Emmanuel Macron a une théorie : il faut aller là où il y a le conflit. Il a une nécessité : être le parti de l'ordre. Il a un impératif : casser le mouvement au plus vite. Jupiter ne peut se dérober au combat. C'est son inclinaison. C'est son rapport à l'opinion. C'est sa lecture du chef et de l'incarnation.
Le mouvement des gilets jaunes est trop populaire pour que Emmanuel Macron le laisse prospérer. En plus, d'emblée ce mouvement a dépassé sa base initiale - le pouvoir d'achat - pour cibler Emmanuel Macron. Que ce soit dans les mots d'ordre ou dans la tentative symbolique de marcher sur l'Elysée.
Les Gilets jaunes sont ingérables faute d'être gérés. Ils sont à la fois vecteur et symbole d'un refus, d'un rejet.
Macron sait qu'il est protégé par les institutions. Rien ne peut lui arriver si ce n’est l'impopularité. De toute façon, elle est déjà record !
Dans le même temps, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Dupont-Aignan et, ce qui est nouveau, Laurent Wauquiez ont pris fait et cause pour la colère, glissant une tête ici et là dans les blocages.
Ce soutien sans solution ni perspective, mais accolantces partis au désordre, offre au président un rôle qui est généralement dévolu à la droite classique : l'ordre.
Emanuel Macron et Edouard Philippe ont lâché trop tôt. Avant même le premier gilet jaune sur un rond-point. Ils n'ont plus rien à proposer, si ce n'est le retrait. Et cela ruinerait définitivement l'image présidentielle.
Le pouvoir a donc choisi d'affronter les gilets jaunes sur le terrain du blocage et du déblocage.Édouard Philippe ayant fermé le ban en déclarant qu'il comprenait tellement les manifestants qu'il continuait.
Voilà pourquoi Christophe Castaner joue le “bad cop” et Emmanuel Macron le “good cop” ouvert au dialogue. Le premier a changé de ton. Il souligne les morts, les blessés y compris dans les forces de l'ordre. Et, pas avare de contradictions, il indique à la France que c'était bon enfant. Mais que depuis,c'est n'importe quoi. On n'ose imaginer ce que cela aurait été si cela n'avait été bon enfant...
Mais enfin le ministre de l'Intérieur fait la grosse voix : la fête c'est fini, on arrête de rire. Tout regroupement sera dispersé. Et la Concorde, il n'en est pas question. Ça, on avait compris.
Personne ne peut croire que, vu le système Macron, Christophe Castaner ait improvisé cette posture.
Donc c'est clair, l'exécutif cherche l'affrontement pour casser la mobilisation.
Il ne s'agit pas de négocier ou tergiverser. Pourtant, Laurent Berger avait fait une proposition de bon sens : réintroduire les syndicats via une conférence sur les salaires et la transition écologique.
Le pouvoir ne veut rien entendre, l'heure n'est pas aux palabres mais à la reddition. Et, il y a urgence.
Car pendant ce temps-là, la macronie craque. Le groupe est paralysé de peur. Le président de l'Assemblée nationale est aux abonnés absents. Le parti la République en marche est sans voix, sonné par l'ouverture d'une enquête. François Bayrou, lui, a perdu sa langue. Et Gérard Collomb, rejoint par Le Drian - un signe ? -,appelle au débat. Pas tout à fait sur l'axe Édouard Philippe - Christophe Castaner !
A peine commencé, il y a urgence que le mouvement soit mis sous le boisseau. Et, maintenant FO - Transports et la CGT s'en mêlent.
Tout le monde l'a compris : Emmanuel Macron a besoin de la confrontation.