L'ex-Premier secrétaire du Parti socialiste assure qu'il ne se sent pas «hors jeu» pour 2022. Il faut y voir une volonté d'affirmer le PS en cas de division de la gauche plus qu'une volonté présidentielle.
Il y a différents objectifs derrière une candidature à la présidentielle. Le plus souvent, on veut être président. Mais on vise parfois autre chose, un mandat ou un poste, qu’on espère décrocher en ayant montré ses muscles à l’occasion du combat le plus scruté. Il arrive aussi qu’on veuille faire peser une ligne ou une stratégie. Dans tous les cas, c’est une façon d’occuper le terrain politique.
«Refonder la gauche»
Sans se déclarer, Jean-Christophe Cambadélis a décidé de montrer qu’il existe. «Aujourd’hui, à gauche, les prétendants à la présidentielle sont nombreux, et je ne me sens pas hors jeu», a déclaré l’ex-Premier secrétaire du parti socialiste dans un entretien au Journal du Dimanche. Jeudi, il publiera un texte sur la «République impartiale», son «nouveau chemin pour le pays, autour d’un contrat social et écologiste», né dans le cadre de «Nouvelle société», le réseau qu’il a lancé en septembre pour «refonder la gauche».
Une démarche pour le moins ambitieuse, qui fait sourire certains. En 2017, Jean-Christophe Cambadélis a perdu son mandat de député et laissé un parti en ruines. Depuis, il n’est plus tout à fait au premier plan de la scène politique mais n’a jamais cessé de l’observer attentivement depuis les coulisses.
«Républicanisme de gauche»
A l’issue du premier confinement, comme de nombreux politiques, il expliquait avoir beaucoup réfléchi. «Ces 55 jours de recueillement m’ont permis de revisiter toute une série de concepts et d’en inventer d’autres, racontait-il à Libé. Nous avons besoin d’une nouvelle gauche, il faut une remise en cause totale et globale.» A commencer par le républicanisme jacobin qui a longtemps biberonné les socialistes. Comme presque tout le monde, il parlait alors de l’importance des collectivités locales. Sans pour autant oublier l’idéal républicain. Cambadélis, à l’image de la plupart de ses camarades, pense que le PS doit miser sur un «républicanisme de gauche» pour faire la différence en 2022. «On doit être très fort sur le régalien», affirme celui qui parle beaucoup de laïcité et de sécurité. Une façon de se démarquer des écolos, réputés fragiles sur ces sujets, et des insoumis, accusés d’abîmer l’unité républicaine en faisant le jeu du communautarisme. «Je réponds à une situation : aujourd’hui, face à tous ceux qui assaillent la République, la gauche doit porter ce projet de République impartiale, que ce soit à travers une candidature unitaire ou de la gauche de gouvernement», dit-il pour vanter le PS.
Comme beaucoup, Cambadélis répète que l’avenir de la gauche passe par l’union sans y croire. «A cette étape, je constate que Mélenchon est déjà déclaré et que les écolos ne semblent pas favorables à une alliance. S’il n’y a pas de candidature unique sur un programme commun, il faudra bien que cette thématique soit portée», affirme-t-il. Selon lui, aujourd’hui, aucune force politique n’a assez de poids pour forcer les autres à plier. A partir de ce constat, il justifie une candidature rose, et pourquoi pas la sienne : si chacun part de son côté, autant que le PS fasse de même. Non pas pour gagner, puisque les chances sont minces en ordre dispersé, mais pour s’affirmer. C’est le plan d’une partie des socialistes, qui n’ont jamais adhéré à la stratégie de rassemblement d’Olivier Faure. Ils font comme si les autres familles politiques ne leur laissaient pas le choix alors qu’ils voyaient depuis longtemps 2022 comme un match des gauches pour la suite. Juste avant sa sortie dans le JDD, Cambadélis expliquait à Libé : «Si les socialistes n’ont pas de partenaires, ils chercheront quelqu’un pour faire leur score aux législatives. Ce sera donc une candidature issue d’un débat interne.» Et à ce moment-là, pourquoi pas lui ?
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