Un an après

Nous avons en un an modifié notre rapport à la mort, de retour dans la vie. Nous n’avons pu accompagner nos parents, nos amis décédés. Nous avons modifié notre rapport à la maladie qui frappe partout et tout le monde ; à la consommation devenue virtuelle et essentielle ; à l’espace. Nous avons réduit nos déplacements. Aux relations sociales, nous avons intégré la distanciation sociale, les masques, les gestes barrières. Nous avons réduit notre rapport à la culture et en un mot notre liberté.

Une partie de l’économie est sous respirateur artificiel. Des centaines de milliers de Français ont basculé dans le chômage ou dans la pauvreté.
La jeunesse, particulièrement étudiante, souffre de l’assignation à résidence et beaucoup ont le choix entre la solitude et le retour chez leurs parents. L’État s’est révélé impotent ou incapable de faire face ; lits, masques, les tests, les vaccins. L’État bavard qui ne peut que parler devant les violences urbaines, pendant que la République constate atterrée et, pour tout dire, hébétée la remise en cause.

Il y a des morts depuis un an, mais tout autant une vie au point mort.

Voilà un an que cela dure et la lassitude est partout et la rancœur est palpable.
Voilà un an que la vie politique est suspendue, entrecoupée de polémiques violentes.
Voilà un an que nous nous sommes privés de débats parlementaires, mis sous le boisseau de l’urgence parlementaire.
Voilà un an que les syndicats ont été mis hors-jeux, bâillonnés par le masque de la maladie.

L’année pandémique bouscule le monde ancien. C’est le vrai basculement dans le Nouveau Monde. Et face à celui-ci, la droite semble démunie et la gauche désunie. Le pouvoir de Macron suspendu hors-sol par un principe de précaution dans l’adversité. L’extrême droite, sans dynamique, si ce n’est ses thèmes dans la société qui se sont installés : l’identité, l’insécurité, l’immigration.

Le débat politique n’a jamais, sauf peut-être pendant l’occupation, été à ce point sous le manteau. Il semble complètement hors de contrôle parcellaire sans autre objet que lui-même. 

Les politiques s’ébrouent dans une présidentielle virtuelle, alors que les Français sont confinés dans la pandémie. Chacun se positionne et avance dans un théâtre d’ombres.

Nous ne savons ni quand ni comment nous allons sortir de la pandémie. Nous ne connaissons pas l’état de notre économie et les résultats sociaux.

Et c’est ainsi que s’ouvre l’année électorale. On nous promet les années folles, une croissance vertigineuse, la joie de la vie retrouvée. Après la guerre, il y a dans l’euphorie les règlements de comptes, l’épuration, la terrible envie de tourner la page.

Qui l’emportera ? En tout cas, il faut penser à l'avenir si on veut unir et réunir et non en rester à la reproduction de la chanson de geste d’hier.

Il ne s’agira pas de dire on est là mais où on va.
Avec la claire conscience que le brouillard présidentiel se lèvera tard. Le président part en campagne tardivement, s’il part. La droite se décidera après avoir longuement scruté les sondages. Les écologistes ne veulent pas l’union ni aux régionales ni aux présidentielles ; pas plus Mélenchon qui se fait chaque jour moins candidat à une présidentielle que porte-parole des colères. Alors que les socialistes et la gauche responsable se décideront tardivement soit derrière une personnalité comme Anne Hidalgo soit ils leur faudra trancher, se rallier ou tenter.

Le temps de la décantation ne viendra pas avant début 2022.

Vu la situation et celle qui sortira de la crise, tout est possible.

Et pendant cette période, je veux être acteur : par un prêt-à-porter programmatique ce sont mes mémorandums ; par la volonté d’offrir des repères pour une République impartiale ; ce seront mes interventions sur l’UNEF, la FCPE, ou pour défendre l’observatoire de la laïcité ; traçant une route, refusant le campisme, cherchant une cohérence de principe ; et, à travers ce bloc-notes présidentiel, pour éclairer chaque semaine notre débat politique et le chemin d’une nouvelle gauche dans une nouvelle maison nécessaire au renouveau de la France.