592 Jours de Guerre en Europe. 

1- Erratum ; 2-Rupture avec la Monarchie républicaine ; 3-Divorce dans la Nupes ; 4-De quoi Trump est-il le Nom ; 5-Nettoyage ethnique ; 6-L'entrisme Russe en Europe 7- Punaise ! ; 8-Inflation et salaire ; 9-Al-Qaïda, le retour ; 10-Israël frappé par l'engrenage

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Erratum

Le laboratoire de la social-démocratie a présenté le programme fondamental : « le pouvoir d'agir », dont nous vous avons fait une synthèse dans le précédent numéro des Instantanés du dimanche. Des erreurs se sont glissées dans le texte. D'abord, je n'appelle pas à la dénucléarisation unilatérale de la France, mais au combat mondial contre la prolifération nucléaire. Ensuite, il s'agit de combattre la Macronomie et la Melenchonomie, et non la Macronimie et la Mélenchonimie. Il faut vraiment être vigilant avec ces correcteurs automatiques qui tentent de prendre le pouvoir sur nos textes. Ces mises au point étant faites. Comme je l'ai évoqué lors de la conférence de presse qui a donné lieu à une longue dépêche AFP, ce programme est rendu nécessaire par trois constats : d'abord, le socialisme de gouvernement a perdu la bataille des idées et du désir. Les deux sont à reconstruire. Ensuite, nous ne reviendrons pas aux responsabilités sur les idées d'hier forgées avant-hier. Et la nouvelle gauche ne peut se fixer l'objectif d'une restauration de ce que nous avons fait. Il faut donc inventer un courant nouveau qui réponde aux défis du moment. Enfin, seule une recomposition sur un nouvel axe, ce programme par exemple, de l'union de la gauche peut être la solution à la décomposition de la Nupes. Maintenant, il reste à bâtir un courant culturel autour de l'idée d'une nouvelle social-démocratie. Nous nous y emploierons.

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Rupture avec la Monarchie républicaine

E. Macron n'a pas révolutionné la pensée lors de son discours sur la réforme des institutions. Il se propose tout juste de toucher la dimension référendaire et de constitutionnaliser l'IVG. On ne saurait lui contester le propos. Mais enfin, le changement de l'article 11 - unanimement demandé - ne règle pas le sujet, loin de là. Car dans la constitution, il est nécessaire que les parlements votent ensemble. Et cela arrive rarement... 

On se souvient de la tentative de F. Mitterrand en pleine guerre scolaire repoussée par la droite sénatoriale. Ce discours minimaliste est un classique. F. Hollande n'avait pas été plus prolixe lors du colloque sur les institutions organisé par le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone le 16 octobre 2016. Pourquoi voulez-vous que celui qui détient tous les pouvoirs s'en prive? Il n'en reste pas moins que la 5ème République est une institution stable dans un pays politiquement dévasté. La contradiction entre la toute-puissance de l'exécutif et les citoyens est totale. Ces derniers peuvent à chaque instant dire ce qu'ils pensent sur leur portable sur des boucles, dans des Tweets, sur Facebook ou autres. Ils trouvent de moins en moins légitime ce monopole. Nous sommes, que cela plaise ou non, devant la fracture démocratique ! Nos institutions sont le produit d'une nécessité - pensée par un général - l'unité de commandement pour réussir entre autres la décolonisation (reculer dans l'ordre). Mais elles ne correspondent plus aux Français d'aujourd'hui dans la France d'aujourd'hui pour paraphraser De Gaulle lors de son discours de Bayeux sur la 5ème République en juin 1946. La question de notre époque est celle de l'acceptabilité des lois. Elle se heurte à la désaffection démocratique, son abstentionnisme de masse, le scepticisme militant de l'individualisme contemporain, la dislocation du bipartisme libérant les populismes, ou encore et surtout l'impérieuse envie d'être informés, consultés, impliqués. L'exécutif exerce son talon de fer sur le législatif et se vit institutionnellement en surplomb par rapport au peuple. Il n'a plus la légitimité électorale de cet État. En 58 et surtout 62, une très grande majorité de Français souhaitait cette manière de faire face à l'incurie de la IVème République. Aujourd'hui, la contestation de la monarchie dans le sens que lui donnait le constitutionnaliste Maurice Duverger, c'est-à-dire "UN", est majoritaire en France quel que soit le président. Quant à la légitimité historique, elle a peu de poids devant la démocratie de l'émotion et la dictature de l'instant. Un Tweet chasse l'autre, une information dévore la précédente, donnant à la vie politique un caractère frénétique sans entraves ni temps mort. Tant et si bien que la 5ème République et ses acteurs apparaissent lointains et hautains. Je me suis expliqué sur la 5ème République dans une tribune dans le Journal l'Opinion mercredi 4 octobre. J'indiquais que dans le programme fondamental, nous avions identifié deux leviers pour répondre à la distorsion démocratique : la désignation du Premier ministre par le parlement et non par le président, ceci couplé à une bonne dose de proportionnelle ; et le retour du droit de pétition pour les lois et sur les lois. L'objectif serait d'obtenir tout à la fois des coalitions légitimant les lois et l'intervention du peuple dans leur élaboration. En tout cas, la rupture avec la monarchie républicaine est devenue une ardente nécessité.

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Divorce dans la Nupes

Ce n'est pas la lettre ouverte de Guillaume Duval, Édouard Martin, Christophe Prochasson ou Lucile Schmid pour une liste commune PS - Écologistes qui fait bouger O. Faure. Encore que, cette lettre souligne la rupture de l'actuel PS avec le Hollandisme. Elle va donc droit au cœur du député de Seine-et-Marne. Il redoute plus que tout d'être rejeté dans le camp d'hier. Autre chose préoccupe O. Faure. Il a compris que Mélenchon avait compris que la Nupes c'était fini. La bataille autour des dépouilles de la Nupes (sigle responsabilité de la division, etc.) n'est qu'un combat d'arrière-garde. Maintenant, pour Mélenchon, l'enjeu, c'est qui va virer en tête à Gauche le soir des Européennes. Et être le dépositaire de l'union a sa petite importance électorale. Le leader de la France insoumise veut peser sur les municipales, être incontournable et préparer ainsi les présidentielles. L'actuel premier secrétaire le sait. Et même si ses proches pensent qu'un mauvais score du PS militera pour le retour dans la Nupes. Un score médiocre se payerait cash aux municipales. D'où la stratégie baroque du PS en ce moment, d'une part, la tentative de mettre sur pied une rencontre au sommet chargée d'entériner des listes autonomes sans divorcer. (C'est la stratégie de la parenthèse des Européennes dans l'histoire de la Nupes). Et d'autre part, l'envoi de signes de plus en plus clairs d'une autonomie sociale-démocrate. C'est le sens de ses déclarations en Bretagne pour la social-démocratie européenne, qui, cela est bien connu, est plus à Gauche que les gouvernements Hollande. Ou la résolution unanimement votée, d'une position sur l'immigration, qui se veut ni sur les thèses anti-immigration de l'extrême droite et de la droite, ni sur celles pro-immigration de la France insoumise. Et devant le plébiscite des adhérents socialistes qui votent pour une liste autonome (93 % pour la décision stratégique), immédiatement les Fauristes publient un communiqué indiquant que c'est la faute des écologistes, que la Nupes reste la perspective stratégique, et qu'ils sont favorables à une candidature de la Nupes à la présidentielle. À trop vouloir ménager la Gauche militante sans effaroucher la gauche électorale. Le risque est grand de n'avoir ni l'un ni l'autre.

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De quoi Trump est-il le Nom

Sa présence au procès civil à New York où D. Trump ne risquait pas la prison lui permettant d'éviter le procès fédéral audiencé le même jour. Mais Trump a peut-être commis une erreur, car maquiller les comptes pour obtenir des prêts bancaires ne peut se faire sans des faux. Et ceci relève du pénal. Alors qui sait ? Comme pour Al Capone, le plus petit des délits emportera l'édifice. En attendant, l'ancien président veut mettre le feu à la plaine pour que la fumée cache ses turpitudes. Non content d'avoir déclenché une procédure d' « impeachment » à l'encontre du président Biden. Elle n'a quasiment aucune chance de l'emporter. Elle permettra de dire pendant la campagne : "Biden n'est pas blanc-bleu". Mais D. Trump veut surtout le « shutdown ». C'est-à-dire le défaut de paiement qui paralyserait l'administration américaine. Ceci au nom du trop large soutien des États-Unis à l'Ukraine qui "handicape les moyens contre l'immigration et pour l'Amérique profonde". L'argument populiste est électoralement "rentable". Mais elle vise aussi à envoyer un signe à Poutine et Xi Jinping. Car dans l'esprit complotiste de D. Trump, ces derniers pèsent sur l'élection américaine. Et c'est Kevin McCarthy, le speaker (président) du parlement, qui en a fait les frais. Mis en joue par les activistes du Freedom Caucus de Matt Graitz, il a été évincé - fait rarissime - par une coalition entre les Démocrates et les amis de Trump. Et une fois le forfait signé, l'ex-président s'indigne sur son réseau social "Pourquoi les Républicains se battent-ils entre eux au lieu de combattre les démocrates". Se proposant comme nouveau speaker Pitrale ! Ce nouvel épisode illustre le chaos souhaité par Trump. Car cette funeste stratégie du coup d'éclat permanent le met au centre de tout. Médias, justice, politiques, citoyens sont entraînés dans un tourbillon trumpien où les opposants sont asphyxiés. Mais ceci est rendu possible par la crise de la démocratie américaine où la politique a totalement disparu au profit de la communication sondagisée. Autre source rampante de la crise de "l'empire", le leadership mondial à crédit garanti par la prééminence du dollar comme monnaie d'échange. Ceci est de plus en plus contesté dans le monde. Sans comparaison avec la période de la Guerre froide où les États-Unis apparaissaient comme le camp de la liberté. Il est devenu entre-temps celui du gendarme de ses intérêts. Trump est tout à la fois un révélateur et un agent de la lente décomposition de l'empire américain.

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Nettoyage ethnique

Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan constate amèrement dans une adresse au peuple que le système d'alliance avec la Russie n'a pas protégé les Albanais du Haut-Karabakh du nettoyage ethnique. Comme pour l'Ukraine, la démocratie souhaitée par l'Arménie ne fait pas bon ménage avec le protectorat de Moscou. Nous vous en avions parlé dans ces colonnes il y a bien longtemps. Nous alertions sur la situation et malheureusement c'est ce qui s'est produit. À partir du moment où l'Azerbaïdjan du dictateur Ilham Aliyev est devenu le pourvoyeur de gaz en substitution de celui de la Russie pour l'Europe occidentale, et dans le même temps, le discret blanchisseur du gaz russe vu l'embargo. La route était ouverte au règlement manu militari du Haut-Karabakh, état autoproclamé au milieu de l'Azerbaïdjan. Toutes les conditions étaient réunies pour que Bakou laisse cours à sa xénophobie anti-arménienne, véritable ciment du régime Azeri. Le feu vert de Moscou et Ankara et le feu clignotant de l'Europe et des États-Unis ont été reçus 5/5 par l'Azerbaïdjan. Des milliers d'Arméniens sont partis en exode. Depuis, aucune réaction des Nations Unies digne de ce nom n'est intervenue. Un peuple est rayé de la carte sans que la communauté internationale bouge un doigt, pas même une sanction contre le dictateur Aliyev. Ce qui est valable pour l'Ukraine ne l'est pas pour les Arméniens. Cette lâcheté est un précédent redoutable, démontrant la faiblesse de "l'Occident". Ce n'est pas fini, le sud de l'Arménie est dans le viseur des Azéris, car la ville de Nakhitchevan en territoire arménien sera le prétexte à un nouveau coup de force. Vous avez dit Sudètes?

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L’axe européen anti kiev

Robert Ficot, un moment social-démocrate qui avait épouvanté l'exécutif du PSE avec sa xénophobie et conduit à son exclusion, s'est rebaptisé parti populiste. Il vient gagner l'élection en Slovaquie. Avec une campagne classiquement national-populiste où il rejette l'aide militaire à l'égard de l'Ukraine qui handicaperait les Slovaques. Et fait de LGBTQi et des migrants l'ennemi de la nation slovaque. Le leader nationaliste s'oppose à l'OTAN dont la Slovaquie est membre et défend les intérêts russes. Tout cela sur fond de corruption, le dernier gouvernement avec le parti national SMER Hlas SD est tombé, à cause de ses liens avec la mafia. Ce sont les mêmes candidats à gouverner dans une coalition avec le Parti National Slovaque. En Europe, un véritable axe anti-soutien à l'Ukraine est en constitution avec la Hongrie, la Slovaquie et aujourd'hui, pour d'autres raisons, la Pologne. L'entrisme russe anti-Kiev utilise toutes les contradictions occidentales. Au moment où Kiev retourne à la guerre asymétrique avec des commandos qui harcèlent la marine russe. Ces cailloux dans les chaussures de l'OTAN vont compliquer l'acheminement en munitions en Ukraine. Décidément, il faut, au-delà de la belle pétition lancée par Ariane Mnouchkine, que les peuples d'Europe s'emparent du soutien à l'Ukraine qui bute sur la realpolitik et l'incertitude américaine malgré le soutien de Biden.

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Punaise !

Les punaises nous envahissent. C'est la psychose du moment. Tout le monde retourne ses matelas, ses oreillers, ses draps. Elles seraient dans le métro. Elles sont exposées à l'Assemblée. Elles sont partout. Le journaliste Pascal Praud de C News - Europe 1 - JDD s'interroge à l'antenne. Ne serait-ce pas ces pouilleux de l'immigration qui, non content de nous remplacer, importeraient la bestiole. Mauvaise pioche ! On apprend que sa prolifération n'est pas liée à l'hygiène ni même au réchauffement climatique. Les paramètres droite ou gauche de l'époque ne fonctionnent pas. Si ce n'est que les mâles peuvent être très violents avec les femelles. Bon, les punaises aiment tout simplement le sang. Enquête immédiatement diligentée, on n'en a pas trouvé dans les transports en commun. Qu'à cela ne tienne, tout le monde se gratte, et la réputation mondiale de Paris en prend un sacré coup.

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Inflation et salaire

Selon le Boston Consulting Group, la France prend la première place en Europe pour la compétitivité et le coût du travail. La raison : l'augmentation de 20% du salaire minimum en Allemagne. Du coup, on comprend que le gouvernement n'a pas - pour une fois - crié victoire. Il faut dire que l'inflation est à 4,9 % en septembre et on annonce l'envolée des prix sur la farine, le jus d'orange et les fruits. L'inflation est en augmentation continue depuis 2020, de 6,9 %. Il est fort à parier que la pression sur les salaires et le mécontentement vont aller croissant. Et été indien oblige, on ne parle pas encore du gaz.

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Al-Qaïda, le retour

La Revue d'Al-Qaida, et oui il y a une revue, met à la une deux cibles pour les années à venir : la Suède et la France. Al-Qaïda a perdu son territoire, son califat, mais devient une plate-forme d'influence, propre à un jihadisme d'atmosphère comme l'a théorisé Gilles Kepel. Ce terrorisme endogène ne vient ni du Nord Mali, de l'Afghanistan ni même des revenants terroristes, mais du pays lui-même. Il y a, rappelons-le, 5000 fichés S en France et nos services de sécurité font obstacle, dans une guerre de l'ombre, à un attentat tous les 2 mois. Et tout à coup, on s'inquiète pour les Jeux olympiques de Paris, cible idéale pour ces fous de Dieu.

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Israël frappé par l'engrenage

Du jamais vu ! Aucun État arabe depuis 1948 n'avait pu faire cela. Le mouvement terroriste Hamas - dans le sens où il cible les populations civiles - est entré militairement en Israël de manière coordonnée. Comment ne pas condamner la déclaration de guerre du Hamas à Israël ? Comment peut-on ne pas condamner les meurtres des civils, les prises d'otages ? Comment ne pas voir que cette offensive militaire va réinstaller Netanyahu et sa coalition d'extrême droite, contestée par la rue, lui qui est responsable de ce chaos, car au gouvernement depuis 10 ans ? Comment ne pas voir que le Hamas tente ainsi de restaurer son crédit dans une population palestinienne durement touchée par l'embargo et les frappes israéliennes ?

Comment ne pas voir que Tsahal va répliquer et que la réponse va être terrible, vraisemblablement avec une entrée dans Gaza pour éliminer les dirigeants du Hamas qui seraient restés dans la bande de Gaza ? Comment ne pas voir que le Hamas en profitera pour faire fructifier son commerce de mort ? Comment ne pas voir le soutien de l'Iran, du Hezbollah, du Djihad islamiste, etc., visant, comme cela était prévisible, à mettre à mal les accords d'Abraham induits par le rapprochement de l'Arabie saoudite avec l'Iran ? Comment ne pas voir que cette offensive vise à soulager la Russie, comme le confirme le ministre russe Lavrov. Et ceci après le feu vert à l'Azerbaïdjan pour nettoyer le Haut-Karabakh. La spirale est connue, les acteurs aussi. Netanyahu n'est pas le peuple israélien, mais indépendamment de ses dirigeants, Israël a le droit à la sécurité et à la paix dans des frontières sûres et reconnues.

Le Hamas n'est pas le peuple palestinien, mais il a droit à une solution à deux États, ce jour fortement compromise. Devant l'impuissance politique pour la paix, le sang appelle le sang. Cela ne doit pas nous empêcher en ce moment d'agressions d'exprimer notre soutien aux Israéliens touchés par la guerre.

 

A Dimanche prochain !

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