1- La France vit un burn-out

Trop de déconstruction Républicaine , trop de désintégration sociale, trop de désindustrialisation.
Le tout dans un paysage politique décomposé.

La France est structurée en 3 tiers : un « tiers protestataire » , un tiers « acivique » , un tiers « cercle de la raison ».

Regardez, il y a en France un tiers de Français qui proteste, quels que soient les sujets. La protestation devient, à tort ou à raison, un mode d’expression quasiment d’existence, en tout cas une posture dans la société.

Regardez, il y a un tiers des Français, qui sont en « retrait civique ». Ils ne croient plus en la démocratie, en tout cas aux élections. Ils pensent même que l’abstention est le meilleur moyen de faire turbuler le système.

Observez, il reste un tiers du « cercle de la raison » , c’est-à-dire qui structure un discours politique. Ce tiers est divisé en positions irréconciliables.

Alors, dans la présidentielle qui vient, entre le burn-out français, la décomposition politique, et ces 3 tiers dont deux sont hors système, si je puis dire, tout est possible.

Je dis bien « tout est possible ». Mais pour l’instant, nous sommes indécrottables. Notre soif de savoir avant de savoir irrépressible. Nous sortons des élections régionales et cantonales où les sondeurs nous ont dit « le Rassemblement national s’emparera jusqu’à 3 régions », où il serait en tout cas « en tête quasiment partout », où les amis du président seraient le "mall" de la résistance. Et les socialistes sortants seraient balayés, voire devancés par les écologistes. Rien de tout cela ne s’est passé. Et pourtant, 6 mois plus tard, nous spéculons déjà sur la bulle des sondages.

Les sondages ne peuvent prendre en compte l’alchimie de l’abstention et de la protestation. Ils mesurent les dynamiques et engouements du moment.

Et ce que mesurent les sondeurs, c’est la vague qui est là...

2- La vague nationale populiste déferle

Une vague nationale populiste s’abat sur la France dont Eric Zemmour serait son Bolsonaro.

La Gauche se croit toujours majoritaire. Mitterrand nous disait déjà « La Gauche est politiquement minoritaire et elle ne peut l’emporter que si la droite se divise ».

Mais aujourd'hui, elle est culturellement, idéologiquement minoritaire sur l’identité, l’immigration, l’insécurité.

Sur ces sujets, chers à la nouvelle droite de Alain de Benoist, c’est un Tea party français qui domine.

J’avais, il y a deux ans, pronostiqué la possible victoire de l’extrême droite lepéniste. Nous assistons entre Marine le Pen et Zemmour à une primaire sauvage dans l’espace de l’extrême droite. Ce qui n’invalide pas mon pronostic. Car encore une fois « tout est possible ».

Mais cette compétition matrice tous les débats à droite. Et cette deuxième droite qu'est devenue le macronisme n’échappe pas à cette attractivité. Les récentes décisions sur les visas, ou le dérapage sur l’utilisation mémorielle du colonialisme du parti au pouvoir en Algérie sont les symptômes de cette emprise.

La Gauche ne veut pas voir se nouveau rapport de forces. Elle souhaite rester dans le confort de son passé, idéologiquement dominant .


3. La Gauche est datée, divisée, radicalisée

La Gauche assiste à la vague d’un nationalisme d’exclusion, l’arme au pied, les bras ballants.

Elle est datée, divisée, radicalisée.

Datée, parce que la lecture de la société est celle de la fin des années 60, codifiée par la victoire de 1981. Les propositions ne prennent en compte ni la France d’aujourd’hui, ni les Français d’aujourd’hui.

Divisée, car l’affaiblissement des partis laisse place à la Gauche des personnalités. Les partis pouvaient finir par s’entendre. Les personnalités ne veulent pas abdiquer.

Radicalisée, car la Gauche pense devoir répondre au burn-out français, et au tiers protestataire par la radicalisation du discours.
Dans une France tourmentée par la vague nationale populiste, la Gauche répond par la radicalisation à Gauche

Elle a tort. La demande est celle de sens... Dans une société fragmentée, les Français veulent que l’on dessine la nouvelle France.

Ils croient moins aux programmes octroyés qu’aux chemins défrichés.

On me dit : « C’est difficile. On ne nous aime pas ou plus ».
C’était facile quand Jaurès fondait la SFIO en 1905 ? C’était facile lorsque Blum gardait avec une poignée la vieille maison, alors que le Communisme gagnait ? C’était facile quand D. Mayer, en pleine occupation, créait la résistance de la SFIO, alors qu’une majorité avait voté les pleins pouvoirs à Pétain ? Facile de soutenir la décolonisation pendant la guerre d’Algérie ? Facile de résister aux talons de fer du gaullisme et du communisme ?

A chaque fois, des femmes et des hommes se sont levés pour incarner l’idéal humaniste, républicain, de transformation de la société par la loi. Ils ont fixé un cap et sont restés déterminés devant l’adversité des événements ou des résultats électoraux.

Aujourd'hui, beaucoup de nos ami.e.s se sont construits, ont été construits, dans le sucre des positions acquises par d’autres. Là, il faut se battre, construire, inventer à contre-courant. Ils n’ont pas l’habitude.

Et alors ? Mitterrand ne nous disait-il pas « là où il y a une volonté, il y a un chemin... » ?

Alors comment ?

4. Comment se reconstruire, s’unir et être présent à la Présidentielle ?

a. Une Gauche décomplexée vis-à-vis de la radicalité.

L’avenir de la Gauche n’est pas dans le rupturisme

Tant que Mélenchon n’aura pas rompu avec le populisme de Gauche et les sympathies « wokiste », il ne peut espérer rassembler le peuple, la Gauche et la France.

Tant que Jadot n’aura pas tranché le nœud gordien entre une écologie de gouvernement et l’écologie urgentiste, catastrophiste, décroissante, il ne peut prétendre rassembler la Gauche et la France.

Et tant que la Gauche, réaliste, responsable, courra derrière la radicalité, elle ne pourra exister .Cela ne veut pas dire que les gauches sont irréconciliables. Elles sont concurrentes.

Il faut assumer la concurrence, ne pas gommer les aspérités, sans jamais perdre de vue l’impérieuse nécessité de l’unité.

Rassurez-vous, les riches heures du populisme de gauche sont derrière nous : Podémos en Espagne ne rayonne plus, pendant que Die linke régresse en Allemagne, Corbyn a quitté la direction du Parti travailliste, Syriza a vu une scission en Grèce et Bernie Sanders a eu l’intelligence de se ranger derrière Joe Biden pour battre le populisme.

Alors, foin de complexes dans les pays nordiques, en Espagne, au Portugal et maintenant en Allemagne, la Gauche responsable sociale-démocrate est de retour, tout en ayant intégré le respect, le défi social et climatique et la modernisation économique. En France, il faut faire de même.

b. Une Gauche qui incarne la République impartiale.

C’est-à-dire la liberté ordonnée, l’égalité réelle, la fraternité laïque.

Une République qui traite les problèmes d’identité, d’immigration ou d’insécurité de façon républicaine. Il ne s’agit pas de faire l’impasse sur ces questions mais de les traiter de façon responsable.

Arnaud Montebourg dit sur ces sujets : « il faut aller à droite ». Non ! Il faut trouver ces sujets de façon républicaine.

L’identité ? C’est la République ;
L’immigration ? Il faut bien accueillir et bien reconduire ;
L’insécurité ? C’est casser les bandes.
Comment ? En recentrant l’activité de la police sur ces objectifs car les polices municipales créées partout le permettront.

Mais la Gauche, ce n’est pas que cela.

c. Une Gauche qui brandit la question sociale.

Il y a deux Frances qui se font face : d’un côté le nationalisme d’exclusion qui fait de l’Islam la source de tous le maux ( Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problèmes, je ne suis pas de ceux qui les nient, mais interdire l’Islam, croire que l’on va raccompagner 5 millions de musulmans à la frontière est non seulement impraticables, mais c’est une clé magique que ne peut régler le problème des Français) ; de l’autre côté, il y a la question sociale. Elle, non plus, ne règle pas tous les problèmes puisqu’il faut défendre la République impartiale et l’urgence climatique.

Mais enfin, qui peut dire qu’il n’y a plus de questions sociales en France ?

En France, il y a un problème massif de grande pauvreté, de pauvreté, de précarité, d’exclusion.

Le problème est celui du niveau de vie des Français : 21 % des Français vivent avec moins de 1500e ; 31 % ont entre 1500 et 2000e ; 32 % ont des difficultés pour payer leur logement ; 9 millions de pauvres et 500 000 français sont en état de mort sociale.

Si ce n’est pas la question sociale qu’est-ce que c’est ?

Il y a en France un problème massif de salaires. Ce n’est plus possible plus tenable. Il faut plus de salaires et moins de dividendes

On ne peut faire entendre l’intérêt général sans régler ce problème.
On ne peut réformer les retraites, l’allocation chômage, sans régler ce problème .
On ne peut sortir ce pays de ses tourments sans s’attaquer à la pauvreté des jeunes étudiants, à la grande pauvreté des retraités.


Oui, il faut augmenter le smic de 5%.
Oui, il faut augmenter le point d’indice dans la fonction publique .
Oui, il faut d’urgence une conférence salariale.

Ce doit être la base d’un nouveau contrat social qui combinera les salaires, une nouvelle protection sociale tout au long de la vie et la transition écologique.

Une écologie inclusive et non punitive, une transformation écologique qui ne saurait répondre à la demande exponentielle de l’énergie électrique, par les énergies renouvelables. Elles sont nécessaires mais insuffisantes et nuisibles en termes de matériaux rares. Vous avez compris que je défends aussi le nucléaire civil .

d. Une Gauche responsable dont la candidate est aujourd’hui Anne Hidalgo.

Une Gauche des salaires et du bien-vivre, une Gauche pour une société décente et l’intégrité humaine.

Être responsable, ce n’est pas être modeste, c' est tracer un chemin praticable qui seul peut transformer notre société inégalitaire et écologiquement inopérante.

Être responsable, c’est ne pas dépenser ce que l’on n’a pas produit mais aussi partager ce que l’on a produit.

Être responsable, c’est construire un chemin de transformation durable et non être dans l’incantation impraticable

Être responsable, c’est concevoir une société juste pour tous, une sécurité collective, un combat de chaque instant contre la xénophobie et l’exclusion.

Mais être responsable, c’est aussi défendre ce que nous avons fait de Mitterrand à François Hollande, les yeux ouverts mais la fierté du travail accompli. On ne peut pas demander la confiance au Français et ne pas avoir confiance en nous.

Ça suffit de raser les murs parce que l’un parle fort et l’autre parle dru ...
On ne peut faire d’accord avec d’autres forces de gauche en commençant par passer sous la table.

Être responsable, c’est concevoir une stratégie de rassemblement.

Seule la Gauche responsable peut rassembler le pays. Les autres gauches ne sont pas illégitimes. Nous les respectons, nous les écoutons, nous nous en inspirons. Mais nous pensons qu’ils sont trop radicalisés pour rassembler.

Le changement de calendrier institutionnel est ainsi fait, avec la présidentielle avant la législative qui pousse aux candidatures.

Jean-Luc Mélenchon s’est lancé seul, le PCF a fait de même, les écologistes ont fait leur primaire seul dans leur coin. Tout le monde a fait l’impasse sur une primaire de toute la Gauche qui seule aurait permis le candidat unique. Alors, c’est ainsi. Il y aura 4 candidats et je crois que le peuple de Gauche finira par choisir son chemin autour d’un de ces candidats.

C’est d’ailleurs pour cela qu’ il faut un candidat de la Gauche responsable, non pour des raisons de boutique mais pour répondre aux défis républicains et aux défis sociaux.

Pour autant, il faut continuer à tenter de rassembler les électeurs à défaut des partis.

Il faut un pacte législatif entre les forces de gauche et les écologistes. Un pacte sur un programme réaliste, praticable et respectueux.
Il ne faut pas en parler, il faut le faire et le plus tôt sera le mieux. Sinon, c’est la disparition aux législatives alors que le pays a un impérieux besoin de Gauche.


Conclusion

Ce soir nous sonnons la charge, nous décrétons la révolte.

Assez de cendres sur les têtes ;
Assez de renoncements ;
Assez de raser les murs ;
Il faut se mobiliser. L’heure a sonné.

Affrontons la vague nationaliste. Tournons-nous vers les Français. Répondons à leur demande de sens. Mettons la question sociale au centre.



Nous lancerons ce soir une pétition nationale « pour nous à la Présidentielle, c’est la Gauche responsable ».

Pour la signer cliquez ici 

Nous avons non l’espoir mais la certitude de tracer le chemin pour une nouvelle Gauche et une nouvelle France

Merci