Le marché mondial s’est unifié après la chute de l’Empire soviétique, après la conversion de la Chine à l’économie de marché et la non-convertibilité du dollar en or par Nixon. La décolonisation ayant fait son œuvre, les pays émergents cherchent aussi à s’insérer dans le marché mondial en utilisant la faiblesse de leurs coûts salariaux.

La globalisation est une réalité géopolitique, sans être pour autant, un marché unique avec des règles communes édictées par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Le marché, les échanges et le commerce sont devenus avec la nouvelle économie numérique les enjeux stratégiques des temps modernes. 

Le monde occidental qui dirigeait le monde depuis le XIVème siècle n’est plus en capacité de le faire. La mondialisation économique a induit la relativisation de la puissance étatique. 

La démondialisation n’est l’intérêt de personne alors que la relocalisation (de la santé par exemple) et le juste échange est celui de tout le monde. 

Le juste échange induit des normes sociales et environnementales limitant le dumping dans les échanges. L’Europe est l’espace critique pour le faire et la France doit le promouvoir. L’Europe doit trouver le chemin de la puissance dans le monde en inventant un protectionnisme européen fait de normes sociales et écologiques basées sur le juste échange.

Plus le monde s’unifie par le bas pour le libre marché, moins il est politiquement unifié. 

Le monde est passé, en moins d’une génération, du duopole équilibré par la terreur nucléaire entre les États-Unis et l’URSS à l’hyperpuissance américaine, puis, après le 11 septembre 2001 et le fiasco irakien, à un monde apolaire. Cette situation est transitoire. Un nouveau duopole est en gestation entre la Chine et les États-Unis.

L’enjeu de la future confrontation est la révolution de l’immatériel, la maîtrise technologique et du commerce qu’il induit. 

La Chine, qui rumine en secret l’humiliation du traité de Nankin et le Sac du Palais d’été au début du siècle dernier, vient de sortir de sa muraille. Sa nouvelle stratégie de la route de la soie est un changement majeur. Ce n’est plus l’Occident qui vient à la Chine mais la Chine qui vient à l’Occident. Il ne s’agit pas seulement d’assurer son rayonnement mais d’affirmer son modèle. 

Les États-Unis ont vu leur hyperpuissance, le produit de leur victoire dans la guerre froide, sombrer dans les sables irakiens. Intervenant pour des raisons largement idéologiques, les États-Unis ont provoqué, en retour, un terrorisme islamique fanatique. Ce dernier s’est arrogé un prétendu État menaçant de nombreux pays et provoquant des attentats. Les États-Unis, tirant les leçons des années Bush et de la découverte du pétrole de schiste dans leur sol, suivent un cours protectionniste déjà commencé sous Barak Obama, se repliant en plus ou moins bon ordre de toutes les institutions internationales. Les États-Unis ne souhaitent ni être les gendarmes du monde, ni que la Chine, l’Europe ou, dans une moindre mesure, la Russie ne s’impose. 

Comme la Chine, la puissance américaine est au service de son commerce et de la conquête des nouvelles technologies. 

Nul ne peut dire où conduira cette guerre immatérielle. Mais la France et l’Europe devraient en être des non-alignés avec les moyens de l’être. Pouvoir maîtriser cette indépendance technologique est devenue stratégique. 

La récession mondiale, le retard dans la lutte climatique vont combiner des migrations économiques et climatiques. La question démographique et la gestion des flux de l’humanité vont peser sur les systèmes nationaux.  Là encore, il nous faut penser une nouvelle donne. Il est nécessaire de retourner la formule de Michel Rocard : « la France n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde. Mais elle doit accueillir sa juste part ». Il nous faut dire : « La France doit accueillir sa juste part de l’immigration mais elle n’a pas vocation d’accueillir toute l’immigration du monde ». Et, au-delà de l’immigration ponctuelle pour les travaux agricoles ou l’accueil des étudiants étrangers, Ô combien stratégique pour la France, l’immigration ne peut être traitée qu’au niveau européen (Avec une stratégie de quotas, d’écluses européennes et d’un traitement à la racine permettant la sédentarité).

 Si, comme tout l’indique, nous allons connaître une vague nationale de populisme, faisant de la protection de l’identité le cœur de la protestation anti-élite, alors, il faut affronter les racines de la crise économique et celle des migrations pour assécher le ressentiment et traiter les problèmes.