L’acte IX des gilets jaunes et « la lettre aux Français » d’Emmanuel Macron démontrent que nous allons soit au référendum, soit à la dissolution, soit le plus probable aux deux. Le président a refusé un gouvernement de concorde nationale. Il a gardé un dispositif lourdement contesté, et, par sa lettre, il a maintenu l’essentiel de ce qu’il estime être sa légitimité élective.  

La course contre la montre est engagée.  

Et, vu le résultat de l’enquête du CEVIPOF publiée dans le Figaro sur l’état d’esprit des Français, le paysage représentatif du pays est sinistré. Le raz de marée populiste s’annonce dans des proportions supérieures à celles de l’Allemagne.

Quelle erreur historique pour Emmanuel Macron !

Une fois la victoire acquise, il a pulvérisé les corps intermédiaires et présenté nues nos institutions en les centralisant à l’extrême. 

La crise de rejet d’Emmanuel Macron est telle que, malgré les violences, les dérapages immondes, les coups portés aux journalistes, le soutien aux gilets jaunes reste majoritaire. Sans que personne ne sache réellement ce que veulent maintenant les contestataires, si ce n’est de changer la vie par le départ de toutes les représentations et du président.  

Et, une lettre cadrant un grand débat calmerait les choses ? 

Ce n’est pas la lettre qui est en cause ; c’est le flou opératoire.  

Le comment ? Qui organise ? Qui va centraliser le débat ? Et pourquoi faire ? Tout cela va être l’objet de couacs et de contestations.

Emmanuel Macron croit dans la confusion des réponses. Il interdit le retour sur ce qui a été déjà adopté. Il laisse comme seul débouché praticable, les questions institutionnelles et l’immigration. Est-ce bien responsable ?

Le chemin est inflammable au plus haut point. On ne voit pas en quoi il calme les gilets jaunes. Ils sont devenus acteurs. Ils ne vont pas quitter la scène comme cela.  Et, l’effet paradoxal de la consultation, sera d’élargir à toute la société la contestation des représentations et de l’exécutif. 

Quant à penser renouer avec les Français en affrontant les assemblées sur leur nombre de parlementaires, et le référendum d’initiative citoyen, ceci en utilisant - De Gaulle oblige - l’article 11 pour avoir recours au référendum, c’est précipiter le pays dans la crise populiste.   

Les Français l’utiliseront soit pour chasser Macron, soit exigeront l’application immédiate du référendum.  

Et, si devant une conjoncture aussi redoutable, Emmanuel Macron gagnait du temps ou en perdait, en passant par l’article 89 de la Constitution, procédure longue et polémique, la colère du peuple sera, elle, redoutable.

Bref, Emmanuel Macron est dans la seringue. Et, la France l’est tout autant.

Pendant ce temps, si la droite n’a plus d’existence autonome de l’extrême droite, Jean-Luc Mélenchon, lui, est pris au piège de la fascination populiste qui le marginalise.

À gauche, chacun fait sa petite soupe dans son petit coin.

Le spectacle de la gauche non mélenchoniste est une honte. Ségolène Royal, après Pierre Moscovici, a cent fois raison de dénoncer les jeux personnels, politiciens et à courte vue. 

Même laisser la tête de liste à Yannick Jadot n’est pas suffisant pour les écologistes ; même trouver un espace neutre pour se rassembler avec Place publique, n’est pas utilisé, à part le Parti Socialiste qui joue le jeu. Tout le monde s’emploie à neutraliser tout le monde, espérant gagner un point au final.

Mais, mes cher.e.s ami.e.s, ce n’est pas un congrès dont il s’agit mais de la République.

Les ami.e.s, réveillez-vous ! deux à trois mois de débats et de fièvre du samedi soir, il n’y aura pas de réel débat des Européennes.

Regardez autour de vous ! le monde est en train de changer de base et ce n’est pas le vôtre.

Vos postures sont nulles, vos arguments d’un autre temps et vos pensées et arrières pensées lamentables. 

Pourtant, la gauche non mélenchoniste a un espace politique considérable. La gauche rassemblée et rénovée est le pilier républicain. On peut, certes, draper dans sa prétention, faire la critique d’un passé auquel on a plus ou moins participé, mais ce n’est plus le sujet.

Mes ami.e.s, laissez cela à la critique rongeuse des souris.

Tournez-vous vers l’avenir ! l’union, le rassemblement et l’unité de ceux qui ne sont ni macaronistes ni mélenchonistes. Inventez ensemble la nouvelle gauche de gouvernement et tentez de trouver ensemble une issue républicaine a la crise française

Il y a urgence, la catastrophe arrive au grand galop.