En quoi le prochain congrès du PS est-il déterminant pour l’avenir de la gauche ?

JEAN-CHRISTOPHE CAMBADELIS. C’est stop ou encore. Le congrès pourrait se résumer à la question : Olivier Faure sera-t-il réélu ? Mais il a aussi une réalité : l’avenir de la Nupes est déjà fortement endommagé. Si la motion pro Mélenchon/Nupes est battue, ou n’a pas la majorité absolue dans les instances du PS, c'est la fin de la Nupes et le chemin vers une nouvelle union. Pour la direction sortante du PS, la Nupes n’est pas qu’un cartel électoral pour sauver les meubles. Elle est aussi le cadre stratégique pour obtenir une candidature unique de la Nupes lors de la prochaine présidentielle via une primaire à laquelle Olivier Faure veut se présenter. Mais cette rêverie perdante a un prix : la dilution de la gauche de gouvernement dans le gauchisme de rupture.

Pourquoi voulez-vous sortir de la Nupes ?

Le PS et la gauche doivent mettre fin à la mélenchonisation des esprits. Parce que le populisme de gauche est une incantation radicale qui ne gagne pas et ne règle rien. Dans un moment où Macron va partir, où l'extrême droite est candidate au pouvoir, le PS doit se refonder du tout au tout. Il faut créer un nouveau PS pour une nouvelle alliance gagnante substituant à l'hégémonie de LFI, un noyau dur réformiste. L'unité de base de l’alliance des gauches réside dans un accord entre les gauches réalistes du PS, des écologistes, voire des communistes, ramenant l'abstentionnisme de gauche et la gauche macroniste qui va se détacher au fur et à mesure qu’Edouard Philippe va s'imposer.

Olivier Faure ne peut pas peser au sein de la Nupes ?

Il ne le fait et ne souhaite pas le faire. Il ne se distingue pas de la gauche radicale même si toute son histoire est celle de la gauche réformiste. Il est bien loin du Rocardisme de sa jeunesse. S’il était réélu, ce serait la fin d'une certaine forme du parti socialiste. Il faudra en tirer les conséquences.

Et quitter le parti comme Bernard Cazeneuve ?

La question à ce moment-là sera posée. Il faudra créer les conditions d’un parti social-démocrate. Est-ce que ça passe par la sortie du PS ? Pour l’heure, il y a deux motions opposées à Olivier Faure qui tournent toutes les deux autour de 25%. Il peut être mis en minorité.

La Nupes a tout de même permis aux socialistes de conserver un groupe à l’Assemblée…

Qui dit que le PS ne l’aurait pas conservé en proposant une autre union plus équilibrée ou en se présentant seul ? Le Parti socialiste, les écologistes et les communistes ont surinterprété le vote utile pour Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle.

Le PS ne risquerait-il pas de disparaître en quittant la Nupes ?

A 1,75% (le score d’Anne Hidalgo à la présidentielle) et 26 députés, on n’est pas loin de la disparition. On ne peut pas se refonder sous le parapluie de Mélenchon. D’autre part, le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron est encore plus libéral que le premier et offre peu de possibilités de convergences stratégiques.

Qui peut incarner cette offre ?
Ils sont nombreux au PS. Mais il faut d’abord se refonder pour incarner. En attendant, j'entends la petite musique nauséabonde de l'appareil du PS à propos d'Hélène Geoffroy. Que lui reproche-t-on ? De ne pas ne pas être un mâle blanc de plus de 50 ans ? De ne pas être une apparatchik ? D'être diplômé de l'École polytechnique ? D'être maire ? D'avoir été ministre ?

Assurance-chômage, retraites, pouvoir d’achat, immigration… La gauche hors de la Nupes a-t-elle encore quelque chose à dire ?

La pauvreté augmente, la vie chère s'installe, la situation écologique se détériore, la République se délite. L’espoir d’une nouvelle France, ce n’est pas le chemin que nous prenons avec le deuxième quinquennat du président Macron. La combinaison du pouvoir d'achat, des salaires, de la réforme de l'assurance chômage, des retraites va précipiter le pays dans la grande confrontation. Il faut travailler à des solutions concrètes pour les Français.

Faut-il une liste commune de la gauche aux européennes ? Et un candidat unique en 2027 ?

Le délitement de la Nupes va conduire à des listes autonomes lors des élections européennes. Pour ce qui est de la présidentielle, l'alliance de la gauche est toujours une nécessité, mais qui en est la colonne vertébrale ? Est-ce la gauche responsable ou est-ce la gauche radicale ? Avec la gauche responsable, on peut l'emporter. L’élection de Joe Biden aux Etats-Unis en est un exemple.

Les opposants d’Olivier Faure sont divisés en deux motions. Pouvez-vous vous unir ?
Je le souhaite. Il faut un pôle qui travaille à une nouvelle union, plus respectueuse des formations politiques et plus crédibles sur le fond.

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