Il est de bon ton de dire, au vu des sondages de l’élection européenne, que Emmanuel Macron va s’en sortir, s’en sort ou s’en est sorti. Il faut en ce domaine être réservé.

Nul ne sait si les sondés ont définitivement fait leur choix, ou s‘ils manifestent un soutien conjoncturel au « parti de l’ordre » face aux gilets jaunes. 

Par ailleurs, les difficultés s’accumulent sur la route du président, dont la faible cote de popularité se droitise pour les mêmes raisons.

D’abord, les indicateurs économiques : la marge de manœuvre budgétaire, déjà limitée, a été réduite à néant par les 10 milliards d’euros lâchés aux gilets jaunes. 

La croissance : sous la ligne de flottaison et aggravée, tout à la fois ; par la guerre froide commerciale ; par une plus faible demande chinoise ; par le ralentissement économique de l’Allemagne dû au bug du commerce extérieur ; mais dû aussi à l’échec de la thérapie de choc libérale macronnienne et, à l’effet gilets jaunes.

La concentration des pouvoirs : Emmanuel Macron, de son propre aveu, comme d’autres avant lui, n’a pas voulu, su et pu, voir le Mezzogiorno français et sa crise gilets jaunes. Concentrant les pouvoirs, pour adapter la France par le haut, il prit les Français d’en bas en pleine face. 

La crise de rejet d’Emmanuel Macron n’est pas finie. Elle s’est même enkystée. 

Le président l’alimente. Il ne peut dire : " je crois dans les corps intermédiaires " puis brocarder violemment les partenaires sociaux à propos de l’échec de la négociation sur l’assurance chômage.

Le Sénat vient de se rappeler au souvenir du président. Comme en 1969, où le Sénat porta un coup décisif au pouvoir personnel du général de Gaulle, le Sénat vient de faire la leçon au prince président ; lui indiquant en substance que le palais, entièrement à sa dévotion était mal géré. Emmanuel Macron, à cran, demanda à son premier ministre de monter au front. Ce dernier, dont le « body language » démontrait le peu d’entrain pour la chose, déclara quand même la guerre au Sénat, alors que l’exécutif en a besoin pour tout référendum. À moins de passer par l’article 11 de la Constitution, ce qui renforcerait la dimension pouvoir personnel.

Mais au cœur de cette controverse, Il y a l’affaire Benalla. Polémique de basse intensité, mais mèche longue qui va empoisonner la fin du quinquennat. 

Car trois questions vont alimenter le feuilleton :

  • - Qui a enregistré Alexandre Benalla et Vincent Crase ? 
  • - Qui a présenté les oligarques russes à Alexandre Benalla et qui était au courant ?
  • - Pourquoi le téléphone d’Ismaël Emelien a borné sur la route d’Alexandre Benalla, en récupérant la vidéo du 1ermai ? 

Avec, à chaque fois, le risque de passer de l’affaire dans l’État à l’affaire d'État.

Le Sénat tenant sa proie, il ne la lâchera pas. D’autant qu’Emmanuel Macron comme de Gaulle en 1969, a mis à l’ordre du jour la place du Sénat dans la République. 

Pour autant, la crise des gilets jaunes n’est pas réglée. Le grand débat suscite de grands espoirs chez les Français mais peu chez les gilets jaunes. Le risque est grand, faute de moyens budgétaires, de ne pas satisfaire les uns et les autres. 

Tout le monde attend le15 avril. Les gilets jaunes, moins nombreux et moins populaires, laissent apparaître la partie cachée de l’iceberg : la convergence de toutes les radicalités. Et montent, en parallèle, le ras bol des commerçants, des entrepreneurs et des collectivités locales contre les conséquences pour eux de cette crise.

Mais un autre front va s’ouvrir, créant un effet ciseaux, l’effet Greta. Greta Thunberg, jeune activiste pour le climat, est venue en France lancer la campagne de grèves et de manifestations qui enflamment déjà de nombreux pays et, particulièrement la planète. Venant après le succès de la pétition « l’affaire du siècle » et les manifestations sur le climat, la plaine est séchée pour la mobilisation lycéenne. 

Emmanuel Macron risque d’être pris entre deux fronts, deux demandes, deux histoires.

Il faut marquer d’une pierre blanche ce 15 mars, date de l'ultimatum des lycéens pour agir sur le climat. Car le grand débat devrait s’arrêter alors qu’un nouveau va commencer.

Emmanuel Macron est loin d’être sorti d’affaire. D’autant que le ressentiment à son égard est tel, qu’il est en train de perdre son dernier atout, hors absence d’alternative, celui d’être perçu comme le seul à même de faire barrage aux populismes.

Attention danger ! … que ceux qui se rassurent à bon compte sur la foi de quelques sondages, prennent garde : la France va très mal …


 

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