Le vent de la colère soufflera à la rentrée. La France médiatico-politique fait mine de l’ignorer. La multiplication des plans sociaux comme le dernier, monstrueux chez Nokia, en est l’illustration.

Le blocage des salaires : aucune entreprise ne pense aller en ce sens avant longtemps et la suspension des primes pour les cadres est du même tonneau ; ajoutons l’absence d’embauche dans le privé et la fonction publique. La jeunesse étudiante sans stages, ou petits boulots sera renvoyée à une extrême précarité.

La dépense publique va être absorbée par le soutien à l’économie et, par voie de conséquence, le mouvement associatif sera sinistré, incapable, et fera face à la précarité.

Quant aux quartiers populaires, privés de rentrées plus ou moins licites, ils sombreront dans une disette propice à bien des tourments… D’autant, que les prix des produits de première nécessité augmentent et l’épargne de précaution galope pendant que le gouvernement promet chaque jour un peu plus de milliards. L’automne-hiver 2020 sera socialement l’un des plus chauds jamais vus dans ce pays. Nous roulons à tombeau ouvert vers le mur social sans moyens de s’arrêter.

Personne ne peut croire que les centaines de milliards - ô combien nécessaires - déversés sur l’économie, débouchant sur des centaines de milliers de chômeurs, ne produiront pas un effet délétère.

Personne ne peut penser que les conséquences de la crise sur les comptes sociaux ne produiront pas en retour une demande de réformes de réduction des coûts.

Nous avons donc un président seul, battu à plate de couture dans les élections municipales avec un taux d’hostilité à son égard qui dépasse ce qu’ont pu endurer Chirac, Sarkozy ou Hollande.

Ce qui alimentera, par voie de conséquence, la colère et l’incompréhension. Le maintien de la réforme des retraites est de ce point de vue aussi puéril que suicidaire. Décidément, la psychologie sociale n’est pas le fort de l’Élysée.

Personne ne peut imaginer que l’abstentionnisme historique, manifesté lors des municipales, ne soit pas les prémices d’une rupture totale entre les représentations et le peuple. Voilà le premier craquement annonçant l’avalanche.

Et pourtant, comme avant chaque grande crise, la France s’amuse ou s’enflamme médiatiquement pour l’éphémère ou le superficiel.

Emmanuel Macron est seul face à l’abîme qui va s’ouvrir devant lui. Les 18 mois à venir seront pour l’exécutif un chemin de croix. Tout est possible.

La seule à se rendre compte du danger est madame Merkel. Elle a décidé de changer du tout au tout sa politique économique européenne. Il s’agit pour elle d’éviter un choc récessif massif pour l’Allemagne en l’atténuant en Europe.

Au regard de cette prise de conscience, je crains que le débat français ne soit une bluette avant l’orage.

Le maintien de la réforme des retraites est de ce point de vue aussi puéril que suicidaire.

En attendant, le président de la République tente de se placer sous la protection de la droite. Un dispositif sarkozyste est venu remplacer un dispositif juppéiste.

Au-delà de cette tentative de mise à l'abri, l’hyperprésidence est spectaculaire. Alors que le pays avait besoin d’union, de mutualisation, vu les difficultés qui l’assaillent, le président a concentré tous les pouvoirs : son parti c’est l’État.

Il a entre ses mains le secrétaire général de l’Élysée, le secrétaire général du gouvernement, le directeur de cabinet du premier ministre. Le premier ministre est la manifestation de « l’élyséation » du pouvoir.

Une sorte de comité de salut public, de hauts fonctionnaires chargés d’administrer la France avec Emmanuel Macron en Primus inter pares.

Nous avons donc un président seul, battu à plate de couture dans les élections municipales avec un taux d’hostilité à son égard qui dépasse ce qu’ont pu endurer Chirac, Sarkozy ou Hollande.

Le fait est qu’il n’ait pu attirer, ni à droite, ni à gauche, des poids lourds pour l’aider démontre sa panne d’attractivité.

Et le président isolé, sans autre base sociale que celle qu’il a emprunté à une droite qui ne se laissera pas faire, le Président, claquemuré en son palais, pense relancer le pays et faire barrage à la vague qui vient par la magie du verbe et des promesses de l’argent public.

Alors que le chef de l’État est à la tête d’un Etat impotent, sans ressources et en crise : police, justice, santé, école, etc. rien ne marche.

Et pourtant, on fait mine d'avancer avec, en plus, l’épée de Damoclès d’un nouvel épisode de la Covid-19 au-dessus de la tête.

Et en face, la vague arrive. Une colère sociale que son isolement va accentuer...

Et dès qu’elle sera en mouvement, ceux qui soutiennent le pouvoir vont le lâcher pour chercher la stabilité.

On nous dit : « mais regardez les sondages, il gagne... ». La France médiatique croit aux sondages comme elle croyait en 39 à la ligne Maginot.

C’était une réalité qui fût contournée par une guerre de mouvement alors que les états-majors rejouaient la guerre de positions de 1914.

Personne ne s’interroge comment le président de la République avec 65 % de personnes hostiles, encore moins populaires que le premier ministre sorti, avec devant lui 18 mois de crise sociale, pourrait in fine l’emporter grâce à un rejet de Marine Le Pen ?

La colère sociale qui vient dans un pays où rien ne tient. Telle est la réalité.

C’est à cette aune qu’il faut penser la France et hisser la réponse.

 

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