Les dés sont pipés entre l’Europe et la Chine, alors que le président Macron et la présidente de la Commission Ursula von der Leyenont tenté d’embarquer la Chine dans le camp du soutien à l’Ukraine ou, tout du moins, dans celui qui joue la désescalade. La tension en mer de Chine montait d’un cran. Dans le cadre de l’accord de coopération renforcée en matière de défense entre les États-Unis et les Philippines, Manille accordait 4 bases militaires à Washington (la base navale Camilo Osias à Santa Ana ; Lal-lo Airport à Cagayan ; Camp Melchor Dela Cruz à  Gamu ; et l’île Balabac à Palawan). 

L’ambassadeur de Chine aux Philippines a immédiatement répliqué en déclarant qu’il s’agit de « l’effort déployé par les États-Unis pour encercler la Chine », rien de moins. Notons, tout de même, que les Philippines sont beaucoup plus près de Taïwan que Cuba des États-Unis. Le déploiement de missiles à Cuba le 14 octobre 1962 avait provoqué la plus grave crise entre l’Union Soviétique et les États-Unis. On n’était pas passé loin de la Guerre. On imagine alors la réaction de Pékin à ce déploiement. Dans ces conditions, obtenir de Xi Jinping qu’il lâche la Russie est une gageure. La Chine, dans sa quête de désoccidentaliser le monde pour imposer sa Route de la Soie, voit dans le soutien à la Russie le moyen de contrebalancer stratégiquement son « encerclement ». Xi Jinping soulignant, en préambule de ses entretiens avec Macron, « son lien avec la France, dans un monde en pleine mutation historique ». Tout est dit. Et sa menace sur la mer de Chine du Sud (cf. les instantanés de dimanche dernier) ont conduit les États-Unis à renforcer leur déploiement militaire. L’Europe et la France n’ont pas d’espace dans cette dialectique, mis à part des communiqués, à moins de promouvoir un plan global mondial de paix, ce qui voudrait dire une autonomie stratégique. Ni l’Europe de l’Est, ni l’Europe du Nord ne sont prêtes à concéder une autonomie vis-à-vis des États-Unis. 

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L’ex-président Trump est inculpé pour subornation de témoins par des moyens illicites ; en l’occurrence, une actrice porno qu’il a fait taire, moyennant finance. Le procureur de Manhattan s’en prend, à juste raison, au système Trump et à l’impunité des cols blancs. Mais c’est la première fois qu’un président des États-Unis se retrouve dans cette situation. Évidemment, le résultat immédiat est une mobilisation du noyau dur de l’électorat "trumpiste" et un bond dans les sondages, en vue des primaires des Républicains. C’est l’effet victimisation. Cela n’est pas étonnant, quand on sait que 70 % des Républicains n’ont pas voulu reconnaître le résultat des élections américaines. Cette décision judiciaire en appelle d’autres. Elles vont ordonner les mois de campagne présidentielle aux Etats-Unis et finiront par interroger. A la fin des affaires, les Républicains seront devant ce dilemme : un ex-président sûr de l’emporter dans les primaires mais de perdre lors de l’élection présidentielle : à moins que les Démocrates se divisent entre réformistes et radicaux. Trump ébranle, électrise en permanence l’Amérique. Mais il est aussi le symptôme d’une Amérique irréconciliable, d’une nouvelle guerre de Sécession ...

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Anne Sinclair, dans une saine indignation, a prononcé devant le congrès J-Call, dans les locaux du Parlement européen, un discours férocement juste qui résonne avec l’émotion des juifs en Israël. « Les juifs de la diaspora ont le droit de dire leurs inquiétudes quand la démocratie est menacée, au nom même du judaïsme (...). J’ai honte et peur que le chef du Gouvernement israélien soit prêt à tout pour échapper aux poursuites qui l'atteignent (...). J’ai honte qu’on ait pu employer le mot « pogrom » pour une expédition punitive organisée, fût-ce en représailles d’un horrible double meurtre (...), qu’un ministre des finances ait pu appeler à raser un village arabe (...), à dire que le peuple palestinien n’existait pas ». Un discours de combat pour défendre la démocratie israélienne. Et quand on voit ce qui se passe sur l’esplanade des mosquées, on ne peut que partager ses craintes.

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En posant poliment la question à Elisabeth Borne « madame voulez-vous retirer la réforme ? », puis en se levant, suivi par toute l’intersyndicale comme un seul homme face au « NON » de la Première ministre, Laurent Berger a acté le nouveau leadership du mouvement social au nom de la CFDT. Et le président de la République, en le ciblant avec une contrevérité, « c’est la première fois que la CFDT ne présente pas une contre-réforme », en fait aussi le constat mais le construit. Assertion d’ailleurs doublement fausse car la CFDT a défendu une retraite par points que le président a repris en son temps. Et surtout, le président ne supportait pas, mais alors vraiment pas, que ce syndicat se propose à présenter des contre-propositions. Pour lui, la CFDT n’avait aucune légitimité démocratique à la faire. Face à Berger, le président a perdu la manche morale. Laurent Berger est, à cette étape, le seul réformiste à pouvoir unir la gauche Nupes et l’autre gauche. Il serait en situation d’être le Lula à la française. Mais il porterait aussi un coup à l’indépendance syndicale et à la CFDT qui vient d’inverser les rapports de force dans le mouvement syndical. Ce pari du courant « reconstruction », né au cœur de la CFTC en 1962 pour la déchristianisation de la Centrale, déboucha sur la création de la CFDT. Berger ne veut pas s’engager dans le chemin présidentiel. C’est dommage, mais il faut le respecter. En revanche, la parole de Laurent Berger et peut-être lui-même vont peser très lourd dans les mois à venir pour les Français. 

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Après « Complément d’enquête » sur Alexis Kohler, le service d’investigation du Service public sort une enquête sur la présence de McKinsey dans la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Elle suggère un travail dissimulé qui aurait dû être rémunéré. Dissimulation d’un soutien d’entreprises dans la campagne présidentielle de 2017 ? Retour d’ascenseur dans des contrats juteux après l’élection d’Emmanuel Macron ? Ou tout simplement, rien du tout ? Mais ces mises en cause sont les indices palpables de la fin de règne où tout se mêle, règlements de comptes, haine du président (71 % de mécontents), mise à l'abri, anticipation. L’après Emmanuel Macron est palpable. 

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La victoire de Martine Froger, socialiste cataloguée dissidente, contre Bénédicte Taurine de LFI-Nupes a provoqué l’ire de Mélenchon, de Bompard et d’Olivier Faure. Et un déchaînement sur les réseaux sociaux. D’autres ont été jusqu'à des menaces physiques dans la manifestation contre la réforme des retraites à Foix.

Les leaders de la Nupes ne veulent pas regarder la vérité électorale en face. La candidate socialiste était arrivée en 4ème position lors des précédentes législatives en 2022. Elle fait un bond de 8 points au premier tour cette fois-ci. Elle ne doit sa qualification au 2ème tour à personne, à aucun accord. Elle siphonne Renaissance, pendant que LFI ne mobilise pas son électorat de 2017 et de 2022. Ce succès élimine l’extrême-droite, qui jouit pourtant d’une dynamique sondagière nationale. Le parti présidentiel s’effondre. Il s’agit là du principal fait électoral : une sanction du parti au pouvoir dans le moment de contestation de la réforme des retraites.

Dans l’entre-deux tours, les dirigeants de la Nupes demandent à Martine Froger de se retirer, au nom du désistement républicain. Amusant, ce brevet de « Gauche » à la « dissidente ». Il n’y avait pas de risque de droite ou d’extrême-droite donc, comme l’ont toujours fait les responsables de LFI, dans de pareil cas le désistement ne s’impose pas. Quant au second tour qui a vu le succès de Martine Froger, il s’agit d’un mouvement des électeurs qui souhaitent que l’union de la gauche soit rééquilibrée. Un débat stratégique s’impose au PS pour tirer les leçons de ce qui s’apparente à une nouvelle donne à gauche. Ce qu’Hélène Geoffroy et le courant « Debout les socialistes » ont demandé et obtenu au Bureau national du PS. Un premier pas pour surmonter la crise du Congrès de Marseille ? Pas sûr qu’Olivier Faure ait la marge de manœuvre pour réorienter et rééquilibrer la Nupes, ni en interne ni en externe. Le 2ème acte de la Nupes a fait pschitt et a débouché sur une proposition de séminaires mensuels. La refondation de la gauche réformiste devient le seul débouché. 

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Manuel Bompard défend, au nom du droit à la caricature, le fait de grimer Emmanuel Macron en Hitler. Ce n’est pas une caricature. C’est un crachat aux victimes du nazisme. Il y a des choses sur lesquelles on ne joue pas. Les dirigeants de LFI perdent pied. Mathilde Panot exige du groupe PS qu’il n’intègre pas Martine Froger. Alexis Corbière se met en colère sur une chaîne d’information contre une journaliste qui ose lui poser la question de sa réaction à l’élection de Martine Froger. Et Manuel Bompard écrit un communiqué vengeur contre le communiste Fabien Roussel qui a demandé l’ouverture de la Nupes à Bernard Cazeneuve, « car il a été Premier ministre de François Hollande ». Voilà des signes de panique politique. 

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Nous y sommes. Nous avions dit lors de la constitution de la Nupes « cette alliance ne gagnera pas et provoquera un tout sauf Mélenchon » (…) « On ne nous propose pas une alliance mais une reddition ». Après m’avoir insulté, indiqué que j’en faisais trop, aujourd'hui tout le monde le constate. Très bien ! La Nupes est morte. Parfait. Alors, comment construire une union de toutes les gauches, équilibrée et recentrée, alors que les Européennes vont diviser la gauche ? Et que les Municipales, voire le PS dominant, se confronter à un choix stratégique de l’union de toutes les gauches ou l’union des anti-Nupes ou l’union avec la Nupes ? Il va falloir vite clarifier.

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Dans un récent sondage présidentiel Marine Le Pen caracole en tête et l’emporte au second tour. Cela n’étonnera pas ceux qui lisent ce site où nous avons mis en garde « l’extrême-droite est candidate au pouvoir » après les présidentielles et les législatives. Et voilà nous sommes dans un moment de bascule.

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« Nous ne vous laisserons pas faire » dit Mbappé en défense de Romelu Lukaku, joueur de l’Inter et de la Belgique, insulté par des cris de singes dans le stade de la Juventus. Ce sont des signaux faibles de la xénophobie qui gagne partout et finira par dissoudre ce qui fait les valeurs de l’Europe. 

A dimanche prochain !