Giorgia Meloni a supprimé le revenu citoyen, l'équivalent du RSA en France, et ce pour 1,4 million de familles, au nom du combat contre l'assistanat. Comme quoi la lutte contre l'immigration se termine toujours par la lutte contre les pauvres. C'est une honte pour l'Europe.

0000 

Medvedev, l'ex-"réformateur pro-occidental" russe, a pris la tête des faucons et utilise la menace nucléaire comme argument décisif. En répondant à une question sur la contre-offensive ukrainienne, il indique clairement qu'en cas "d'offensive gagnante de l'OTAN", "c'est l'État russe qui serait en cause", comprendre le régime. Et il n'aurait pas plus d'état d'âme que Roosevelt à propos de Hiroshima et Nagasaki. Les Ukrainiens n'y croient pas. La communauté internationale veut croire que les Chinois ont mis un veto. Les experts, sûrs de leur diagnostic, disent : "La Russie devrait répliquer nucléairement si on frappait son sol ou la Crimée. « Cela n'a pas été le cas. Donc cette extrémité ne sera pas, on peut l'espérer, le penser, ou évidemment le souhaiter, mais nous ne sommes sûrs de rien ».

La défaite dans le Donbass du régime Poutine marquerait sa fin. C'est la raison de ces propos. Dans ces conditions, personne ne peut exclure une frappe nucléaire. Cela est suffisamment inquiétant pour que l'on y réfléchisse, d'autant que c'est la France et peut-être la Grande-Bretagne qui seraient en première ligne d'une réplique... ou pas. Non pour crédibiliser la stratégie russe ou souhaiter l'échec ukrainien, bien au contraire. Je suis partisan de la paix immédiate ou de l'implication totale européenne. Mais pour trouver le chemin d'une dissuasion, car "le mince on n'y croyait pas" n'est pas une option.

0000 

Le conflit en Ukraine s'internationalise. On aurait tort de le minimiser. Le sommet Russo-africain a été l'occasion pour Poutine de réactiver l'anti-impérialisme, lui qui le pratique en Ukraine et en Afrique. Il ne faisait aucun doute que la Russie était derrière la junte au Niger à la suite de son coup d'État. Il suffit de constater que le Mali et le Burkina Faso, sous influence russe, se sont solidarisés avec le Niger lorsque les pays africains de la CEDEAO ont exigé le rétablissement de l'ordre constitutionnel par la force si nécessaire. Le Nigeria, qui préside cette institution, est en proie à une guerre avec les djihadistes au Nord. Il suspecte, comme le Tchad au Sud cette fois-ci, le groupe Wagner de soutenir ces sessions. Nous en avons déjà parlé. La guerre russe en Europe réactive la faille entre les pays du Sud et le monde occidental, ses normes, son système, sa culture, en un mot, sa domination. Qu'il y ait des contradictions dans le "Sud global" ne change rien à l'affaire. Il y en a aussi dans le Nord, et les Américains ne voient pas d'un mauvais œil, jusqu'à présent, l'affaiblissement de la France. Ils ont toujours été comme cela, de Truman vis-à-vis de G. De Gaulle en passant par la guerre d'Algérie. Quant aux Européens, c'est le mutisme. Ils trouvent que la France est prisonnière de son passé. Nous l'avons vu pour le Mali.

L'Occident global n'est pas uni, mais il existe dans les yeux du Sud. Ce n'est pas la France qui est en cause, ou pas seulement, c'est la domination de l'Occident. Le fait que la Russie et la Chine soient des prédateurs n'est pas opérant ou pertinent pour les Africains qui ont de nombreux reproches à nous faire en ce domaine. Le passage de la France "Afric" à la France sans l'Afrique se fait sans réflexion stratégique. Car le "pari de Paris" était celui de la dépendance et pour tout dire de l'emprise. C'est ce rapport néocolonial qui s'effondre. Il est temps de trouver des alliés régionaux pour protéger ce qui doit l'être en étant ni néo-coloniaux ni les dindons de la réorganisation mondiale, ni enfin en laissant la porte ouverte aux djihadistes.

0000 

La déstabilisation du Sénégal est là. 25 morts depuis le début du conflit entre la présidence Macky Sall et Ousman Sonka, qui était arrivé 3ème lors de la Présidentielle. Rien n'y fait, ni le voyage à Moscou de "Macky" au début de la guerre en Ukraine, ni son annonce de ne pas se représenter. Les différentes affaires qui entourent Sonka - une spécialité du Sénégal - sont l'objet d'une double instrumentalisation qui déstabilise le pays. Après le Niger, c'est à nouveau une place "française" qui est en jeu.

0000 

AFD, parti d'extrême-droite en Allemagne, vient de faire un bond de 6 points dans les sondages. Il est mesuré à 16 %, alors que le SPD est à 17 % et les écologistes à 14 %. Si le parti de la femme d'Oskar Lafontaine, Sarah Wagenknecht, fait mieux que surnager à 12%. Et ceci, alors que Die Linke s'effondre, c'est qu'il est « Rouge Brun ». Il combine l'extrême gauche et l’extrême refus de l’immigration.

0000 

Les prix s'envolent de 12 % après le bombardement de l'approvisionnement ukrainien en blé. Ceci explique cela.

0000 

Trump à nouveau inculpé, ses soutiens dopés, la réélection de Biden en danger. Voilà résumé le malaise démocratique américain.

0000 

Le président de la République a décidé de coupler le recours au 49.3 sur le texte immigration à une initiative de rassemblement droite gauche sur des questions d'intérêt général. Il ne s'agit pas de travailler à une coalition qui redonnerait une certaine stabilité au débat parlementaire. La présidence se prépare à une motion de censure de LR en cas de vote via le 49.3 sur le texte immigration. Elle cherche tout à la fois à incarner le rassemblement des Français en cas de dissolution. Mais surtout, elle cherche à éviter une motion de censure touche-à-tout votable pour une majorité hétéroclite à l'Assemblée, conduisant à une dissolution.

0000 

La résistance à la bollorisation de la presse s'est incarnée par celle du JDD. Il y a une grande différence entre la lutte contre le Papivore Robert Hersant dans le début des années 80. Ce dernier achetait à tour de bras, mais sa ligne éditoriale ne reflétait pas son parcours de jeunesse sulfureux à l'extrême-droite. Conservateur libéral, il était simplement contre les "socialo-communistes". L'offensive de Pierre Mauroy, Premier ministre, au congrès de Bourg-en-Bresse a marqué le début de la fin de l'empire pour le plus grand bien du pluralisme.

Chez Bolloré, il y a un dessein messianique derrière son OPA. Il souhaite un groupe de presse favorable à ses inclinations très réactionnaires, en particulier dans le domaine de la religion. N'oublions pas qu'il a tenté d'imposer au JDD et à Paris Match une "une" avec le très controversé cardinal africain Peter Turkson, aux positions tranchées sur l'homosexualité et l'Islam, dont on dit qu'il est un possible Pape.

Il faut distinguer l'actionnariat du Groupe Médias Bolloré, les rédactions ou les journalistes, les chaînes d'infos, etc. Et l'arrivée au JDD de G. Lejeune, qui a appelé à voter pour E. Zemmour et a imprimé dans Valeurs actuelles un cours qui lui valut une condamnation pour racisme. Il y a une différence entre des médias qui donnent la parole prioritairement aux nationalistes d'exclusion ou aux complotistes de tout poil, mais qui sont contrôlés par l'ARCOM, et un organe de presse contrôlé par Bolloré et dirigé par G. Lejeune, dont on connaît les attaches non dissimulées à l'extrême-droite et la théorie de la réinformation.

Ce concept a été inventé par Bruno Mégret en 1997 lors d'un colloque scientifique du FN sur l'information, mais a été popularisé par Henri de Lesquen, l'homme de la peine de mort, de l'antiféminisme, de la réintégration des "congoides". Il en a fait une arme de guerre de l'extrême-droite contre la presse "officielle" jugée idéologiquement corrompue par les idées de gauche et libérale. Et ceci au point de créer un puissant réseau souterrain, la réinfosphère. Lejeune à la tête du JDD, c'est la victoire de ce "courant". Nous le verrons dans quelques mois. En tout état de cause, la prise du JDD n'est pas anecdotique en vue des prochaines présidentielles.

0000 

L'ancien ministre Pap N'Daye estime publiquement que son éviction du gouvernement est une victoire de l'extrême-droite. C'est tout à fait vrai. Il est la victime collatérale des oscillations de Macron : au Gouvernement après le vote des quartiers pour Mélenchon à la présidentielle ; hors du gouvernement après les émeutes des banlieues. C'est la politique des signes du président Macron.

0000 

Jean-Luc Mélenchon qui pratique l'union exclusivement derrière lui se plaint, dans un entretien à l'AFP, d'une charge collective contre les Insoumis. Au plus fort de l'accord de la NUPES pendant les législatives, j'avais pronostiqué dans le journal Sud-Ouest que non seulement Mélenchon ne serait pas Premier ministre, mais qu'il provoquerait un "tout sauf Mélenchon". On avait cru voir dans ce propos une forme de jalousie. Il s'agissait seulement d'une analyse de la France d'aujourd'hui, des Français d'aujourd'hui et de l'offre populiste de gauche de Jean-Luc Mélenchon. En un mot, un virage révolutionnaire alors que le pays est majoritairement identitaire. La seule chance des insoumis, qui ont profité du vote utile à la présidentielle, était une union sous pavillon réformiste, comme le Mir chilien avec Allende au Chili pour me faire comprendre des Insoumis fans de l'Amérique latine. Ou plus près de nous, le soutien de Bernie Sanders à Biden pour battre Trump aux USA. En "unissant" la gauche sur ses marges radicales alors que le pays vire très à droite, c'était à tout coup marginaliser la gauche. Dans le rapport de forces défavorable en France et en Europe, il ne restait que la surenchère pour la faire médiatiquement exister. Et au final, se faire isoler. Le tempérament de Jean-Luc Mélenchon a fait le reste. Une fois les gains enregistrés, "l'union" ne pouvait que se désagréger et s'enrôler dans la troupe fort nombreuse des anti-Mélenchon. Les fautes de temps sont plus graves en politique qu'en grammaire, disait l'une des références politiques de Jean-Luc Mélenchon.

A dimanche prochain.