Le dérèglement du monde est source de tensions
La France file un mauvais coton : la COVID-19 et son mort toutes les 10 minutes, le chômage et sa ribambelle de plans sociaux, la montée de violences contre les forces de l’ordre et maintenant, le meurtre par décapitation de Samuel Paty au nom du respect de l’Islam et ses conséquences dans la société française.
Chaque séquence, qui ne saurait évidemment être mise sur le même plan, est différente. Mais l’effet psychologique et social est combiné.
Les polémiques sont épouvantables. Les points de vue sont intraitables. Les haines sont déjà palpables.
La libanisation des esprits est là.
La France s’affole. La République s’étiole. Cela va mal finir.
Essayons de trouver des réponses claires pour trouver ensemble un chemin. Car le propre de l’esprit républicain n’est pas de souffler sur les haines mais de trouver le chemin de l’intérêt commun.
Essayons de déconstruire les emballements et les fake news par des formules simples, des punchlines comme on dit, qui ne souffrent pas de critiques ou peu.
Allons-y !
Le gouvernement n’est pas responsable de la COVID-19.
Le gouvernement n’est pas plus responsable de la 2ème vague.
Cette deuxième vague est européenne à des degrés divers.
Le couvre-feu est une mesure sanitaire pour freiner la pandémie en absence de vaccin.
Quatre ou six semaines de couvre-feu ne règleront pas la pandémie. Le reconfinement est l’arme la plus efficace (les Chinois l’ont démontré). Et en tenant compte d’une hospitalisation toutes les minutes, nous ne tiendrons pas longtemps en novembre 2020.
Le manque de masques ou de lits est dû aux restrictions budgétaires. Elle-même produite du respect des 3 % de déficit.
Les gouvernements successifs l’ont appliqué. La droite a même milité pour l’inscrire en lettres d’or dans la constitution.
Aujourd'hui les déficits sont colossaux. Ils sont nécessaires. On aurait pu y penser avant. Mais ils devront être remboursés.
On doit utiliser cette marge de manœuvre, cette traite, tirée sur les générations futures, non pour notre confort, mais pour investir dans l’avenir.
La COVID-19 est l’irruption de la mort dans la modernité. L’Humanité, pour la première fois, connaît la même peur partout au même moment.
Le réchauffement climatique, qui est encore plus grave que la COVID-19, n’a pas par contre produit la même peur, donc les mêmes mesures d’urgence.
L’économie, confinée de force, n’a pas retrouvé sa force. Le capitalisme industriel, déjà mis à mal par la rupture numérique, subit un nouveau coup au profit de la finance et du capitalisme immatériel. Ce n’est pas sans conséquence en termes d’emploi.
L’effondrement de secteurs entiers de l’économie est incontournable. Le télétravail, l'e-commerce, la culture en ligne ont envahi tous les foyers et bousculent un peu plus les modes de vie.
En France, un million de personnes ont basculé dans la pauvreté, un million ont basculé dans le chômage. C’est du jamais vu depuis la deuxième guerre mondiale.
Vingt pour cent des Français ont dû puiser dans leur épargne pour faire face pendant que vingt pour cent ont pu épargner.
Cette question sociale est devenue une bombe à retardement.
La protection du social doit redevenir le débat national pour éviter que la fracture sociale s’embrase.
S’il faut aider les entreprises, il faut aider structurellement les plus pauvres.
La crise est à la fois une crise de l’offre et de la demande, il faut donc agir sur les deux.
Le thème de la protection sociale « handicap au retour à l’emploi » (Macron) n’a pas de sens quand il n’y a pas ou peu d’emplois.
L’absence de visibilité due à la COVID-19 ne peut permettre l’investissement nécessaire à la croissance. Et l’absence de confiance dans l’avenir ne peut dégeler l’épargne de précaution.
La croissance va stagner. Le PIB va régresser et nous devrons réinjecter des liquidités sinon nous irons au choc social. Dire que « dans quelques mois l’économie va revenir à la normale », c’est dire la COVID était une grippe.
La mondialisation, source de beaucoup de maux est la victime collatérale de ce collapsus.
Mais le libéralisme et la réduction des coûts sociaux restent la norme économique.
Le retour des solutions nationales recèle beaucoup d’espoirs mais aussi de tensions inter-nationales.
La guerre commerciale sino-américaine aggrave le dérèglement du marché mondial, pèse sur les économies et renforce la récession mondiale due à la COVID-19.
"Le dérèglement du monde est source de tensions mondiales et intra-nationales."
La montée des violences contre les forces de l’ordre atteste de l’abaissement de l’esprit républicain.
Le thème du racisme d’État n’est une dégénérescence de l’antiracisme.
Les forces de l’ordre ne sont pas racistes. Même s’il y a des racistes.
L’État n’est pas raciste par essence. La République ne l’est pas plus. Mais le racisme est dans la société. Les obstacles aux fonctions régaliennes ou de représentations pour « les minorités » sont légions.
On ne règle pas les erreurs de l’Histoire en la réécrivant.
On ne juge pas l’Histoire d’hier avec les lunettes d’aujourd’hui.
On ne répare pas une atteinte réelle à l’humanité d'hier par des actions symboliques aujourd'hui.
Il faut, par contre, reformer la police et son maquis d’offices centraux et instaurer une police municipale partout, libérant 1500 fonctionnaires chargés de lutter contre les bandes et principalement la drogue.
Il faut un grenelle de la sécurité ouvrant la voie à un consensus sécuritaire.
La France n’est pas submergée par l’islam : les populations musulmanes représentent 10 % de la population.
Le risque n’est pas le grand remplacement mais la libanisation.
Soixante-dix pour cent des jeunes musulmans de moins de 25 ans disent placer la foi au-dessus de la loi. Les intégristes veulent faire du retour de la foi chez les jeunes le terrain de leur résistance à la sécularisation de la majorité des populations adultes musulmanes.
Quarante pour cent des catholiques placent leur religion au-dessus des lois de la République. Ils ne posent pas de bombes, pas plus que l’immense majorité des musulmans. C’est seulement l’état du rapport de force dégradé entre les religions et la République. Et personne n’évoque les évangélistes qui, s’ils sont les plus prosélytes, ne sont pas les moins sectaires.
Quand l'idéologie disparaît, la politique se trouble, le rapport gauche-droite s’évanouit. Tout ce qui était contenu remonte à la surface.
La République française, avec ses alliés ont gagné le combat contre Daech. Seule, elle contient le basculement du Sahel dans son orbite et est en position de force en France.
Il y a un courant islamo-séparatiste qui veut que les musulmans rompent avec la République française et en son sein des hommes ou des femmes capables de passer à l’acte.
Il y a un courant national-identitaire qui veut que les musulmans quittent la République française et en son sein des activistes qui rêvent de passer aux actes.
La lutte contre tous les séparatismes doit être une cause nationale parce que l’un nourrit l’autre et conduit inéluctablement à l’affrontement.
Il y a à droite un bloc identitaire qui au nom de la laïcité prétend exclure les Français musulmans de la représentation nationale.
Il y a à gauche (France insoumise, Médiapart, écolos) un campisme aveugle qui, au nom de la défense des musulmans face au bloc identitaire, nie la présence d’un islamisme obscurantiste qui fait du « Français et ses valeurs » son ennemi.
Comme hier, la gauche communisante niait le stalinisme, cette gauche nie le courant separato-obscurantiste dans l’Islam.
Jean-Luc Mélenchon n’est pas responsable de la montée de l’Islam radical même s’il n’aurait pas dû participer à la manifestation du 10 novembre 2019 (quand un républicain laïc entend « allahou akbar », il sort de la manifestation). Ou alors, il l’est moins que Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, s’invitant devant le congrès de l’UOIF au Bourget, légitimant ainsi la première organisation d’inspiration salafiste qui séparait les hommes et les femmes. Ce débat n’a pas de sens opérationnel.
L’observatoire de la laïcité ne peut être la victime expiatoire des manques de la République. Lorsqu’un radicalisé islamiste chargé de les combattre au sein de la préfecture de Paris a frappé ses collègues, on n’a pas destitué le préfet.
Personne n’interdira l’Islam, pas plus que personne ne raccompagnera cinq millions de Français musulmans aux frontières. Personne n’imposera la charia aux Français ni à la majorité des musulmans. Faire un pas en ce sens, c’est marcher à la guerre civile.
La stratégie vis-à-vis des noyaux séparatistes doit viser à les isoler non à faire des musulmans leur armée de réserve. Elle requiert une détermination et une distinction sans faille.
La laïcité doit être sanctuarisée. C’est le droit de croire ou ne pas croire. Mais c’est aussi l’école du respect. La charte de la laïcité doit être la base du règlement intérieur de chaque établissement scolaire et donner lieu à un engagement solennel public de toute la communauté éducative en présence de tous les parents en début d’année .
Il n’est pas critiquable que la République s’en prenne à ceux qui ont développé un climat de haine contre Samuel Paty conduisant à la barbarie de son meurtre. Mais si on peut en 48h arrêter tous ceux et celles qui se sont exprimés en ce sens sur les réseaux sociaux, on aurait pu le faire avant.
La base de toute action de sécurité est le renseignement. Celui-ci réclame des moyens sur le terrain, une police municipale avec des moyens opérationnels, les policiers libérés ainsi de leur tâche du quotidien. Des services capables de traiter les signes faibles comme nous sommes capables de le faire pour déjouer des attentats.
La fermeté civilisée est l’arme de la République contre tous les séparatismes.
Trouver sur chaque question une réponse qui soit un chemin républicain praticable telle est l’urgence. Sinon le drame national est au bout.