Le général de Gaulle a pensé nos institutions non en juriste, mais en politique. Dans son discours de Bayeux, la réforme des institutions est déinie « pour les Français d’aujourd’hui dans la France d’aujourd’hui ». La prééminence de l’exécutif vise un seul but : reconstruire la France qui procède de la nécessaire unité du commandement. Plus tard, de Gaulle s’en prendra au « régime des partis » incapables de régler la question algérienne, de se tourner vers l’Europe des Nations, d’assurer, par la défense nucléaire, la souveraineté nationale et, enfin, de prendre le train de la modernité. C’est le but qui commande les institutions. Depuis 1968, puis le double non au référendum de 1969, nos institutions sont inadaptées aux « Français d’aujourd’hui dans la France d’aujourd’hui ».

Les solutions aux défis écologiques, aux exigences de l’économie numérique, aux questions sociales, migratoires et sécuritaires se heurtent toutes au manque de légitimité de l’exécutif. Un Président élu est toujours légitime, mais sa politique l’est de moins en moins tant son assise électorale est étroite. Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron... aucun d’eux ne fait exception à la règle. Sitôt élus, déjà mis à nu.

Dans ces conditions, la « jupiterisation » de la Ve République est un obstacle aux compromis parlementaires indispensables pour avancer. A côté d’un pacte girondin sortant les collectivités territoriales de leur état de « minorité politique », d’une bonne dose de proportionnelle et de la réhabilitation du droit de pétition, nous proposons de modifier radicalement nos institutions sans toucher à l’élection du Président au sufrage universel. Ce faisant, il nous faut renforcer l’autorité du Premier ministre qui ne sera plus « nommé » par le président de la République (article 8), mais élu par l’Assemblée nationale. Le vote de coniance préalable à sa nomination rendrait obligatoire des coalitions, une condition incontournable du déblocage de la France. Des mesures urgentes trouveraient le soubassement populaire dont elles ont besoin.