En un week-end, la Suède n’a pas pu imposer un gouvernement stable.
L’Allemagne a vu les nationalistes bondir au parlement de Bavière alors qu’ils étaient divisés. Et en Flandre malgré, les sondages la droite nationaliste reste maîtresse du jeu…

Et puis la Roumanie rejoint la Hongrie pour inquiéter l’Europe démocratique. L’Italie défie Bruxelles à travers son budget. Et l’on n’a toujours pas réglé le Brexit.
Faut-il évoquer l’alliance droite / extrême droite en Autriche ? Ou la dérive en Bulgarie en Pologne ? Partout où l'on pose son regard ce n’est que désolation. Partout où l’on analyse la vie politique ce n’est que montée du populisme du nationalisme. Partout c’est la démocratie même qui est en cause.

Et l'on nous répond ce n’est pas grave tout est sous contrôle. La Banque européenne injecte des milliards, rachète des dettes et les nationalistes sont contenus grâce à la percée des écologistes ...qui, il est vrai, réussissent des scores.
Donc « tout va bien, dormez braves gens ! ».

Et puis dans, un bâillement satisfait, « Au fond tout cela n’est que l’effondrement du vieux monde face à la modernité ».
On pourrait en rire ou en pleurer si l’Europe avait une certaine stabilité.

Mais ce qui vient de se produire c’est dans le même temps l’ébranlement du piller franco-allemand.
Et là on ne sait plus très bien ou on va... La vague national-populiste contenue en France et aux Pays-Bas n’a pas reflué avec le macronisme. Une nouvelle vague se prépare. Comme sur un autre continent au Brésil. Et ceux qui ont tout fait pour mettre à terre le PT brésilien prient aujourd'hui pour qu’il fasse obstacle à un Trump brésilien puissance dix.
En Europe au fond tant que l’axe franco-allemand stabilisait celle-ci , le populisme plus ou moins xénophobe était contenu à la périphérie.
Mais le résultat en Bavière a vu un parti bien à droite, la CSU, débordé sur sa droite, par une percée de l’AFD à plus de 10 %. On ose imaginer ce que cela donnerait dans le reste de l’Allemagne.

Madame Merkel est faible avec des alliés affaiblis et apeurés. La coalition ne peut aller aux élections car elle pourrait être balayée. Ils vont donc rester coalisés et gouverner blottis les uns contre les autres. Il n’y a plus d’alternative démocratique à cette coalition. L’AFD n’a qu’à attendre que le fruit tombe. Le seul espoir réside dans la division de l’extrême droite. C’est dramatique.

En France Emmanuel Macron est au plus bas. Et ce n’est ni le remaniement, dont le temps est l’indication de la faiblesse d’un Président - il ne sait que faire, pris entre Bayrou et Édouard Philippe - ni la composition du gouvernement réduit aux compagnons de l’ascension qui convaincront une classe politique qui ne croit plus aux 10 ans du macronisme.
Personne à gauche, n’a voulu tenter l’aventure et à droite, seuls les juppéophilippistes ont sauté le pas.
Ni le discours de cinq minutes du président dont l’emphase est pour le moins inappropriée.
Le général de Gaulle aurait dit « j’ai mis à côté de la plaque ».

Et on reste perplexe face au retour de Jupiter, dans un clair-obscur ; Jupiter chapitré certes sur des écarts de langage, mais Jupiter toujours ! Un Macron tournant donc le dos au dernier discours de Versailles et aux proclamations girondines pour lâcher in fine dans un souffle « je ne changerai pas, je ne changerai rien ».
Comment comprendre cet appel à l’union nationale face aux périls qui se termine par un « groupez-vous autour de moi ! » alors que son remaniement évoque l’isolement ?
La crise est là ... La crise est là car la croissance n’est pas là.

Le pays doute, gronde et se moque de la perte d’équilibre d’un pouvoir qu’il a toléré faute de mieux, mais jamais encensé.
L’impopularité du pouvoir, combinée à la panne de République en marche qui vient de perdre son chef, n’annonce rien de bon pour les macronistes.
Mais on aurait tort de se réjouir. Car dans ces conditions Le Rassemblement national va progresser et il n’y a pas à cette étape d’alternative à Macron. Et il jouera sur ce registre. « Moi ou le K.O. voire le chaos ». Il a si on peut dire annoncé la couleur dans son allocution. Cela tiendra-t-il tant Macron s’isole ? Alors ce qui est réputé impossible, improbable, inimaginable ne peut-il se produire ? Le Brexit impossible, Trump impossible, l’alliance des populismes en Italie impossible... Nous sommes dans une époque où rien n’est impossible.
Il reste que la France est entrée dans la tourmente politique en même temps que l’Allemagne. Le succès des Verts qui est une salutaire prise de conscience des enjeux climatiques ne peut se substituer à la renaissance de la démocratie représentative. Bien au contraire et c’est un étrange paradoxe. Ce succès souhaitable n’est pas une alternative au nationalisme, il décompose un peu plus la vie politique.

En évoquant la décomposition je ne suis pas sûr que l’épisode dantesque de la perquisition chez Mélenchon redore le blason de notre démocratie.
Comme je reste pour le moins sceptique sur la scission (rien que cela) de Marie-Noëlle Lienemann et d’Emmanuel Maurel au nom de l'unité de la gauche. Il doit y avoir une erreur dans les termes. On ne peut lutter contre la fragmentation par la fragmentation.
Au fond tout cela participe du malaise dans la démocratie et c’est bien le problème.
La combinaison des crises dans chaque pays d’Europe, d’Allemagne et de la France annonce des temps dramatiques dans l’insouciance générale.