Le socialiste estime que l’investiture de l’ancien président au sein du Nouveau Front populaire est une bonne nouvelle pour le camp social-démocrate. 

PROPOS RECUEILLIS PAR HUGO FORQUÈS 

François Hollande a annoncé hier qu’il était candidat aux élections législatives pour le Nouveau Front populaire en Corrèze. Essaie-t-il de prendre sa revanche sur 2017? 

Sa candidature est une bonne nouvelle pour un pays traumatisé par une dissolution hasardeuse et c’est un bon soutien pour une gauche qui veut faire front au Rassemblement national. Dans la décision de l’ancien président de la République, je ne crois pas que la question du passé ait joué un rôle. Je pense surtout que c’est l’avenir qui est en jeu dans un pays qui est en difficulté dans tous les domaines avec une bourse qui dévisse, des Français qui ont du mal à finir le mois. Mais aussi avec la perspective d’un Rassemblement national au pouvoir ou d’une France ingouvernable. Il faut apaiser, rassembler et trouver les solutions. 

Dans les circonstances actuelles, serait-il le bon Premier ministre pour la gauche?

 Ce n’est pas l’enjeu du moment de savoir qui serait le meilleur Premier ministre. On ne fait pas un casting, on fait un cartel pour battre le Rassemblement national et pour essayer de former un front républicain au second tour. Une fois élu, il sera toujours temps de se demander quelle combinaison il faut mettre en place pour restabiliser le pays. 

La nouvelle alliance ne penche-t-elle pas trop en faveur du programme des Insoumis? 

La candidature de François Hollande est aussi une bonne nouvelle pour la gauche. Le cartel des gauches n’avait pas de grande voix sociale-démocrate puisque Raphaël Glucksmann ne pouvait pas se présenter. La présence de François Hollande dans cette alliance incarne des solutions responsables, finançables et praticables pour le pays. 

C’est une manière de dire que certaines propositions des Insoumis sont irréalisables?
Tout le monde connaît nos divergences et celles du Parti socialiste avec les Insoumis. Le programme présenté est un accord-cadre qui a l’habileté de contourner les problèmes. Il est évident que nous serons confrontés à la réalité de la France martyrisée par la politique d’Emmanuel Macron si nous sommes en capacité de gouverner. 

Quel regard portez-vous sur le psychodrame qui se joue chez les Insoumis?
Je trouve cela à la fois déplacé dans le moment que nous traversons, déplaisant pour des gens qui ont porté Jean-Luc Mélenchon au tout début de son combat, mais aussi illustratif de certaines mœurs politiques qui font que quand on a un désaccord on aime mieux exclure que convaincre. 

La gauche se ressoude quand une partie des Républicains se rapproche du Rassemblement national. Considérez- vous que l’on assiste à un retour du clivage droite-gauche? 

Pour l’instant, nous sommes dans une phase de tripartition, non pas de bipolarité. Il y a trois forces : d’un côté, le Rassemblement national, qui s’élargit à Reconquête et à une grande partie des Républicains; d’un autre, le parti du président qui a demandé la dissolution; et enfin, le cartel des gauches. À cette étape, il est encore trop tôt pour parler du retour d’un clivage. 

Une coalition avec les forces macronistes est-elle envisageable?
Dans la tribune que j’avais écrite dans vos colonnes il y a plusieurs mois, je disais à François Bayrou, Xavier Bertrand et Sacha Houlié que nous sommes condamnés à nous entendre. Je plaidais pour un front républicain. Il sera au cœur du second tour, le 7 juillet. Soit le prolongement de la gauche, c’est le front républicain, c’est-à- dire que l’on vote contre le RN pour les partis républicains, soit le RN l’emportera. Cet appel, je ne pensais pas qu’il serait d’actualité aussi tôt. Je pensais que ça serait présent lors de la prochaine présidentielle. Or, c’est maintenant que le front républicain doit être constitué. C’est une question fondamentale que l’on ne peut pas contourner. 

François Hollande fait-il un premier pas vers une candidature en 2027?
Je ne pense pas que ce soit l’objet. Il ne s’agit pas d’utiliser le malheur actuel des Français pour s’en servir comme d’une rampe de lancement. Il s’agit de combattre dans le moment présent, et puis l’avenir nous dira si les conditions sont réunies pour un nouveau mandat. 

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