Pour l'ancien patron du PS, la gauche est vouée à l'échec tant qu'elle se préoccupe de la survie de ses formations politiques plutôt que de la question sociale.

Ce n'est pas le baron noir de la gauche mais que n'a-t-il vu en cinquante ans de militantisme, de ses débuts trotskistes jusqu'aux couloirs du Parti socialiste ! Jean-Christophe Cambadélis publie le 20 janvier Hier, aujourd'hui et demain : une vie politique dans le roman de la gauche (éditions VA, 292p.), le récit de celui qui fut l'un des visages de l'Unef dans les années 70 mais aussi un proche de Pierre Maurois, de Lionel Jospin, de Michel Rocard ou de François Hollande. Alors que la gauche, et particulièrement le PS, sont au bord du gouffre, l'alchimiste de la gauche plurielle en 1997 craint que sa famille politique ne disparaisse totalement. 

L'Express : Anne Hidalgo présentait jeudi son programme mais elle a passé une mauvaise journée, exfiltrée de la manifestation des enseignants sous les huées et les insultes. Elle a aussi été lâchée par Benoît Payan, le maire PS de Marseille. Certains socialistes disent qu'il est temps de siffler la fin de la récréation. Vous les comprenez ? 

Jean-Christophe Cambadélis : Il faut déconstruire les évènements. Être sifflé dans une manifestation, cela arrive à tout le monde. C'est arrivé à Jean-Luc Mélenchon il y a peu de temps. J'y vois là l'exaspération d'un mouvement social qui réclame d'être mieux considéré par tous. Quant à Benoît Payan, qui est un jeune homme plein d'avenir, il est tout aussi prisonnier de sa majorité locale. Elle est composite, on y compte des écologistes, des socialistes, des Insoumis. Il ne peut pas être celui qui l'embarque derrière une candidature. C'est sa force et sa faiblesse.  

"Pourquoi faut-il s'acharner sur elle alors qu'elle n'est qu'à 5% dans les sondages et parfois moins"

Arrêtons de surinterpréter des évènements qui empêchent Anne Hidalgo d'installer sa candidature. On peut avoir des désaccords avec elle mais ce passage à tabac médiatique est excessif et incompréhensible au regard des sondages. Pourquoi faut-il s'acharner sur elle alors qu'elle n'est qu'à 5% dans les sondages et parfois moins ? J'ai l'impression que certains cherchent à tuer la social-démocratie... 

Parlez-vous de Yannick Jadot ? Il multiplie les petites attaques, souvent emplies de mépris, à l'égard d'Anne Hidalgo et du Parti socialiste. 

Si l'unité ne s'est pas faite, c'est uniquement parce que les écologistes l'ont refusée dès le départ. Yannick Jadot l'avait tentée, il y a un an, tout en disant à l'époque qu'il ne se soumettrait pas à une primaire parce qu'elle serait un piège. Au même moment, lors d'une réunion unitaire, Julien Bayou indiquait qu'il y aurait quoi qu'il en soit une primaire des écologistes. Au fond, Yannick Jadot est un réaliste mais il est lesté par la radicalité de Sandrine Rousseau qui a tout de même fait 49% à la primaire écologiste alors que l'ensemble de l'appareil politique appelait à voter pour lui. Il est prisonnier d'une radicalité qui n'est pas la sienne et se voit obliger de lui offrir constamment des gages. Les petites phrases de Jadot sont une concession nécessaire aux radicaux de son parti. Aujourd'hui, c'est cela qui l'empêche d'être un rassembleur. La gauche ne peut pas s'unir sur la radicalité.  

Christiane Taubira officialise ce samedi matin sa candidature à l'élection présidentielle. Peut-elle changer la donne ? 

À gauche, il y a ceux qui refusent l'unité alors qu'ils savent qu'ils seront éliminés, et ceux qui instrumentalisent une belle idée d'unité pour éliminer les premiers. C'est illisible. La primaire populaire est un concept sympathique mais son organisation est baroque. 

 

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