INTERVIEW - Emmanuel Macron devait mettre la France en marche, force est de constater qu’elle est en panne. Sa réponse aux «gilets jaunes» est dilatoire et technocratique. Il n’y a plus d’autorité républicaine. Aucune concorde nationale pour l’urgence sociale.

INTERVIEW - L’ancien premier secrétaire du PS (2014-2017) engage un tour de France de la gauche unie des villes et des villages, et compte faire des propositions au lendemain des européennes.

LE FIGARO. - Les réponses d’Emmanuel Macron à la crise des «gilets jaunes» peuvent-elles rassurer les Français?

Jean-Christophe CAMBADÉLIS. - Emmanuel Macron devait mettre la France en marche, force est de constater qu’elle est en panne. Sa réponse aux «gilets jaunes» est dilatoire et technocratique. Il n’y a plus d’autorité républicaine. Aucune concorde nationale pour l’urgence sociale. Où est la rupture girondine, l’exigence écologique, la nouvelle donne économique face aux géants du numérique? Il est resté figé dans ses mocassins pour importer le modèle anglo-saxon et mener la même politique en vogue depuis le milieu des années 1970. Et plutôt que de permettre un renouveau démocratique, son nouveau monde a libéré tous les populismes.

- Quelle conclusion en tirez-vous?

Qu’on ne peut laisser la France pendant trois ans en proie à une colère endémique au risque de faire gagner les extrêmes à l’issue du quinquennat. Voilà pourquoi je prends l’initiative de lancer une pétition qui demande au président de dissoudre l’Assemblée nationale. Tous les citoyens qui veulent que le pays se redresse doivent agir pour retourner aux urnes. Il faut construire ainsi l’unité morale du pays qui fait tant défaut.

Jean-Luc Mélenchon propose lui aussi une dissolution. Souscrivez-vous à la Fédération populaire qu’il veut créer?

Je serais prêt à discuter avec Jean-Luc Mélenchon, que je respecte. Mais je ne crois pas au front populiste de gauche. La France n’est pas prête à adopter un régime latino-américain, une économie administrée, une constituante avec des élus révocables et un souverainisme anti-européen. Cela fait beaucoup de cailloux dans la chaussure de l’Union…

- Votre initiative tranche avec votre discrétion depuis votre défaite aux législatives de 2017…

Je reviens au combat car je ne peux plus regarder et commenter les bras ballants la France qui s’abîme et la gauche qui sombre dans la fragmentation. Pendant deux ans j’ai beaucoup écouté, dialogué, réfléchi, écrit. Je ne suis plus un homme d’appareil et je n’entends pas le redevenir, je me suis renouvelé. Je veux aider en toute liberté mon pays dans la grande transition qu’il traverse. Et réussir à imposer la gauche dans ce paysage politique français dévasté.

- Vous voulez retrouver un mandat?

Je ne suis candidat à rien, je veux juste aider à refonder une gauche tranquille qui pense la transformation et pratique le compromis. J’engage dès aujourd’hui un tour de France de la gauche unie des villes et des villages. Je ferai des propositions au lendemain des européennes.

- Le PS a-t-il eu raison de confier à Raphaël Glucksmann le soin de mener sa liste aux européennes?

Je soutiens la liste conduite par Raphaël Glucksmann. Au-delà de l’enjeu européen, je veux donner une chance à une gauche non mélenchoniste.

- LREM et le RN se disputent la première place. Où est la gauche?

Les européennes méritent mieux qu’un faux débat français. On se passionne pour le match de deux listes qui siégeront au Parlement européen dans des groupes marginaux. Être concentré sur ce match, c’est le meilleur moyen de ne pas sanctionner la majorité européenne sortante de Jean-Claude Juncker. Alors même que la participation des Anglais à ces européennes peut permettre aux sociaux-démocrates de virer en tête à Strasbourg.

Pour lire l'interview dans le Figaro, cliquez sur ce lien 


 

Pour participer au réseau cliquez ici

Pour signer la pétition cliquez ici

Suivez Nouvelle Société sur http://www.nouvellesociete.fr