Succès incontestable des manifestations du 11 février en termes de participation, mais aussi de mobilisation dans toute la France. L’unité intersyndicale permet le rassemblement tranquille des Français. Emmanuel Macron est devant le mur hostile des Français que les sondages confirment : entre 62 et 70 % sont favorables aux mobilisations, dont plus de 40 % pour un durcissement de la protestation. La décision de mettre le pays à l’arrêt le 7 mars va faire monter la tension sociale devant le refus d’entendre et l’agacement présidentiel. Le 7 mars, fin du cycle des manifestations ou le début des grèves reconductibles ?

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La bataille pour la vassalisation de l’Europe a commencé. Le conflit est en Asie mais il commence ici. La Chine et les États-Unis sont engagés dans une « guerre à l’hégémonie » en ce début de siècle. Et l’Europe est l’un des théâtres d’opérations de ce conflit. Ni la Chine ni les États-Unis n’acceptent un espace européen coordonné économiquement, et encore moins militairement. La Russie agressant militairement l’Ukraine se pense maître de son destin. Mais elle permet, au-delà de l’épouvantable massacre et destruction, aux États-Unis d’exercer leur leadership militaire et financier aux marges de l’Europe ; et à la Chine, par la Russie interposée, de s’opposer à cette hégémonie. Le Brexit pour les anglo-saxons d’un côté et les accords germano-chinois de l’autre sont des prises de guerre. L’Europe est dans la tenaille d’une double guerre militaire et commerciale. 

La guerre par procuration avec la Russie pèse de plus en plus sur l’économie européenne et menace, à chaque instant, de basculer dans la guerre tout court. Les 200 000 militaires Russes d’un côté, et l’armement de chars (même défectueux) de l’autre annoncent une année de boucherie. 

Mais il est un autre front ouvert en Europe. Le plan de l’administration américaine de 370 milliards de dollars de soutien aux industries américaines (« Inflation Reduction Act ») est une machine de guerre intérieure et une hotte aspirante à l’industrie européenne de l’autre. Elle se double d’un objectif stratégique signé le 27 octobre 2022 entre les États-Unis, le Japon et les Pays-Bas dans lequel les deux derniers s’alignent sur le régime américain de restrictions aux transferts de technologie des semi-conducteurs en Chine. Pendant que la Chine multiplie les accords bilatéraux en Europe contraignant à son égard ou rachète des ports, des infrastructures, des entreprises stratégiques au nom de la route de la soie. La question de l’indépendance de l’Europe est posée. Mais les nationalistes populistes ou souverainistes en vogue en Europe obscurcissent cette question fondamentale. 

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Zelensky fait de la diplomatie une arme politique. Après les États-Unis, le Royaume-Uni où le président ukrainien a pris la parole devant le Parlement, la France a eu droit à un crochet et à un souper et l’Allemagne l’autorisation de s’y raccrocher. Ainsi la hiérarchie des soutiens ukrainiens est fixée. La France paye son tête-à-tête appuyé avec Poutine ; l’Allemagne ses hésitations sur les chars Léopard. Le président Zelensky n’hésitant pas à déclarer à propos d’Emmanuel Macron : « je crois qu’il a changé (…) et pour de bon cette fois-ci ». Ce qui résume ce que les Ukrainiens pensent de la politique française. 

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La Cour constitutionnelle fédérale allemande de Karlsruhe vient de faire un pas en avant qui, au regard de la construction européenne, est un pas de géant. En effet, traditionnellement hostile à toutes dépenses mettant en cause la souveraineté des contribuables allemands et les prérogatives du Parlement, cette cour, qui est le paravent juridique de tous les nationalistes et souverainistes allemands vient de stipuler qu’il fallait que la souveraineté soit durable pour qu’elle provoque une réelle mise en cause constitutionnelle.

Ce qui ouvre le chemin à des décisions extra-budgétaires pour des missions ponctuelles, à condition qu’elles ne soient pas contradictoires aux traités. Cette décision permet donc des emprunts conjoncturels pour des causes exceptionnelles. Voilà une bataille engagée sous la présidence Delors qui vient d’aboutir pour le plus grand bien de l’Europe. 

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Un soutien poli des équipes faméliques, une solidarité logistique minimale ; étrange cette absence d’empathie européenne pour les 20 000 morts syriens et turcs après le séisme qui a ravagé une partie des deux pays. 

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« L’affaire Quatennens » n’en finit pas d’empoisonner la vie de La France insoumise. Nous avions pronostiqué le sparadrap du capitaine haddock. Nous sommes en deçà de la réalité. Tumulte à l’Assemblée du côté de Renaissance ; Sandrine Rousseau quitte sa place dans l’hémicycle lors de l’intervention du député du Nord en défense des régimes spéciaux. Ruffin lui recommande publiquement une année sabbatique à son collègue et le don de son salaire à des associations de défense des femmes. Quant à Jean-Luc Mélenchon, excédé par une question à ce sujet sur le plateau de BFM le quitte de colère. On imagine aisément les conséquences d’un retour dans le groupe de La France insoumise dans 2 mois.

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Le PS à nouveau coupé en deux à propos de la Nupes. En absence d’instances légitimes, le Bureau national et le Conseil national ne peuvent se réunir car les élections des premiers fédéraux continuent. Le PS ne peut trancher sur la candidature des socialistes dans l’Ariège lors d’une élection législative partielle. D’un côté les fauristes défendent la candidature de Bénédicte Taurine soutenue par la Nupes, de l’autre Martine Froger soutenue par Carole Delga, la fédération et les parlementaires et élus du département, et par Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy. 

Quand nous vous disions que Marseille n’avait rien réglé mais seulement différé les problèmes, Anne Hidalgo n’a pas hésité à le souligner, en estimant à la radio qu’« Olivier Faure n’a pas été élu premier secrétaire car son élection n’a pas été reconnue ». 

Le PS est toujours coupé en deux entre pros Nupes et pros nouvelle union. 

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Le silence de Wauquiez sur la question de la réforme des retraites est signifiant et donne des ailes aux opposants à ladite réforme chez LR. Le prétendant à la présidentielle pour la droite classique préférait un 49.3 qui aurait pour lui un double avantage :  d’affaiblir les macronistes de droite et les prétendants à la charge suprême (Édouard Philippe et Bruno le Maire), sans qu’ il ait à se prononcer et à supporter ladite réforme lors de la prochaine présidentielle. 

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Rien ne va plus entre l’Algérie, le Maroc et la France et c’est toute la politique méditerranéenne de la France qui est enrhumée. L’Algérie a rappelé son ambassadeur pour consultations, après l’exfiltration par la France de la journaliste franco-algérienne qu’Alger voulait embastiller pour avoir mis en cause le régime qui emprisonne à tour de bras. Le Royaume marocain a fait de même car il estime que la France aide à l’armement du régime algérien menaçant sa sécurité. Pire, Rabat a estimé qu’il fallait, dans ces conditions, rompre toutes les relations diplomatiques avec Paris car elle ne servait à rien. Le président Macron, accaparé par un rétablissement européen à la suite de la guerre de la Russie à l’Ukraine, laisse s’ouvrir un front redoutable sur la façade Sud de la Méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie et Libye). Il est clair que le moyen de pression de ces pays, plus ou moins en distance de Paris, sera la pression migratoire qui passe par leur pays. Et ceci, avec les conséquences que l’on connaît : morts en méditerranée et montée du national-populisme qui n’avait pas besoin de cela pour s’installer dans toutes les têtes. 

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Se faisant le porte-parole du président de la République et son agacement devant le peuple Français, récalcitrant à l’alignement sur le modèle anglo-saxon, Olivier Dussopt a fustigé à l’Assemblée les « corporatismes et la rente ».  Il faut un fond idéologique à la réforme des retraites car la question des déficits ne suffit visiblement pas. Et c’est le retour des poncifs libéraux sur la fluidité du marché du travail nécessaire à la croissance. On ne voit pas trop en quoi consiste la rente pour la moitié des Français en dessous du salaire médian. On voit en revanche en quoi il consiste pour ceux dont l’épargne dort. Ils en ont les moyens. Quant au corporatisme, de quoi s’agit-il ? L’obstacle à la dérégulation ou à la remise en cause de l’État social ? Pendant que l’on radicalise un pôle contre le travail, on est dans la surenchère verbale qui frise parfois le grotesque à l’Assemblée nationale. Les rappels au règlement succèdent aux amendements de formes qui précèdent les incidents de séance où le potache le dispute à l’indécence, prétexte à l’indignation feinte. Le dernier en date fût particulièrement nauséabond, transformant la tête d’Olivier Dussopt en ballon de foot. Un parlementaire crut malin de poser son pied dessus. Le libéralisme d’un côté, sûr de son fait, le populisme de l’autre, sûr de ses méfaits, se font face dans la surenchère, pendant que le national-populisme d’extrême-droite se présente en facteur d’ordre.

Une gauche responsable de type social-démocrate, conjuguant transformation sociale et justice, capable d’inventer le nouveau souffle écolo-numérique du modèle français manque à la France.

A dimanche prochain.