La crise économique, ses faillites, son chômage qui explose exigent l’urgence. Mais l’urgence ne doit pas être contradictoire à l’essence. Il faut mettre un frein à l’extension du domaine marchand sur toute la société, préserver les services essentiels à une nation dont les critères doivent procéder d’abord de l’intérêt général.
Pour la droite libérale, la dépense publique est une servitude qui entrave le marché. Nous pensons qu’il ne peut y avoir de libre marché sans les services essentiels qui les équilibrent.
La santé, le social, l’éducation sont un bloc essentiel au vivre ensemble dans une société décente.
La santé d’abord ! On jura, un peu tard, que la santé ne serait plus le parent pauvre des services publics. La santé n’est pas un coût mais un investissement : rompre avec les politiques qui ont fait de la santé la valeur d’ajustement de l’austérité ; rompre avec des politiques drastiques de lutte contre les déficits et de quête ubuesque des 3% de déficit.
La santé se doit d’anticiper les drames sanitaires à venir :
Au premier chef, la surveillance de nouvelles pandémies et le traitement des maladies chroniques. Il en est une qui, selon l’OMS, est pratiquement hors de contrôle et qui ne cesse de s’étendre chez les plus pauvres : le diabète. Mais le cancer, le Sida, les maladies cardiovasculaires ou l’Alzheimer sont à l’ordre du jour de l’humanité. Sans tomber dans le précautionnisme et l’hygiénisme qui sont aussi des antihumanismes. Il faut refaire de la santé le service essentiel de la nation.
L’État social est ce qui distingue les sociétés sociales des sociétés libérales.
Depuis les années 70 et le consensus de Washington, l’État social, né en Europe entre la Grande Bretagne, l’Allemagne et la France, est remis en cause. Il est identifié comme un obstacle à la compétitivité, un poids budgétaire excessif, un frein au libre marché. La privatisation de ce pan de la solidarité est en même temps un objectif du même marché. La Sécurité sociale, l’allocation chômage et la retraite sont constitutives du pacte social. Ce contrat social qui doit être bien géré et cogéré par les syndicats mais protégé des normes du marché. Les services essentiels échappent à la rentabilité. Ils appartiennent à la cohésion de la nation et doivent être mis sous la protection de la nation. Ce contrat social doit être réaffirmé. Il doit s’enrichir d’un fonds national pour aider les locataires dans la difficulté, et d’un revenu minimum pour les familles frappées par la pauvreté. La lutte contre les trois relégations, le seuil de pauvreté, l’illettrisme et l’exclusion numérique sont parties prenantes du nouveau contrat social. Pendant que la sécurité professionnelle et la formation deviennent le sac à dos social de chaque citoyen tout au long de la vie. Le contrat social est donc le second service essentiel.
Le troisième pilier des services essentiels réside dans l’Éducation nationale et la culture.
Il faut défendre l’éducation et la culture comme civilisation. L’apprentissage et la culture sont indissociables de la citoyenneté. Et il n’y a pas de société mobilisée moralement et économiquement sans un haut niveau de culture.
Le but de l’éducation doit être la formation d’individus, libres citoyens et polyvalents pour aborder la vie. La formation professionnelle doit être le nouvel horizon de l’éducation. Dans la compétition mondiale, la haute qualification est un atout majeur.
La formation à l’écologie et aux nouvelles technologies doit trouver sa place comme nouvelle morale et pratique de la société.
Premier budget, premier sujet, premier projet, l’éducation et la culture tout au long de la vie sont la marque et la trace de la civilisation.
Quant aux services publics, indispensables au service du public, ils doivent évoluer sous l’impact du numérique mais ils restent essentiels au vivre ensemble. Ils coûtent chers en période de croissance. Ils nous protègent chèrement en période de crise. Ils assurent l’égalité des citoyens par tous les temps.
La sanctuarisation des services essentiels et la protection des services publics sont une des références de la société décente.