Ça craque ... la crise de rejet prend de l'ampleur. L'opinion mobilisée, l'opinion sondée font jonction dans la protestation. Mais des signes de basse intensité s'accumulent.
Comme le tweet de Darmanin au Sénat. Ou encore les petites phrases de Le Drian, voire les interrogations à haute voix des députés. Les changements de pied de Castaner, ministre décidément bavard, d'abord paternaliste puis père fouettard pour les gilets jaunes.
Au passage, il faudra qu'il explique pourquoi, alors que Marine Le Pen appelait à manifester sur les Champs-Elysées et qu'il l'avait interdit, ceux-ci n'étaient pas bouclés? À quoi a voulu jouer Castaner ?
Installer Marine le Pen ou la piéger au prix d'une casse sur les Champs-Elysées et d'une image dégradée de la France ? Il n'a pas compris la nature populaire du mouvement et ni la tactique des partis qui ne veulent pas récupérer mais poussent les gilets jaunes à isoler le pouvoir. Et de fait, tout démontre que la majorité Macron est bousculée et le Président totalement isolé. Ce mouvement qui est né d'un ras le bol de la vie chère et de la faiblesse du pouvoir d'achat, cette protestation qui a comme moteur les smicards, les retraités, les petits et les sans-grades, cette contestation critique tout autant le fond que la forme du pouvoir macroniste,tourne au face à face entre Macron et le pays.
Mais il n'y a pas de dialogue ; ou alors un dialogue de sourds !
Macron veut s'expliquer, parler, voire proposer que les Français dialoguent entre eux alors que la contestation nécessitedes actes immédiats pour soutenir le pouvoir d'achat.
Macron ne démord pas de sa politique d'adaptation libérale. Or, la protestation réclame des résultats.
Macron connaît bien les réseaux sociaux, mais pas les mouvements sociaux.
Tout mouvement a une revendication. Il faut la satisfaire si on veut l'arrêter.
Là, on a fait une annonce avant le mouvement, via le Premier ministre. Puis on déclare:"circulez,il n'y a plus rien à voir !” Pour enfin annoncer un grand soir présidentiel mardi.
Le rôle d'un Président est d'apaiser et de rassembler pour avancer vers le progrès, mais si on veut apaiser, il faut lever la principale revendication.
Macron le peut-il ? Budgétairement, symboliquement, psychologiquement et pour tout dire politiquement ?
Le budget est contraint par manque de croissance. Jupiter, ne veut pas descendre de l'Olympe et l'image que le Président a de lui-même,ne lui permet pas de reculer.
Pourtant Mitterrand ou encore Chirac ont su reculer. Voire le "grand " de Gaulle,avec une autre assise que celle de Macron, qui recula en 1963 devant la grève des mineurs. Sans recul de Macron,c'est le pourrissement. Et comme en janvier nous aurons une giboulée de hausses, cela s’annonce très mal.
On ne peut souhaiter cela à la France.