La société décente fait de la question sociale, écologique et démocratique une seule et même question. Un même et seul projet de société avec comme but : plus de démocratie, plus de justice, plus de transition écologique, plus de sobriété.

Elle fait du pacte pour l’intégration sociale de tous, du bien-vivre de chacun, le but de la société. L’exclusion, la relégation, la pauvreté sont inacceptables. Ces plaies sont surmontables. Une société où les « sans » sont légions n’est pas une société. Les inégalités, la pauvreté, l’exclusion n’est pas naturelle. Il n’y a pas de nouvelle société sans se fixer l’objectif de réduire à néant ce précariat indécent. La question n’est pas qu’il y ait moins de riches mais moins de pauvres.

Cette nouvelle société tend au vivre dignement selon ses moyens en mutualisant autant que possible les biens. Elle n’est plus seulement l’émancipation de l’individu à l’arraisonnement de la naissance, à l’emprise des dominations. Elle n’est plus seulement un progrès dont la technique est l’assise. Mais une société où le bien humain est la mesure de toute chose.

La société décente est la société où l’humain est respecté dans tous les aspects de sa dignité. Une société où le maître étalon de la réussite ne saurait être l’enrichissement, le profit ou l’argent, mais le don de soi, la bienveillance envers les autres. Où l’action solidaire au profit de tous plutôt que l’action individuelle pour le profit est la première des valeurs.

Le drame sanitaire du Covid-19 au printemps 2020 a conduit à modifier le regard sur des personnes dont on tenait pour acquis qu’elles étaient là pour servir et dont la fonction apparaît aujourd’hui comme centrale dans le fonctionnement de notre société. Les premiers de tranchée contre la maladie ont symboliquement pris la place des premiers de cordées. Les applaudissements planétaires chaque soir ont démontré qu’une autre hiérarchie des valeurs était possible.

La société décente fait de l’amélioration de la sécurité quotidienne la base d’une société sûre où chacun maîtrise sa vie tout au long de la vie. Elle fait de l’extension des droits son moteur et du respect des devoirs civiques son viatique.

Les droits d’abord :

Les droits dans l’emploi avec la sécurisation des parcours professionnels ; le travail pour vivre et non vivre pour le travail. Le travail n’est une valeur centrale qu’à cette seule condition : un revenu minimum vital pour les familles qui en ont besoin ; un éventail raisonnable des salariés. Mais aussi le droit à l’éducation et la formation tout au long de la vie ; un droit à la santé avec la défense du libre accès à son bilan de santé et de soins ; dans la culture, les loisirs, le sport avec le droit au temps libre pour chacun ; dans le logement avec une politique du logement digne et abordable ; et dans l’alimentation avec des produits sains, des circuits courts et une agroécologie accessible au plus grand nombre.

Mais l’un des premiers droits est la libre association au service de tous : aux côtés des fonctions régaliennes de l’État, des fonctions représentatives démocratiques ou syndicales. Le mouvement associatif est la manifestation d’une société engagée pour les autres, de la solidarité en acte, du lien social au plus proche des citoyens.

Les devoirs ensuite :

La société décente n’est pas réductible à un libre marché, au droit à la consommation. Le vivre ensemble la constitue et la communauté de destin l’administre. Le respect des règles communes, du droit, des êtres vivants, de la biodiversité, de l’autre être humain est sa morale. La solidarité envers les plus faibles, la préservation des libertés individuelles et de la liberté de conscience sont d’imprescriptibles devoirs.

La société décente est un combat permanent car l’idéal d’une société sûre ne peut être qu’une tension permanente dans le monde capitaliste régi par l’économie de marché, sachant que le marché ne fait pas société.

La société décente est la société sûre et du bienvivre. Son aboutissement marque la fin du néo-capitalisme libéral.