Il s’agit d'une question de principe. Quoi que Carlos Ghosn ait fait, quel que soit ce qu'on pense de lui, on ne peut le laisser au Japon. Il en va de l'honneur de la France et du respect de ses ressortissants.

Je n'ai, mais vraiment, aucun atome crochu avec Carlos Ghosn. Ni pour son management, ni pour ses émoluments. Et même, je suis tout prêt à croire ce que l'on dit.

Mais je suis sidéré par la veulerie de notre gouvernement en cette affaire. 

D'abord, il s'agit du guet-apens. On attend son passage à Tokyo. Et comme cela par hasard, on l'embastille sur la base de révélations du groupe Nissan. Le groupe est notoirement défavorable à la fusion avec Renault.

S'il y a eu malversation, pourquoi maintenant ? Et pourquoi sur la base de révélations de ceux qui l'auraient donc organisée ?

Ensuite, la méthode. Dans un État de droit, quinze jours de garde à vue sans présence d’un avocat ? C'est à dire le double d’un terroriste en France. Est-ce tolérable pour nous Français

La méthode encore. Le ministre de l'Économie qui, bafouant tous les principes de la présomption d'innocence, le destitue. Ceci après avoir convoqué l'actionnaire de référence et téléphoné au ministre de l'Économie japonais. Ah jacobinisme quand tu nous tiens !

Enfin, la France ! Comment un pays qui est capable de sortir Saad Hariri des geôles de Riyad ne fait aucun geste pour un de ses ressortissants, patron du premier groupe automobile mondial ?

La réputation non usurpée de Carlos Ghosn ne change rien à l'affaire. Il est riche ? Ça n'excuse pas notre inaction.

Les Japonais sont chatouilleux sur le patriotisme économique ? Ils l'étaient moins quand Nissan allait déposer son bilan.

Le système d'enquête repose entièrement sur la police et donc on ne peut rien faire. Il n'y a ni avocat ni moyen de défense ? Mais enfin, notre ambassade rase-t-elle les murs ? Il me souvient qu'un jeune japonais, fils d'une riche famille, tuait et mangeait ses victimes en France. Le Japon ne l'avait pas lâché et il est reparti se faire interner au Japon.

C'est l'affaire des Japonais ? Certainement. Mais il s'agit d'un de nos ressortissants. Le Japon est un grand pays fascinant que j'adore. Mais il peut comprendre que nous nous préoccupions d'un de nos ressortissants.

La France et son gouvernement s'honoreraient donc à intervenir pour demander la libération immédiate de Carlos Ghosn et son rapatriement. 

S'il est coupable, il sera condamné. Ce n'est pas mon sujet. Mais on ne peut laisser un ressortissant français croupir dans un cul de basse fosse. Même s'il est riche, célèbre et peu fréquentable.

Ou alors il faut arrêter de parler de patriotisme aux Français.