Emmanuel Macron, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin ont durci le ton à la veille de la journée d’action et de mobilisation contre la réforme des retraites. Brûlant ses vaisseaux, la Première ministre a jugé que le départ à la retraite à 64 ans était non négociable. On avait cru comprendre que c’était déjà le cas ! Mais le réaffirmer se voulait être une mise en demeure afin que l’intersyndicale cède sur ce critère et s’occupe du reste de la réforme. Le mur social a répondu par un surcroît de mobilisation dans les métropoles, par la présence massive dans les villes moyennes et le début d’une mobilisation lycéenne. Voilà ! Maintenant, la confrontation sur ce sujet est totale et malheur au perdant : si Emmanuel Macron recule, son deuxième quinquennat s’arrête ; s’il passe par ordonnances, cela sera ressenti comme une violence et il en créera une en retour dans la rue (déjà 60 % des Français favorables au blocage du pays) ; si les syndicats, pourtant unis, ne gagnent pas, l’amertume sera grande et provoquera un vote sanction et la « jaunisation » des futurs mouvements sociaux, débordant les syndicats sur le thème : « seule la violence paie ». 

Cette histoire est un non-sens.

Pour le Gouvernement, la clef c’est LR, qui détient la nature du débat parlementaire ; le recours au 49.3 ou pas est entre ses mains. Mais la visibilité de l’axe avec Macron sur ce sujet profitera en son temps au RN. Pour le mouvement social, la clef sera le 11 février avec la jonction du public et du privé, des lycéens et des étudiants. S’agira-t-il alors d’un tournant ou pas dans ce qu’il faut bien appeler une épreuve de force.  

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Le vote pour le congrès de mars à Marseille du PCF est riche d’enseignements. D’abord, le nombre de votants est supérieur à celui du PS et des écologistes ; quant à La France insoumise, c’est plus simple, on n’y vote pas. Ensuite, un plébiscite pour le « communisme Gaulois » de Fabien Roussel avec plus de 80 % et une défaite, pour ne pas dire une déroute, pour les deux anciens dirigeants du PCF, Marie-George Buffet et Pierre Laurent et leur ligne néo-communiste, LFI compatible. Ce résultat n'était pas prévu, y compris dans ces colonnes. Ce fut spectaculaire et signifiant.

Le texte alternatif à la direction proposait de revisiter le communisme via le concept du « commun » est une vision gradualiste, parlementaire et citoyenne. Il rejoint ainsi L’Avenir en commun de Jean-Luc Mélenchon et sa « révolution citoyenne ». 

La ligne identitaire et la démarche « poil à gratter » de la Nupes portées par la direction sortante ont rencontré un large assentiment. Mais le plus intéressant est le « bouger » comme l’on dit Place du Colonel-Fabien sur l’Europe. Certes, celle-ci est pour les communistes dans sa crise finale. Mais la question européenne est abordée à partir d’une vision internationaliste du monde et une bataille pour sa régulation. Drôle de retrouver dans un texte du PCF la fameuse BOP (bataille pour l’organisation de la planète) de Michel Rocard. Mais ce changement de focale permet d’éviter le « corner » du souverainisme de gauche. S’il faut sortir des traités européens dits « libéraux », il faut pour les partisans de Fabien Roussel l’Europe des libres coopérations, concept déjà utilisé par le Rassemblement national et Marine le Pen. Mais là on évoque des services publics européens et donc on tourne le dos au souverainisme de gauche. La nouvelle Europe ainsi conçue devient une étape de la réorganisation du monde. Cet effort de conceptualisation a pour but de préparer les européennes. Ce qui, après EELV, le PS, ouvre le chemin à une liste identitaire PCF et rend la Nupes un peu plus caduque. 

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La Chine, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning met en cause les Etats-Unis, lui demandant d’arrêter de livrer des armes à l’Ukraine. Les USA sont ainsi accusés d’avoir « déclenché la crise en Ukraine et d’être le principal facteur qui l’alimente ». La tension est montée d’un degré avec la découverte d’un ballon espion chinois au-dessus des USA. Comme si les États-Unis ne surveillaient ou n’écoutaient personne. Mais ceux qui déclarent doctement que la Chine soutient du bout des lèvres la Russie en sont pour leurs frais. D’autant que la même Chine avec la Turquie et surtout l’Inde surpayent les livraisons de pétrole, évitant à la Russie de s’effondrer et permettant même à cette dernière - un comble - une croissance de 2,1 % l’année prochaine, contre 1,6 % en Europe et 1% aux États-Unis. La Guerre à l’hégémonie du monde occidentale est bien le mot d’ordre commun derrière lequel se cache Poutine. Et s’il fallait s’en convaincre, il suffirait d’entendre le ministre des Sports saoudien proposant d’intégrer l’équipe de Russie de football dans le Championnat d’Asie qui se déroule à Riad.

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Le chef d’État-Major de l’armée américaine Mark A. Milley ne « croit pas à une victoire de l’Ukraine en 2023 » et prévoit des mesures d’armements des Ukrainiens en 2024.

Le Général Christophe Gonnard, ancien chef au commandement des opérations spéciales et de la direction du renseignement déclare : « Envoyer des chars Leclerc en Ukraine serait un point de non-retour ».

Nous avions écrit, dès le début du conflit, que la pression des opinions face aux horreurs de la guerre nous entraînerait dans une guerre par procuration puis aux limites de celle-ci. On ne peut pas souhaiter la victoire de l’Ukraine sans s’en donner les moyens. Et cela impliquerait de sortir de l’ambiguïté où tout le monde est dans le symbolique. Un exemple ? 135 chars livrables à l’Ukraine :  cela est tout à la fois insuffisant et ingérable sur le plan logistique, vu l’hétérogénéité des engins. La doctrine cachée du monde occidental est la suivante : « on en reste là ! Ni escalade ni désescalade ». Ce qui n'est absolument pas celle des belligérants. Encore une fois, nous aurions pris la tête de la résistance à Poutine au lieu de le ménager. Nous ne serions pas dans la culpabilité intelligemment utilisée par Zelensky.  

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Non content d’avoir les Français dans la rue sur le problème des retraites, le Gouvernement s’apprête d’urgence à rajouter une couche avec un nouveau projet de loi sur l’immigration. 

Si nous comprenons bien le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et le rapporteur pour avis Sacha Houlié, c’est le double bang ! D’un côté, on régularise les migrants dans les métiers en tension, mesure censée recueillir l’assentiment de la gauche, de l’autre l’on introduit la double peine pour les immigrés en cas de délit, y compris pour les enfants arrivés en France à l’âge de 13 ans. Bref, on expulse ! 

Pourquoi cet âge mystère ? Cela est censé recueillir les applaudissements de la droite et de l’extrême droite. Le problème est qu’une loi ne se découpe pas en tranches. Et la droite va hurler à la régularisation massive. D’autant, qu’en ayant fait front avec le Gouvernement sur les retraites, LR voudra se rhabiller en s’opposant via l’immigration. Quant au RN, l’argument de la pompe aspirante sera tout trouvé. A gauche, on va estimer que l’on a refusé la déchéance de nationalité à Hollande, ce n’est pas pour l’accepter avec Borne-Darmanin. Cela a un petit côté annus horribilis 2016 avec la « loi travail », succédant à la déchéance de nationalité pour les binationaux ce qui a ruiné tout espoir pour Hollande. Sauf que la pompe aspirante des mécontentements n’est pas Emmanuel Macron mais le RN. On reviendra longtemps sur la mouche qui a piqué le président Macron pour cumuler « Retraites » et « Immigration » en l’espace de 3 mois, mettant le pays en hypertension. 

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Le prix du carburant à la pompe est exponentiel, près de 2 euros le litre, avec la fin de la ristourne de l’État et de Total. Et ce n’est pas fini ! La décision de l’Europe de boycotter tous les dérivés du pétrole brut russe va renchérir le prix du pétrole. Le chèque de 1000 euros pour certains véhicules va être vite absorbé, pendant que le plein pour d’autres va peser sur les ménages, d’autant que cette hausse se répercute sur le prix des denrées alimentaires et du commerce de détail. La question de la vie chère n’a pas fini de tenailler les sociétés occidentales, alors que les banques centrales serrent la vis et les États s’endettent dangereusement, sous le regard fiévreux des marchés. La spirale va bientôt échapper aux États. 

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LFI lutte contre la dislocation de la Nupes. Dans une lettre aux dirigeants de la gauche, Emmanuel Bompard propose d’approfondir celle-ci, en proposant des collectifs contre la réforme de la retraite sur le plan local et en constituant un parlement de la Nupes et, bien sûr, en préparant les élections à venir.

Le nouveau patron de LFI cherche, tout autant, à se légitimer en interne qu'à mettre au pied du mur le PCF, EELV, et le PS pour accentuer les contradictions internes et démontrer que LFI est la seule force unitaire à gauche. 

La réponse est simple « pas d’approfondissement sans renégociation totale de l’accord ». 

A dimanche prochain !