Le président de la République installe la Convention citoyenne sur la fin de la vie. L’intégrité humaine s’incarne dans cet ultime droit à décider pour soi des conditions et du moment de sa mort. Il s’agit de maîtriser sa fin de vie face à la dégradation, la déchéance et la souffrance. Il s’agit d’une option et pas d’une obligation. La commission Clayes-Léonetti a bien avancé dans ce domaine (possibilité d’une sédation profonde et continue jusqu'au décès). Elle contourna l’interdit en ce domaine, ouvrant un droit à la fin de vie sous un contrôle strict. Il faut aujourd'hui aller plus loin en ne mésestimant pas les réticences morales, culturelles et cultuelles. Ce sont les mêmes que ceux qui s’opposaient à l’avortement au nom de la vie. « Le destin de l’Homme est de ne pas contrôler l’heure de la mort » dit-on. « Elle appartient à une instance physique ou religieuse extérieure à lui » ajuste-t-on. Pourtant, la mort est un sujet intime qui, précisément, a une valeur existentielle. On oublie que l’humanité est dotée d’un don : celui du libre choix. Décider de sa fin de vie est le stade ultime de la liberté individuelle. 

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Recette libérale et réponse ponctuelle, alors que les prix s’envolent et les crises s’empilent comme celle de l’immobilier où les coûts de construction et les taux d'intéret sont à la hausse. Les collectivités sont étranglées. Mais l’État sans plan d’ensemble part au plus pressé, arrosant le sable : un chèque de 100 € pour les plus modestes. Et voilà la tenaille économique impossible qui s’impose : le FMI, la BCE, Bruxelles pointent les déficits publics colossaux ; les taux d’intérêt augmentent ; le risque de voir les marchés jouer contre les États revient. Et pourtant, devant le mur social, le gouvernement et Emmanuel Macron augmentent les déficits en accordant des chèques compensatoires. Ils se dérobent devant l’augmentation des impôts des entreprises, espérant que la faible croissance et la consommation des plus riches sauvent la France. Le logiciel libéral n’est plus opérant. 

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Janvier sera le mois de tous les dangers ! Les déficits exigent des réformes libérales pour rassurer les marchés. Celle des retraites est la plus emblématique. Les conditions de la grande confrontation se mettent en place. Les syndicats, pour une fois unis, ont décidé de se lancer dans des grèves et manifestations en janvier contre la retraite à 65 ans. François Bayrou produit une note catastrophiste pour faire le poids pour la réforme paramétrique. Un groupe de 15 députés commando de chez Renaissance est mis en place. Et le Gouvernement, dans une veillée d’armes lors d’un dîner à l’Élysée mercredi soir, décide de foncer dans le tas.

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Olivier Faure a adoubé, sans aucun mandat, sur France Info la revendication phare de la France insoumise : « la retraite à 60 ans » (alors que le PCF est pour un référendum et EELV pour une retraite à 62 ans et 60 ans pour les étudiants). Il espère que celle-ci deviendra le point de ralliement des anti-retraites à 65 ans et lui permettra d’être gagnant au Congrès du PS. Ceci au prix d’un triple renoncement : à l’identité socialiste en ce domaine ; à la cohérence de la position réformiste après la loi Touraine (la réforme à 65 ans ne s’impose pas) ; et au trait d’union nécessaire, choisissant les syndicats protestataires contre les syndicats réformistes.  

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La police des mœurs abolie après 3 mois de contestations et des centaines de morts en Iran ?  L’étau du « Zéro covid » et son contrôle social desserré après une dizaine de jours de manifestations violentes dans toute la Chine ? Il est de bon ton de manifester son pessimisme dans les deux cas. En effet, rien n’est venu confirmer les annonces. Mais le fait qu’elles aient eu lieu est le résultat du rapport de forces et un point d’appui pour les révoltes. Les masses en mouvement deviennent des forces matérielles qui font reculer les dictatures l’espace d’un moment pour garder l’essentiel : le monopole de la répression. Il n'empêche que ces deux « bougés », malgré les morts et la féroce répression, sont un encouragement aux combats pour les libertés. Il suffit de voir la grève générale en Iran mercredi et l’entrée dans le mouvement du Bazar qui en 79 avait été décisive pour la chute des Pahlavi.

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« Le coup d’État constitutionnel en Pologne viole gravement la conception européenne de l’État de droit » dit la commission. Elle déclare « l’existence de déficiences systémiques ou généralisées, en ce qui concerne l’indépendance du pouvoir judiciaire ». Depuis 2015 et la victoire du PiS de Jarosław Kaczyński à la présidentielle et aux législatives, ce parti est devenu un parti unique et profite des circonstances pour faire aboutir son coup d’État, visant à mettre le pouvoir judiciaire sous la tutelle du politique. Les gouvernements populistes comme la Hongrie bloquent systématiquement les résolutions condamnant cet état de fait. Le poids de la vague migratoire ukrainienne supporté par la Pologne conduit l’Europe à accorder 35 milliards dans le cadre du plan de relance, réduisant ainsi toute menace de rétorsion budgétaire. C’est un pas de plus dans la marche du national-populisme et illibérale en Europe dont la tentative d’un coup d’État d’extrême droite en Allemagne n’est pas la moins inquiétante. 

Il serait temps que la gauche regarde ce problème en face au lieu de paver la route au lepénisme, en banalisant les convergences parlementaires avec l’extrême-droite. 

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La dernière conférence de Vladimir Poutine confirme ce que nous évoquions dans les précédents « instantanés ». Les Russes s’enterrent au Donbass dans « les nouvelles Républiques Russes », bombardent les installations d’eaux, de gaz et d’électricité. Il serait temps de s’inquiéter du deal irano-russe. Le nucléaire est-il inclus dans la livraison des drônes ? En attendant ...

Ils en appellent à la défense du territoire « agressé par l’Ukraine et l’Otan ».

On est passé de la rhétorique « Balayer les drogués fascistes » à « la plus puissante armée du monde nous attaque ». Ce changement sémantique légitime l’évolution stratégique militaire. Et elle stimule l’union sacrée patriotique qui a déjà fonctionné en Russie (Guerre civile 1918/ 1923 ou l’invasion de l’armée allemande en 1941 /1942 opération Barbarossa). La dernière carte de Poutine ? 

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Le résultat du premier tour des élections pour la présidence du parti de la droite conservatrice LR marque, tout à la fois, une inclinaison et une contradiction. 

L’inclinaison pour la droite extrême, nationaliste, d’exclusion partageant avec l’extrême-droite la hantise du métissage, l’obsession de l’immigration et la primauté de la sécurité sur toutes autres propositions. LR va s’intégrer un peu plus dans le bloc nationaliste quel que soit le vainqueur entre Ciotti et Retailleau. 

Mais la contradiction vient de la percée relative d’Aurélien Pradier qui incarne une tendance de centre-droit, traditionnellement présente dans ce parti. En plus, Franck Louvrier, maire de la Baule et ancien du cabinet de Nicolas Sarkozy, vient de pester contre la Mélonisation de la droite. Un courant pro « deal » avec Macron se fait jour dans le parti, avec Nicolas Sarkozy comme porte-voix. Alors pour l’emporter au second tour, les deux héros de la droite dure doivent mettre de l’eau dans leur vin, tout en tenant Sarkozy à distance. 

LR est dans une tenaille, à cheval sur la faille politique française, entre le nationalisme de Marine le Pen et le libéralisme de Macron. LR ne donne pas le la dans la droite. Il est dans la droite et dominé par d’autres. Et cela ne va pas s’améliorer avec la candidature du très droitier Wauquiez à la future présidentielle. Lui qui se jette dans la bataille pour sauver le soldat Ciotti se trouve devant une équation complexe.

Comment être plus nationaliste que Marine le Pen et plus libéral - conservateur qu’Édouard Philippe (qui n’aura pas à assumer le second quinquennat de Macron), les deux caracolant en tête dans les sondages. 

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Il y a toujours eu des chansons qui rythment l’épopée des Bleus. En 98, ce fut « I Will survivor » (je survivrais). C’était bien vu ! 

« Freed from désire » (libérer du désir) chantent aujourd'hui les footballeurs de l'équipe de France de football après chaque match.  Au-delà du couplet entraînant, espérons qu’ils ne seront pas libérés du désir de gagner.   

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Un homme soupçonné de vol lynché à mort à Nice. Je vous avais mis en garde contre les milices d’autodéfense surgissant en France. Aujourd'hui, on est passé à l’acte. La déconstruction républicaine c’est cela. Peu à peu s’accumulent les conditions de l’illibéralisme. Une course de vitesse est engagée entre la décomposition républicaine, les populistes qui la nourrissent, et la tentative de refondation d’une République moderne portée par des sociaux-démocrates.

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Le NPA va exploser. Après le départ des militants de la révolution permanente, la crise couvait et la séparation est inscrite entre ceux qui veulent maintenir un parti révolutionnaire et ceux qui veulent « travailler » si ce n’est s’intégrer dans la France insoumise. Le NPA a donné naissance à quatre organisations : ceux qui se retrouvaient dans Ensemble (Clémentine Autain) où là il y a eu aussi désaccords et scissions ; la très radicale révolution permanente et les deux futures entités. La plupart vont s’intégrer dans la LFI où sont déjà présents les trotskistes du POI qui ont un député Jérôme Legrave. Ceci explique peut-être cela.

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La crise à LFI est maintenant patente. L’assemblée générale qui devait réorganiser LFI a produit la division. Toutes les personnalités de LFI (Autain, Corbière, Coquerel, Ruffin) se retrouvent exclues des instances de décisions au profit d’Emmanuel Bompard – l’homme qui ne voyait aucun inconvénient à voter des textes du RN -  De la difficulté  de passer d’un système gazeux à un système  solide et un parti  de plus en crise dans une Nupes qui sème le trouble partout.

A dimanche prochain