Adieu ! Tes amigos. Une légende s’éteint comme des volcans se taisent. Henri Weber vient d’être emporté par la pandémie du Covid-19. Nous ne l’entendrons plus se racler la gorge avant d’intervenir.

 

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Une légende s’éteint comme des volcans se taisent. Henri Weber vient d’être emporté par la pandémie du Covid-19.

Nous ne l’entendrons plus se racler la gorge avant d’intervenir. Nous ne le verrons plus les mains sur les côtes, comme aimait le faire Léon Blum. Nous n’entendrons plus la sonnerie improbable de son portable dans les réunions. Nous ne le regarderons plus prendre des notes sur ses petits cahiers. Et surtout, nous n’écouterons plus ses analyses précises étayées aux formules percutantes.  

Sa gentillesse caustique et sa bienveillance pleine d'humour nous manqueront.

Henri est une légende. Il a été de tous les combats à gauche : la crise de l’Union des étudiants communistes (UEC), la fondation des Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) , la radicalisation en Amérique latine, la guerre du Vietnam, l'eurocommunisme de Berlinguer en Italie, le “Manifesto” jusqu’à la chute des dictatures en Europe, la crise finale du « stalinisme » ou le conflit au Moyen-Orient, les mutations du capitalisme, les défis climatiques ou l’Europe. Rien ne lui était indifférent. Il a écrit surtout et analysé les moindres méandres du monde. Henri avait gardé l’enseignement de sa jeunesse. Il faut penser le monde pour penser le transformer. On ne compte plus ses livres et concepts pour reformuler la gauche.

Sa grande affaire fut la gauche : jusqu’au bout, il ne cessa de la conseiller. Il nous encourageait à ne pas céder tout en nous suggérant de ne pas sombrer dans le sectarisme.  

Il était un des derniers intellectuels organiques de la gauche, curieux de tout et ouvert à tous.

Pessimiste d’esprit et volontariste dans l’action, la vie ne l'avait pas épargné. Il n’en parlait pas ou peu. Cette pudeur le conduisait à ne pas se mettre en avant. Ce qui est bien rare de nos jours. Il fut, de nombreuses fois, blessé pour avoir été évincé ou relégué. Mais jamais il ne prononça un propos bas.

C’est la raison pour laquelle, malgré les luttes de courants féroces au PS, il resta aimé de tous.

Avec Alain Bergounioux et Guillaume Bachelay, nous avions écrit à plusieurs mains la nouvelle charte sociale écologique du PS, rédigé les cahiers de la présidentielle. Henri anima les universités de l’engagement parcourant la France avec un bonheur non dissimulé.  

Il avait apprécié présider les Universités de la Rochelle dont il donna le coup d'envoi. Il aimait transmettre une histoire, une culture, des principes pour les générations futures.

Sénateur de Seine-Maritime, il était préoccupé par les plus démunis et l’avenir industriel de la région. Député européen pendant dix ans, il ne rata jamais un congrès du Parti socialiste européen (PSE). Il était attentif aux débats, tout autant qu’aux soirées amicales où l’on refaisait le monde entre socialistes de toute l’Europe.  

Ces derniers temps, loin de quitter sa famille politique, il nous encourageait à « recapitaliser la gauche ». Nous avions des projets… 

Il m’envoya ces derniers mots avant d'être admis à l'hôpital d’Avignon : « Ma vieille et toujours robuste carcasse est sommée de s’en sortir toute seule. J’espère qu’elle va m’obtempérer ». Il se battit encore 3 semaines.

Une pensée affectueuse à Fabienne qu’il présentait invariablement ainsi « Fabienne la mère de mes enfants ».

Nous sommes terriblement tristes !

Adieu ! Tes amigos.