une réplique cinglante sur la comparaison entre Doriot et Roussel. Un peu de nerf, quoi ! Mais au même moment, Olivier Faure s'adresse aux militants du PS pour leur dire "qu'il aurait souhaité une liste commune de la NUPES". Et il ajoute "vous pouvez compter sur moi", la NUPES continuera après les Européennes. Ce qui annonce une autonomie honteuse du PS lors des Européennes. Alors que le PS rompt lentement avec la tutelle mélenchonienne : pas d'accord avec LFI aux sénatoriales, pas de listes NUPES aux Européennes, pas de participation à la manifestation de LFI le 23 septembre contre la police. Il y a bien deux lignes dans la social-démocratie.

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Le nouveau patron de Wagner

Pourquoi le Kremlin propose-t-il à Sourovikine, limogé pour sa proximité avec Prigojine, de prendre la tête de Wagner ? Certes, il avait lancé un appel pour que les séditions en marche sur Moscou s'arrêtent, ce qui fut le cas 48 heures plus tard. Mais il a disparu juste après. Ce n'est pas la première fois que soudar rebondit. Il avait déjà fait partie du complot contre Eltsine avant d'être promu. Après une éclipse voulue ou imposée, il réapparaît très amaigri sur une photo à Alger. Retour en grâce donc pour le soutien de Prigojine, mais dans quel but ? Il s'agit visiblement de câliner l'état-major algérien et le président Tebboune, contrit de ne pas avoir été retenu par les BRICS. Il faut aussi s'assurer que ces derniers ne prennent pas ombrage de la coordination sous pavillon russe au Mali, au Burkina et au Niger, et vérifier si l'Algérie ne jouera pas un jeu compliqué avec la France ou les États-Unis. Mais c'est aussi la stratégie du contrepoids chère à Poutine. Choïgou, le ministre de l’Armée russe, est mal vu par le FSB et Poutine s'en méfie. Le regretté A. Adler estimait : "Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est de l'armée que viendra le coup anti-Poutine." Prigojine, avant de "péter un câble", servait à cela pour contrebalancer les risques. Par ailleurs, les troupes de Wagner ont besoin d'une incarnation. Le "boucher syrien" correspond au cahier des charges, moins médiatique que Prigojine mais plus politique. Il peut s'intégrer au système militaire sans s'y subordonner. Pendant ce temps, Poutine arme la Rosgvardia, la redoutable arme du Kremlin. On n’est jamais trop prudent.

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L'Europe n'est pas le problème, mais la solution pour l'immigration

L'arrivée massive de migrants sur l'île de Lampedusa en Italie démontre que seule l'Europe peut agir pour bien accueillir, bien répartir, à défaut de bien reconduire. Cela viendra. Le traitement des flux migratoires dans un seul pays est un moyen de dénoncer l'immigration et l'Europe, mais certainement pas de traiter le problème.

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La purge de Xi

Après le ministre des Affaires étrangères, c'est au tour du ministre de la Défense chinois de disparaître. Ce ne sont pas les seuls, de nombreux hommes d'affaires ou hauts fonctionnaires semblent passer à la trappe, comme ce fut le cas pour le patron d'Interpol. La "purge XI" est préventive. Elle touche les corrompus, mais qui ne l'est pas dans ce système ? Elle vise aussi les relais possibles de Hu Jintao, évincé sans ménagement lors du dernier congrès. Mais elle a surtout pour but de renforcer le pouvoir du comité des 7 devant les conséquences du ralentissement économique chinois et l'escalade nationaliste face à "l'encerclement chinois", avec Taïwan en ligne de mire. La Chine se poutinise.

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Le moteur allemand cale

La Commission européenne a revu à la baisse ses pronostics de croissance à cause de la panne allemande. La crise de stagflation allemande impacte toute l'Europe. La production industrielle est passée de 30 % du PIB en 2020 à 26 % aujourd'hui. Ce net recul est dû à la concurrence chinoise et à la concurrence américaine dans le secteur de l'automobile. C'est aussi dû à l'augmentation des salaires dans les pays d'Europe centrale, avantage traditionnel et structurel allemand. Mais tout autant à l'augmentation des salaires en Allemagne même, due au rattrapage de l'inflation et à la hausse du foncier et des logements, un autre avantage concurrentiel allemand. Enfin, à la crise énergétique que traverse l'Allemagne à la suite de la guerre en Ukraine, à la fin du gaz russe et à l'abandon du programme nucléaire. Et voilà la coalition au pouvoir confrontée à la nécessité de soutenir les entreprises énergivores. Elle déclenche une crise avec les libéraux. Ils refusent catégoriquement "cette distorsion de concurrence".

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Un sondage choc

Sondage choc de CSA : 62 % des Français vont réduire leurs dépenses alimentaires et d'énergie dans l'année à venir. Ce qui donne une indication sur l'état d'esprit des Français. Ils estiment qu'il leur manque 540 € pour vivre correctement. La pression sur les salaires va être forte.

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Guterres cible la France

António Guterres est un socialiste devenu patron des Nations Unies. Il a toujours fait honneur à l'un et à l'autre. Dans son discours d'ouverture de l'ONU, il s'en est pris à mots couverts à la France pour avoir décidé d'interdire l'abaya. Curieux, comme s'il n'y avait pas d'autres urgences. Étonnant que la France ne proteste pas ou que la presse ne s'interroge pas.

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Le Pape et la République

La visite pastorale du Pape François n'impose pas la présence du président de la République. Jacques Chirac ne l'avait pas fait lors de la visite de Jean-Paul II. Le président Macron ne semble pas attentif aux symboles... On ne peut décider de l'interdiction de l'abaya au nom de la laïcité et prendre le risque, 15 jours plus tard, par la présence à une messe, de donner à croire que cela a été fait au nom de l'Église catholique. C'est une entorse inutile à la laïcité, faire du catholicisme une préférence présidentielle et offrir un argument facile au "deux poids, deux mesures." Tout cela pour être sûr de la photo au nom du "tel est mon bon plaisir."

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INVITÉ DU POINT ​CE WE


A Dimanche prochain !

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