La gauche au travail, c’est l’autre nom qu’aurait pu prendre cette convention pour une Nouvelle Société.
Jean-Christophe Cambadélis et Laurent Dutheil ont réuni une trentaine de grands témoins qui ont pris à bras le corps dans leurs métiers, dans leurs entreprises, dans leurs territoires, les défis qu’affronte notre République.
Défis sociaux, écologiques, industriels, féministes, européens etc. Bien que la gauche parte de loin, le programme de Belleville que proposait Gambetta en 1869 doit nous inspirer. Pour porter l’idéal Républicain, radicalement social et désormais forcément écologique, la gauche doit se refonder et se reformuler dans un nouvel Epinay.
Les propositions et réflexions de Nouvelle Société illustrent la volonté de Jean-Christophe Cambadélis de s’engager sur le chemin de cette refondation.

L'ensemble des interventions seront publiées prochainement sur un livret.

Laurent Dutheil, secrétaire général de « Nouvelle société », rappelle les objectifs de la Convention : apporter une contribution à la réinvention de la gauche, à sa refondation, à son union. Les adhérents de « Nouvelle société » partagent l’idée selon laquelle la défiance envers le président de la République ne suffira pas à créer un mouvement automatique de balancier en faveur de la gauche, que la gauche ne reviendra pas si elle ne construit pas une offre nouvelle qui réponde aux fractures sociale, territoriale, numérique et républicaines qui mettent la société en tension et la République en danger. Les 10 thèses de Jean-Christophe Cambadélis et les tribunes déjà publiées par nous constituent un socle de réflexions et de discussions que la Convention a vocation à enrichir et à élargir à de nouveaux thèmes. »

UNE SOCIÉTÉ DÉCENTE

La société décente a été abordée autour de 5 thématiques : une sécurité du quotidien, les libertés publiques, la laïcité comme pilier du patriotisme républicain, la santé à travers l’exemple du diabète et enfin le logement pour tous.

Patrice Bergougnoux, ancien Directeur Général de la Police Nationale, a rappelé que la gauche avait agi pour la sécurité, notamment à travers le code de déontologie, le renouveau de la police scientifique, la création du RAID, ou de la police de proximité. L’ex-DGPN constate que nous faisons actuellement face à une dégradation du rapport à la loi, à l’augmentation de la violence physique ainsi qu’à une défiance à l’égard de la police. Après avoir analysé les grandes tendances qui permettent d’expliquer l’émergence de ces défis, il liste ses propositions : obligation de créer des polices municipales, contractualisation de la relation entre polices, augmentation des moyens humains et matériels des policières, policiers et gendarmes, véritable politique de formation associée à un encadrement par des officiers nombreux, exemplaires et clairs dans leurs ordres.

L’ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté Jean Marie Delarue a jugé sévèrement ceux qui ont pour mission de protéger les libertés et qui y échouent. Il est revenu sur trois menaces qui pèsent sur les libertés : la relativisation des libertés face au bien-être, la nouvelle configuration de la privation de liberté dans la justice et enfin la rage sécuritaire qui pourrait pousser certains à utiliser le numérique comme outil de surveillance. « C’est justement parce que vous n’avez rien à vous reprocher que vous devez vous révolter d’être surveillés » a déclaré Jean Marie Delarue qui conclut son propos en nous invitant à réfléchir à l’état de l’indépendance de la presse et à avoir une vision utilitariste des libertés.

Le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène, a rappelé que par ses principes, la laïcité concourt à l’idéal républicain de fraternité, quels que soient les particularismes ou l’appartenance. Il a noté que la timidité de la gauche face à la parole xénophobe laisse les communautarismes prospérer. Les communautarismes religieux, ne se limitent pas seulement à l’islam mais également aux protestants évangélistes, dans une certaine mesure à des groupes catholiques. Nicolas Cadène nous a invité à travailler les thématiques de la mixité dans l’habitat et de la mixité à l’école. Pour terminer son intervention, le rapporteur général cite Jean Jaurès : « la République est laïque, mais elle ne saurait le rester que si elle est sociale. »

Ronan Roussel et Réginald Allouche, respectivement chef de service en endocrinologie diabétologie à l’hôpital Bichet et docteur, également auteur de « La méthode anti-diabète » ont introduit leur propos par un rappel des chiffres du diabète. En plus de concerner 5 millions de françaises et français, le coût économique de cette maladie est très important. Ils ont évoqué les mesures simples qui permettraient d’endiguer cette vague : la prévention à travers une société du care ainsi qu’une politique publique agressive contre les excès de sucre dans les produits agro-alimentaires. Ils rappellent aussi l’importance de coupler ces mesures à un suivi des patients au plus près d’eux en résorbant les déserts médicaux. Ils ont prié la gauche à faire attention aux gens, à prévoir et pas subir.

Sur la question du logement, Abraham Johnson, président du groupe Valhophis et vice-président du conseil départemental du Val de Marne, a constaté que le marché du logement est un marché qui ne s’organise pas selon les objectifs de mixité sociale et de cohésion sociale. Abraham Johnson a proposé quatre solutions. La première est de procéder à une allocation du logement hors du marché. La deuxième et de découpler logement et foncier, qui s’apparente trop souvent à une rente injustifiée. Troisièmement, il faut se permettre d’exproprier, de porter atteinte à la propriété foncière quand elle ne répond pas aux objectifs républicains. Enfin, il faut instaurer une couverture logement universelle, c’est-à-dire un droit au logement.

LES GRANDS TÉMOINS

Christian Vigouroux est l’auteur de « Du juste exercice de la force. » Il nous invite à accepter le tragique et inconciliable caractère de la liberté et de la sécurité. A travers une plongée dans les travaux de Jules Romain, Christian Vigouroux nous invite à placer la Déclaration des Droits de l’Humain et du Citoyen au-dessus de tout mais aussi à interroger l’ordre, qui doit toujours se justifier. Le haut-fonctionnaire est convaincu que l’intelligence doit garder le doute, le courage de la nuance.

L’EXPÉRIENCE DES MAIRES, LA PREUVE PAR L’EXEMPLE

Michaël Delafosse, le nouveau maire de Montpelier, nous a livré un discours fort. D’abord sur le socialisme qui ne peut selon lui être limité aux communes puisque le socialisme n’est pas municipal : il est local, national et international à la fois. Ensuite, le maire de Montpellier nous a conté sa campagne, sa posture de « candidat de la nuance, du mot juste et pas de la formule ». Il s’enorgueillit d’avoir rejeté une conception spectaculaire, violente, de la démocratie car il garde l’intime conviction que « lorsqu’on parle à l’intelligence des gens, l’intelligence répond. » Enfin, Michaël Delafosse nous a parlé de la gratuité des transports à Montpellier, une mesure qui s’inscrivait en réponse à la crise sociale et environnementale. Il est convaincu que la rapide application de cette promesse de campagne a offert une légitimité supplémentaire à son action, comme d’autres mesures telles que la territorialisation de la police municipale en réaction au harcèlement de rue qui visait les femmes.

Karim Bouamrane, le nouveau maire de Saint-Ouen, nous a raconté sa traversée du désert entre 2014 et 2020, pendant laquelle lui et son équipe ont reconstruit à partir de valeurs telles que la bienveillance, la fraternité, la compétence, la République ou encore l’amour. Tout cela a été fait en assumant le socialisme mais en l’associant aux bonnes volontés. Ensemble, ils ont bâti un projet qui visait à répondre au sentiment de désappropriation de la ville par les habitants, à la colère sourde qui venait des classes populaires. Le projet se construisait notamment sur une promesse de sécurité et de patriotisme, sur la promesse d’une ville belle et durable où le beau serait démocratique, sur la promesse d’une démocratisation de l’excellence, une valeur intrinsèquement républicaine et enfin sur la promesse de rayonnement de la ville, synonyme de progrès partagé. En conclusion, Karim Bouamrane nous a encouragé à incarner le progrès et à remettre de la morale dans ce que nous faisons.

ILS PARLENT À LA GAUCHE

Le propos de Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, nous a été rapporté par Hélène Conway-Mouret, sénatrice socialiste. Le sénateur du Nord nous a rappelé que la boussole du socialisme, c’est la consonance sociale. Une consonance qui prend d’autant plus de sens dans une crise sanitaire qui a révélé le phénomène de relégation des classes populaires sous l’effet de la politique du gouvernement. Patrick Kanner nous a poussé à réactiver une pensée sociale sur l’héritage qu’il décrit comme le premier des séparatismes. Enfin, fort de son expérience de ministre de la jeunesse, Patrick Kanner nous alerte : la République a besoin de contenu et de réalité mais elle a aussi besoin confiance dans sa jeunesse, bref, de confiance dans son avenir.

Laurent Joffrin, novice en politique puisqu’il vient de fonder Les Engagés, est inquiété de l’état de la gauche pour l’élection présidentielle de 2022. Il a estimé que « gauche de l’action et des solutions » doit se rénover et se dépasser pour renouer avec les classes populaires puis rassembler les électeurs de gauche déconcertés. Afin de changer la vie, il faut exercer des responsabilités et Laurent Joffrin a déploré les leçons assénées par la « vraie gauche. » Il rappelle que la gauche radicale ne peut pas se tromper, elle ne dirige jamais. L’ancien directeur de Libération, est convaincu que rien ne se fera dans une société injuste. Pour lui, l’émancipation du libéralisme permet de faire la justice sociale, condition de la réussite de la transition énergétique.

L’ancienne ministre du logement Emmanuelle Cosse, exhorte la gauche et les écologistes à mettre à jour le logiciel politique. Elle note que nous manquons d’une doxa sur des enjeux majeurs comme le numérique et les nouvelles formes de travail, sur la transition environnementale. Des notions trop vagues comme celle de territoires nous tiennent à l’écart des vrais enjeux comme les 8 millions de pauvres dans notre pays. Selon elle, ces nouveaux défis sont à prendre en charge par une nouvelle génération d’élus.

Aurélien Taché, ancien député LREM et désormais membre du groupe Ecologie Démocratie et Solidarité, a sévèrement jugé la conversion du Président de la République au libéral-conservatisme. Déçu, il s’est félicité des initiatives multiples lancées à gauche. Selon lui, le premier enjeu à relever par la gauche est celui de la refondation de la démocratie. Il estime que les gilets jaunes ou le mouvement des jeunes pour le climat partagent l’idée, même s’elle n’est pas dite, de « nous ne sommes pas entendus. » Il propose de réfléchir à la suppression du Premier Ministre, à l’instauration de la proportionnelle, à la suppression des grandes écoles d’administration…

LA NOUVELLE GAUCHE ET LA FRANCE

L’ancien sous-directeur du commerce international au ministère des finances, Philippe Kearney, a déploré l’accumulation des crises financières, sociales et écologiques concomitantes à l’accélération de la croissance. En effet, le PIB mondial a été multiplié par deux en 15 ans. Face à ces crises, Philippe Kearney a plaidé pour une autre politique économique inspirée des économistes dits hétérodoxes. Ces chercheurs nous invitent à poser la question de la composante de la production en revalorisant le travail, celle de la défense des services publics et du partage des gains de productivité. La transition écologique nous impose de changer complétement de paradigme, on ne pourra pas répondre à l’urgence climatique en ayant pour seule action la réduction de la consommation. Nous devons développer une écologie économique locale, nationale et internationale.

Jean Louis Fréchin et John Palacin sont respectivement designer et conseiller régional d’Occitanie. Jean Louis Fréchin s’inquiète de la polarisation du débat sur la notion de progrès qui oppose grossièrement les collapsologues aux transhumanistes. La question du progrès n’est pas une affaire de technologie mais une affaire de bien-être. Le designer a déclaré que, pour réussir, la transition écologique doit cultiver cette vision de la recherche du bien-être. Si nous souhaitons construire un programme politique pour une époque nouvelle, John Palacin nous a dit qu’il nous faudrait repenser nos outils analytiques et sémantiques comme pouvoir d’achat, productivité et salaires. A l’heure où va falloir faire plus avec moins, nous devons nous poser la question du consommer moins et interroger la valeur des choses. En somme, demandons-nous : quelle vie bonne voulons-nous partager avec le plus grand monde ?

Refonder le lien entre l’état et les collectivités :

Jean-Michel Thornary, ancien Commissaire général à l’égalité des territoires propose quatre ruptures pour une France girondine : pas de décentralisation sans autonomie propre à chaque niveau de collectivité, pas de décentralisation sans redéfinition des missions de l’administration déconcentrée dont les tâches doivent se concentrer sur le régalien, pas de décentralisation sans donner aux collectivités pleine et entière compétence dans les domaines déjà transférés mais dans lesquelles l’État reste présent, pas de décentralisation sans transfert de nouvelles compétences. Ces orientations pourraient constituer une plateforme de discussion avec les élus locaux. A la lumière de la gestion de la pandémie et alors que les collectivités sont en première ligne, il déplore que le jacobinisme continue de présider aux méthodes de l’exécutif

Le premier message de Thierry Leleu, ancien conseiller à la représentation permanente de la France auprès de l’Union Européenne, a été de considérer les affaires européennes non pas comme des affaires internationales mais bel et bien comme des affaires intérieures. Face aux puissances étatsuniennes et chinoises, l’UE est le chemin le plus crédible pour peser et être souverain. Pour le haut-fonctionnaire, si l’engagement européen du chef de l’Etat n’est plus à démontrer, les seules réussites que l’on dénombre sont le plan de relance avec l’endettement mutualisé et l’avancée sur l’initiative européenne de défense. En conclusion, Thierry Leleu nous a averti sur l’impensé républicain pour nos amis européens qui sont des démocrates. Si la démocratie peut s’accommoder du communautarisme ou des inégalités sociales, ce n’est pas notre conception de la République.

« Michel Reynaud, producteur de séries télé et metteur en scène et Jean-Philippe Daguerre, auteur, comédien et metteur en scène appellent à la réconciliation de la Culture et de la gauche et regrettent que le sentiment domine que la Culture a cessé depuis vingt ans d’être un projet politique incarné par une personnalité et une parole forte. Ils jugent sévèrement la gauche qui a délégué la définition de la politique culturelle aux collectivités dont les initiatives, aussi remarquables soient-elles, ne peuvent se substituer à l’État. Comme première piste de réflexion, ils avancent celle de redonner une place centrale à l’éducation populaire qui pourrait être un ciment pour une « Nouvelle société. »

« ET MAINTENANT ? »

En conclusion de la convention du réseau Nouvelle Société, son président, Jean-Christophe Cambadélis, nous a livré un grand discours sur l’idéal républicain, un idéal fraternel et social.

En premier lieu, Jean-Christophe Cambadélis a brossé le portrait d’une crise française comme crise d’une République au fonctionnement jacobin obsolète. L’Etat est décrit comme impotent, impécunieux, impuissant face aux défis de la France. Devant la désagrégation de la France, une fracture coupe la France en deux. Pauvreté et relégation, exclus, chômeurs, prolétariat sont une réalité de notre société. Constatant la montée de ce qui plaît pour les France irréconciliables : antiracisme raciste, antisémitisme ou encore xénophobie, l’ancien député de Paris professe : nous allons au choc et l’enjeu c’est la République.

Ensuite, Jean-Christophe Cambadélis rappelle qu’en 1869, au carrefour de la rue de Belleville dans laquelle nous nous trouvions, Gambetta endossait le programme de Belleville qui sera radical puis socialiste. Il balisait alors avec ses réformes le chemin d’une République sociale. Les propositions faites lors de cette convention pour une nouvelle société constituent ainsi l’ébauche d’un nouveau programme de Belleville.

S’inscrivant dans les pas de Gambetta, le président de Nouvelle Société propose de fonder un courant politique, fort de nuance et de réflexion intellectuelle. Un courant pour une République moderne et intransigeante est seul à même de sauver la France qui fait face à des défis sociaux, écologiques, industriels, féministes, européens…  

Ainsi, pour Jean-Christophe Cambadélis, la gauche doit ordonner question sociale et question écologique. C’est pour cela que le réseau Nouvelle Société va travailler au renouveau républicain. C’est-à-dire travailler, avec les Français, à un mémorandum pour la République. La gauche doit se doter d’un nouveau dessein, d’un nouveau logiciel. Proposons maintenant Nouvelle Société, un nouveau progressisme qui cherche le bien être humain et décent. La gauche doit se refonder, se reformuler pour monter à nouveau sur le ring. L’enjeu c’est de bâtir une majorité Républicaine écologique, sociale et populaire. La pierre angulaire de ce rassemblement ne peut être l’une ou l’autre. Elle doit être globale.

 

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