La polémique sur la chloroquine étant close, nous sommes entrés dans les jours décisifs pour endiguer le covid-19. Endiguer et non résorber, car tant que nous n’aurons pas de vaccin, rien ne sera définitif. 

Voilà pourquoi il faut d’ores et déjà se préparer au combat suivant, qui n’est pas celui des masques, même si cela est essentiel pour les professions de contact.

Il faut dépister, dépister, dépister encore. Il faut s’en donner les moyens. C’est l’urgence.

C’est une nécessité transitoire en attendant le vaccin. Ne croyons pas qu’une fois le pic passé, le confinement terminé, nous aurons gagné. 

Gardons en mémoire que, dans la grippe espagnole de 1918, ce n’est pas la vague du printemps qui fit 50 millions de morts mais celle de l’automne. 

Tous les moyens doivent être mis sur le dépistage pour sortir au mieux du confinement et tenter d’éviter la catastrophe économique qui vient. 

D’ores et déjà un plan urgence doit être mis en place autour de trois axes.

Si les conséquences humaines de la pandémie sont chaque jour plus lourdes, l’impact économique du Covid-19 est encore à chiffrer en fonction de la durée du confinement. Le fonctionnement au grand ralenti de l’économie mondiale pendant plusieurs semaines constitue un choc d’offre et de demande violent qui peut, de surcroît, engendrer des effets de 2ème (krach financier) voire de troisième temps qui l’aggraveraient. Les premiers chiffrages tablaient sur quelque 1 200 Mds $. 

Même si un rebond de l’économie intervient dès la fin du confinement, ces estimations seront vraisemblablement dépassées et les conséquences dureront probablement plusieurs années.

1 - Il y a une nécessité pour des mesures d’urgence et des messages clairs

Le gouvernement a adopté les principales mesures d’urgence mises en œuvre ailleurs et préconisées par l’OCDE (chômage partiel, report de charges…). Ces mesures devront entrer en vigueur le plus rapidement possible et être adaptées en fonction de la crise, par exemple par les mesures qui suivent :

- garantir que les salaires et les prestations continueront d’être versés et que les organismes compétents continueront à gérer l’urgence sociale ;

- geler pendant la crise du Covid-19 les mesures coercitives pour les entreprises ou les ménages de bonne foi en difficulté (recouvrement de taxes et de créances, expulsions…) ;

- renforcer le contrôle des prix par la DGCCRF et bloquer les prix en cas de prix ou de marges excessifs ou excessivement dynamiques, notamment sur les produits de première nécessité ;

- garantir le respect, y compris par les plus grandes entreprises et le secteur public, des délais de paiement aux fournisseurs assortis d’un déblocage rapide des aides promises à la trésorerie mais aussi de la mise en œuvre des sanctions pour non-respect des délais de paiement (jusqu’à 2M euros prévus par l’article 441-16 du code de commerce) ;

- mettre en place une taxation temporaire des augmentations exceptionnelles de profits ou de chiffre d’affaires (hypermarchés, géants du net ou de la vente à distance) ;

- instaurer une pause (prohibition) de 6 mois dans les achats d’entreprises françaises pour prévenir les raids hostiles d’entreprises à la valeur artificiellement et temporairement dépréciée par la crise ;

- préparer des plans de continuité d’activités renforcés en cas d’aggravation de la situation sanitaire qui conduirait des salariés stratégiques à exercer en nombre leur droit de retrait. 

2 - Dans un deuxième temps, un plan de relance doit être rapidement annoncé pour aider les entreprises et les ménages

Une approche coordonnée des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales des pays du G20 est indispensable pour une relance budgétaire et monétaire de grande ampleur. Au vu des décisions américaines, il faudra probablement tabler sur 6 000 Mds$ au niveau mondial, soit plus de 2 fois le PIB français.  

Au-delà des mesures prises par la BCE, il faut briser le tabou des euro bonds : aux parlementaires européens de se saisir de ce sujet ; c’est à eux d’incarner l’intérêt général européen. Le recours sans conditions au fonds du MES est nécessaire. La Banque européenne d’investissement doit prêter massivement aux PME. 

Plus tard, comme je l’avais proposé il y a plus de 6 mois dans une tribune sur l’Europe publiée avec des hauts fonctionnaires, un conseil de sécurité écologique et social doit urgemment être fondé.

Un plan National pourrait notamment s’appuyer sur les mesures suivantes :

- renforcer l’aide aux PME sous forme d’un allègement exceptionnel d’IS (taux de 25 %) ;

- verser une prime de pouvoir d’achat (au minimum 1 000 euros) à l’ensemble des ménages dont les revenus sont inférieurs à un seuil à déterminer (par exemple 4 000 euros par ménage).

- verser une prime exceptionnelle pour les salariés (notamment personnels de santé, policiers, caisses de supermarchés, chauffeurs routiers…) les plus exposés et/ou les plus mobilisés (en termes d’heures supplémentaires), cumulable avec la prime de pouvoir d’achat ;

- réaffirmer le principe de solidarité pour garantir que chacun contribue selon ses moyens au plan de relance : les grandes fortunes par un impôt exceptionnel de solidarité sur la fortune, les salariés par l’abandon de jours de congés ou de compte épargne-temps (CET), les chômeurs et les bénéficiaires du RSA par des travaux d’intérêt général au bénéfice de la collectivité.

3- La crise du coronavirus doit amener à des réflexions fondamentales sur l’évolution du modèle économique et social

Parmi ces premières réflexions figurent notamment :

- la réaffirmation des valeurs de solidarité et du fait que l’économie est faite pour l’homme et non l’homme pour l’économie ; 

- la société de marché doit faire place à une nouvelle société : la société décente dont le cœur est l’intégrité humaine ;

- la mobilisation de milliards d’euros engendrant un déficit budgétaire conséquent et/ou un accroissement temporaire de la fiscalité qui semblait impossible en Europe jusque-là ;

- la mise en œuvre envisagée par certains pays de distribution forfaitaire d’argent hélicoptère (1000$ aux États Unis) ;

- l’accent mis sur les services publics notamment de santé, fragilisés par des années de diète budgétaire ;

- le déblocage d’argent pour la recherche et la reconstitution des services publics : Emmanuel Macron a fait un pas en ce sens et préconisant un plan massif d’investissement dans l’hôpital public ;

- la fragilité du pays face à des chaînes d’approvisionnement encore plus dépendantes de la mondialisation et de la Chine que lors du SRAS, y compris pour des produits stratégiques, au surplus, en contradiction avec les plus strictes exigences écologiques ;

- la fragilisation d’entreprises stratégiques dont la valeur boursière s’est effondrée face à de potentiels raids hostiles ;

- le fait que la coordination et même la réponse européenne sont perfectibles… Un fonds d’urgence humanitaire pourrait être mis en place pour stocker les matériels nécessaires (vaccins, médicaments, masques) à la gestion de telles crises dans les États membres et les pays tiers les plus fragiles. 

L’heure n’est plus aux analyses sur les jours d’après. Nous l’avons fait il y a 15 jours au début de la crise.

Mais aujourd’hui qu’est-ce qu’on fait après pour que cela ne soit plus comme avant ?

 

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